Le CRIF en action
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Publié le 9 Janvier 2003

Lorsque Paris VI se couvre de honte…

Nous fûmes révoltés lorsque nous apprîmes qu’un obscur conseil d’administration de l’université de Pierre et Marie Curie (Paris VI) avait adopté le 16 décembre 2002 une motion qui demandait le non renouvellement de l'accord d'association entre l'Union européenne et les universités israéliennes. Initialement, cette motion ne figurait pas à l’ordre du jour. Elle fut débattue en catimini et en fin de séance, alors que 27 membres du conseil d’administration furent absents.



Nous fûmes étonnés lorsque nous apprîmes que les membres du conseil d’administration se souciaient du seul conflit israélo-palestinien. De toute évidence, les bonnes âmes ne surent se mobiliser lorsque la Russie bombardait et continue toujours de bombarder pourtant allégrement les Tchétchènes ; lorsque la Chine déracinait et occupe les Tibétains ; lorsque des millions d’animistes et Chrétiens furent massacrés par le régime sanguinaire et islamiste de Khartoum ; lorsque par centaines de milliers, les victimes rwandaises et cambodgiennes furent martyrisées et sacrifiées ; lorsqu’en Algérie, plus de 200.000 personnes ont été les victimes d’une guerre civile des plus cruelles…

Nous fûmes scandalisés lorsque nous comprîmes que nous avions à faire à des militants déterminés de la gauche extrême, aveuglés comme ils peuvent l’être par leur seule passion anti-israélienne. N’est-ce pas alors le triomphe posthume de la pensée stalinienne la plus archaïque ? Cette motion est à n’en point douter un indicateur de l'affaissement du débat politique en France aujourd'hui, dont la dernière passion idéologique demeure dans nos universités cette inquiétante obsession anti-israélienne ou antisioniste.

Nous fûmes éberlués lorsque nous constatâmes que la motion punirait une communauté humaine, essentiellement israélienne. Cette communauté est identifiée sans discernement, communautairement et globalement, alors qu’elle contribue pourtant au devenir et au bien être de l’humanité ; alors que des savants de renom oeuvrent; alors que des scientifiques concourent à améliorer la science ou la médecine. Pour le conseil d’administration de Paris VI, tous les Israéliens, sans distinction, sont coupables. Cette mise en quarantaine rappelle les heures les plus abjectes de notre histoire.

Nous fûmes écœurés lorsque nous nous rendîmes compte que ce furent les scientifiques israéliens qui seraient frappés, alors que nombre d’entre eux ont été de tous les dialogues israélo-palestiniens et ont résolument oeuvré pour une résolution pacifique du conflit.

Nous fûmes inquiets lorsque nous comprîmes qu’en fin de compte les Juifs doivent supporter tant de vilenies, ce terrorisme intellectuel et l’esprit de Durban sur Seine.

Pourtant, nous avons encore quelques raisons d’espérer et de nous battre, car nous apprenons que la motion de boycott qui devait être examinée le 7 janvier 2003 par le conseil d’administration de Paris VII a finalement été déclarée illégale par le président de l’université et transformée en un texte, adopté par 34 voix sur 41, qui soutient au contraire le développement de la coopération internationale entre les universités. Nous apprenons également que l’association regroupant les présidents des 17 universités d’Ile-de-France a adopté le mardi 7 janvier 2003 une motion préconisant le renforcement de la coopération avec les universitaires israéliens et palestiniens.

Nous ne nous laisserons donc pas intimider.

Nous réitérons que les éducateurs sont les garants de dialogues passés, présents et à venir ; que le savoir ne se marchande pas et ne connaît pas de frontières ; que les savants et académiciens contribuent au devenir de l’humanité. C’est dans cet esprit que nous oeuvrerons et que nous résisterons à l’obscurantisme.

Marc Knobel