- English
- Français
"Ce sont des moments auxquels on a du mal à s'habituer", à chaque fois que l'on dévoile leurs portraits, "mais c'est très important", a déclaré Antoine de Gaudemar, directeur de la rédaction de Libération.
Alors que Serge July, directeur du quotidien, est rentré le même jour de Bagdad, M. de Gaudemar a indiqué à la presse que "malheureusement, nous n'avons pas de nouvelles particulières" et a souligné qu' « il faut être extrêmement prudent dans ce genre d'affaire".
Il a rappelé que "la seule bonne nouvelle et le seul élément tangible au cours de ces deux derniers mois est la cassette vidéo qui nous a montré qu'elle était en vie". Il s'est dit "prudent, réservé mais confiant".
Pour Roger Cukierman, président du CRIF, " il n’y a aucune tolérance possible au nom de quelque cause que cela soit lorsque la violence s’exprime contre des personnes qui travaillent pour que les valeurs de la démocratie puissent triompher ".
"Dans ce moment de grande émotion, nous avons voulu réaffirmer notre vocation d'ouverture sur la cité et notre solidarité avec tous les journalistes victimes du fanatisme et du terrorisme", a dit pour sa part Rafi Marciano, directeur du Centre.
"Le pire pour tous les otages serait l'indifférence", a lancé Moïse Cohen, président du Consistoire israélite de Paris.
Intervention de Roger Cukierman, Président du CRIF
Cérémonie de soutien à Florence Aubenas et Hussein Hanoun al-Saadi
Centre Communautaire de Paris
Mardi 15 mars 2005
Chers amis rassemblés ici ce soir,
La cause qui nous réunit aujourd’hui et qui hante les esprits depuis le cinq janvier dernier, c’est le sort terrible qui est devenu celui de Florence Aubenas et de son guide Hussein Hanoun al-Saadi enlevés en Irak, comme beaucoup de leurs confrères par des groupes sans foi ni loi.
Notre démarche est celle d’affirmer fortement et symboliquement notre solidarité et notre mobilisation pour leur libération.
Nous n’avons pas tardé à manifester, dès le mois de janvier, notre soutien à Serge July et à l’ensemble de la rédaction de Libération. Nous avions livré nos sentiments d’émotion et notre horreur devant ce nouvel enlèvement, alors que deux otages français et d’autres, italiens, revenaient tout juste de cet enfer pour en témoigner.
Florence Aubenas savait quel prix très lourd elle aurait peut-être à payer pour continuer à faire son métier de journaliste en Irak alors que nombre de ses collègues ont été enlevés et certains épouvantablement assassinés. Il lui aura fallu un extraordinaire courage et une grande passion professionnelle.
La liberté de la presse est un enjeu majeur de notre monde.
L’appel conjoint lancé par les directeurs des rédactions d'agences, de la presse écrite et de l'audiovisuel français en solidarité avec Florence Aubenas proclame « Il n'y a pas de liberté sans la liberté d'informer partout et en tous lieux. ». «Cette liberté des journalistes de télévision, de radio, de presse écrite et des photographes est un droit fondamental. Elle doit être défendue par tous, à commencer par les autorités et les mouvements politiques dans chaque pays».
Nous nous associons aux termes de cette déclaration. La liberté de l’information est une nécessité vitale pour chacun d’entre nous. Nous savons le cortège de violence, de misère, de dictature et de régression que la censure de la presse accompagne.
Il faut que notre mobilisation retentisse haut et fort. La France est remarquablement unie dans un long effort qui se concrétise chaque jour dans l’organisation de manifestations de soutien, de concerts, de réunions.
Le week-end dernier, 1000 fanfares ont joué à travers tout notre pays pour soutenir les deux otages.
Des dizaines de milliers d’internautes leur ont témoigné leur soutien.
L’Italie, dont des ressortissants ont aussi été victimes de rapt, s’est toujours déclarée solidaire de Florence Aubenas et de son guide.
A Skhirat, au Maroc, lors de ses assises nationales, la presse marocaine leur a également apporté son soutien.
A Genève, à l’occasion de l’ouverture des travaux de la Commission des Droits de l’Homme des Nations-Unies, une soirée-débat s’est tenue hier.
C’est une mobilisation formidable qui s’est mise en place pour obtenir la libération de Florence Aubenas et de Hussein Hanoun al-Saadi, à la fois en France mais aussi dans le monde.
Il faut que tous, nous soyons unanimes sur ce point. Il n’y a aucune tolérance possible au nom de quelque cause que cela soit lorsque la violence s’exprime contre des personnes qui travaillent pour que les valeurs de la démocratie puissent triompher.
Les ravisseurs l’ont plusieurs fois montré. Ce ne sont que des terroristes doublés d’opportunistes avides et cupides pour lesquels toutes les prétendues revendications politiques sont bonnes à faire régner la terreur.
Les valeurs du monde éclairé sont indivisibles et les motifs du terrorisme le sont tout autant. Il n’y a pas de bons ou de mauvais otages, il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises raisons au terrorisme.
Cher amis,
Il se peut que certains échos de notre mobilisation parviennent jusqu’à Florence Aubenas et Hussein Hanoun al-Saadi. C’est ce que nous espérons du fond de notre cœur. Nos efforts n’auront ainsi pas été vains si, dans l’attente de leur libération, nous pouvons aussi leur faire entendre que nous ne faiblissons pas et que nous ne les oublions pas. J’espère avec vous tous que les démarches auxquelles se livre notre gouvernement pour le faire libérer porteront leur fruit et là, nous pourrons nous dire, modestement, que nous avons tous gagné.