Monsieur le Président du CRIF de Bordeaux, cher Docteur ROCHE,
Monsieur le Ministre, cher Xavier DARCOS,
Mesdames et Messieurs les parlementaires,
Monsieur le Président du Conseil Régional,
Monsieur le Président du Conseil Général,
Mesdames et Messieurs les élus,
Monsieur le Préfet,
Monsieur le Premier Président de la Cour d’appel de Bordeaux,
Monsieur le Procureur Général,
Eminence,
Monsieur le Président du CRIF, cher Docteur PRASQUIER,
Monsieur le Grand Rabbin,
Mesdames et Messieurs,
Je tiens à vous remercier pour votre invitation et votre accueil chaleureux.
Ma présence parmi vous ce soir est l’occasion de réaffirmer la place de la communauté juive au sein de notre Nation, son rôle essentiel dans la construction de la République, sa contribution constante à la défense de la France, son apport précieux aux valeurs humanistes que nous avons en partage.
Mesdames et Messieurs,
Notre pacte social se fonde sur certains principes essentiels.
- La cohésion de notre pays repose sur la tolérance, le respect, l’ouverture aux autres, l’envie de partager un destin commun.
- La volonté de vivre ensemble se nourrit du respect des confessions, des valeurs et des croyances des Français.
Parce que l’unité nationale présuppose le respect de l’autre et que la République reconnaît le libre exercice de sa religion, la Nation rejette l’antisémitisme.
L’antisémitisme est contraire aux valeurs de la France.
Il est indigne de l’héritage humaniste de la Patrie des droits de l’homme et du citoyen.
Il est une offense à la République qui accueille en son sein les Français de toute confession et de toute philosophie, sans jamais leur demander de renoncer à leurs convictions.
Tout acte antisémite est une insulte à nos valeurs, une atteinte à notre pays.
Parce que l’antisémitisme est l’ennemi de l’unité nationale,
Parce qu’il incarne une haine et un mépris de l’autre que nous devons combattre de toutes nos forces,
Parce qu’il resurgit là où on ne l’attend pas, là où on ne l’attend plus,
La mémoire est la condition première de la vigilance.
Je veux rendre hommage aux déportés encore vivants et à leurs familles. Leur voix résonne dans la conscience de chaque citoyen français.
Mes pensées vont aussi aux Justes de France. Ils ont fait honneur à la Nation.
Je salue à cet égard le travail du CRIF Bordeaux, qui a permis de rassembler des témoignages sur plus de 225 Justes des Nations en Aquitaine, reconnus par l’institut Yad Vashem en Israël.
Mesdames et Messieurs,
La lutte contre l’antisémitisme demeure plus que jamais une priorité du Gouvernement.
Elle s’inscrit dans le cadre de relations fortes entre l’Etat et la communauté juive .
Elle se traduit par une mobilisation totale de l’institution judiciaire contre les actes antisémites .
La qualité des relations entre l’Etat et la communauté juive, essentielle à la cohésion de notre société, mérite d’être soulignée.
La France sait ce qu’elle doit à la communauté juive.
- Les Français de confession juive ont contribué à écrire l’histoire de France.
Ils en ont connu les joies. Ils en ont traversé les épreuves.
De tout temps, dans les heures de peine comme dans les heures de gloire, ils ont montré leur attachement à la Nation française.
Leur patriotisme et leur civisme ont toujours fait honneur à notre pays. Leurs combats et leurs sacrifices sont dans toutes nos mémoires.
Aujourd’hui, la communauté juive de France est la 3e du monde.
Les Juifs de France contribuent au rayonnement de notre pays, dans les domaines culturels, économiques, industriels.
La vitalité de la communauté juive est une source de dynamisme pour notre société et un atout pour l’image la France dans le monde.
Hier Ministre des cultes, aujourd’hui garde des Sceaux, je mesure l’importance des relations entre la puissance publique et les instances représentatives de la communauté.
Le Conseil représentatif des institutions juives de France est un interlocuteur essentiel de l’Etat.
Il exerce une mission constructive de représentation et de sensibilisation, dans le respect des institutions et dans un esprit d’intérêt général.
Je tiens à le saluer, Monsieur le Président.
Je me félicite de la qualité de nos relations, marquées par l’amitié et la confiance mutuelles.
Je n’oublie pas l’action indispensable des institutions religieuses, en particulier le grand rabbinat et le Consistoire de France.
Nous avons eu l’occasion de travailler ensemble à maintes reprises.
Leurs représentants savent l’attachement que je porte à leur engagement et à leurs préoccupations.
Mesdames et Messieurs,
Nous partageons le constat : des actes, trop d’actes antisémites ont défrayé la chronique ces derniers mois.
La société française n’est pas devenue subitement antisémite.
Le nombre d’actes antisémites a baissé continûment depuis 2002.
Soyons lucides, la situation géopolitique au Proche-Orient n’a pas été sans conséquence sur les tensions au sein de notre société.
- Je pense aux tensions qui ont accompagné l’opération « Plomb durci ».
- Vous évoquez aussi les menaces que fait peser le régime iranien sur la paix mondiale. C’est une préoccupation pour chacun. C’est une crainte plus grave encore pour Israël.
Je rappellerai, comme l’a fait le Premier Ministre François Fillon, l’attachement de la France à la sécurité d’Israël et à la reconnaissance de sa légitimité.
La France n’acceptera pas que l’Iran se dote de l’arme nucléaire.
Les tensions internationales peuvent être le prétexte d’actes et de comportements antisémites. Elles ne les justifieront jamais.
Je vous le dis avec la plus grande solennité : la Justice réagira sans faiblesse contre tout acte de nature antisémite.
La sanction de tout acte antisémite est l’une des exigences de ma politique pénale.
Aucun acte antisémite ne restera sans réponse.
La circulaire de politique pénale envoyée en novembre dernier à tous les procureurs généraux est sans ambiguïté.
Je demande que tout auteur d’actes antisémites soit poursuivi et fasse l’objet de réponses pénales systématiques et adaptées.
Aujourd’hui, le taux de réponse pénale s’élève à plus de 85%.
Je veux aller plus loin.
Aller plus loin, c’est d’abord améliorer la prévention.
- En amont, il faut renforcer le dialogue entre l’institution judiciaire et la communauté juive.
J’ai demandé aux procureurs généraux et aux procureurs de la République de mieux communiquer au plan local, avec les institutions représentatives de la communauté juive.
Je souhaite que l’intervention de la justice, la nature des réponses pénales et la fermeté de la répression fassent l’objet d’un dialogue constructif.
Les procureurs vous tiendront informés des actions menées.
Les instances représentatives pourront faire remonter leurs préoccupations et leur analyse des situations locales.
En aval, je souhaite que les procès puissent jouer un rôle pédagogique.
Le procès FOFANA a montré que les règles de publicité devant la cour d’assises des mineurs devaient êtes assouplies.
Je sais que le CRIF s’est beaucoup engagé sur ce point.
La proposition de loi adaptant les règles de publicité devant la cour d’assises des mineurs a été adoptée cette semaine. Elle viendra prochainement devant le Sénat.
Je veux cibler l’action de la justice sur la lutte contre les discriminations.
Je n’accepte pas que des personnes, responsables associatifs, politiques ou simples citoyens, appellent au boycott de produits au motif qu’ils sont kasher ou qu’ils proviennent d’Israël.
Je souhaite que le parquet fasse preuve de davantage de sévérité à ce sujet.
J’ai donc adressé une circulaire aux parquets généraux, leur demandant d’identifier et de signaler tous les actes de provocation à la discrimination.
J’entends que tous les auteurs d’actes soient poursuivis dès qu’ils auront été identifiés et notamment quand les appels auront été faits sur Internet.
A cet égard, je salue la détermination du parquet dans l’affaire de l’individu qui avait appelé au boycott de produits israéliens par voie d’affichettes dans un centre commercial de Mérignac.
Ses réquisitions ont été suivies dans la condamnation prononcée par le tribunal correctionnel de Bordeaux le 10 février dernier.
L’action du parquet de Bordeaux illustre ma détermination dans la lutte contre l’antisémitisme.
Mesdames et Messieurs,
Tout sera fait pour que les Juifs de France se sentent en sécurité dans leur pays.
Tout sera fait pour que la communauté juive puisse se retrouver autour de ses traditions et de ses rites, au sein de la communauté nationale.
Tout sera fait, Mesdames et Messieurs, pour que les Juifs de France soient fiers d’appartenir à une Nation généreuse, ouverte, respectueuse des différences.
Fiers de nourrir l’identité de la France, pour qu’elle garde son message universel.
Fiers de participer à une vaste communauté de destin, cimentée par les valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité.
Fiers de vivre en France. Fiers de faire vivre la France.
Je vous remercie.
Photo : D.R.