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Publié le 8 Février 2011

Noam Shalit : «1688 jours sans mon fils»

« C'est l'espoir qui me fait vivre. Qu'est-ce que vous croyez ? Je n'ai pas d'autre choix que de garder espoir ». Noam Shalit n'aime pas trop sourire. Depuis 1 688 jours, il en a perdu le goût. Le 25 juin 2006, son fils Gilad, de nationalité franco-israélienne, est enlevé par un commando palestinien lors de l'attaque d'un poste militaire près de Kerem Shalom, juste à côté de la bande de Gaza.




Depuis 1 688 jours, Gilad est détenu quelque part à Gaza par les militants du Hamas. « C'est un militaire israélien, c'est donc un prisonnier de guerre », disent ses geôliers qui, en échange, exigent la libération de mille des leurs.



« Mon fils est un otage », répond Noam, « il est privé des droits élémentaires, même la Croix-Rouge ne peut pas le rencontrer ». La dernière preuve de vie, filmée et expédiée par le Hamas date de septembre 2009. Gilad paraît « en bonne santé ».



Mais, depuis, c'est le noir. Alors, il y a sept mois, la famille a fait quelques bagages et quitté sa maison de Mitzpe Hila, au nord d'Israël, et, à pied, avec des voisins, elle s'est rendue jusqu'à Jérusalem. Depuis, elle campe devant la résidence de Benyamin Netanyahou, le premier ministre. Elle n'en partira pas.



« Chez vous l'opinion est pro-palestinienne »



Sur le trottoir, elle a installé deux tentes, des bâches tenues par des montants en bois. Et, sous la tente, c'est un défilé de simples gens solidaires et de ministres en visite. Accrochés aux grilles, des banderoles, des dessins, des signatures. On y vend même des tee-shirts avec le visage de Gilad.



Face à la maison de Netanyahou, un panneau, en chiffres énormes comptabilise le nombre de jours : hier, c'était 1688. À côté, un portrait de Gilad… A Jérusalem, désormais, tout le monde connaît la « Shalit tent ». « On tient au nom de notre fils, et de tous ces gens qui nous réconfortent. Mais c'est chaque jour un peu plus dur. Il faut pousser, toujours pousser ». Des femmes descendent d'un bus, elles vont le relayer devant une table, proposent de signer une pétition, une liste déjà interminable, et vendent les tee-shirts.



« Mon fils est français, mais je n'espère pas vraiment beaucoup de la France, parce que, chez vous, l'opinion est pro-palestinienne, et on ne le prend pas pour un otage », dit le père de Gilad…



Noam enfonce ses poings dans son blouson. « Je sais qu'on ne peut pas libérer les mille prisonniers palestiniens que réclame le Hamas, parce que, parmi eux, certains ont du sang sur leurs mains ». Il montre un café, juste à vingt mètres de là. C'est le « Café Moment ». En 2002, il y a eu un attentat, dix-huit morts. « Ces gens-là détiennent Gilad », dit-il…



Photo (Noam Shalit) : D.R.



Source : ladepeche.fr