L’ambassadeur d’Israël en France, Yossi Gal a salué « l’immense courage » des combattants juifs « qui nous ont tous inspirés ».Mais il a déploré que l’antisémitisme n’a pas disparu et que certains nient l’existence de la Shoah.
L’ambassadeur de Pologne Tomasz Orlowski a souligné que le 68ème anniversaire de la révolte du ghetto de Varsovie réveille des sentiments d’horreur face au plus grand des crimes .Le diplomate n’a pas esquivé le « travail de mémoire douloureux »auquel est confronté son peuple, posant la question : « Quels voisins avons-nous été lorsqu’on a conduit les juifs à la mort ? ».Il a rappelé qu’en 2008, en présence du président de l’Etat d’Israël Shimon Peres et du dernier survivant de la révolte Marek Edelman décédé depuis, le président polonais Lech Kaczinski disparu dans un accident d’avion en 2010, s’était incliné au nom de la Pologne devant les résistants.
François Zimeray, ambassadeur de France pour les droits de l’homme, a insisté : « La négation de la Shoah n’est pas le monopole des négationnistes ».Il a dénoncé la perte de sens des mots : camps de concentration, rafle, ghetto...
Reprenant les termes de l’ambassadeur polonais, François Zimeray s’est interrogé : « Quels voisins de ceux qui souffrent, sommes-nous aujourd’hui ? ».Le diplomate français a reconnu que « nous entrons dans une période difficile avec cette obsession de transmettre cette connaissance, cette leçon de résistance et de lucidité ».François Zimeray a appelé à tirer « tous les enseignements » de la révolte du ghetto de Varsovie, « qui appartient à l’humanité toute entière ».
Richard Prasquier a rappelé que la révolte du ghetto de Varsovie a été un « événement extraordinaire ».Il s’est attaché à retracer l’histoire de cet espace de la capitale polonaise dans lequel400000 personnes ont été enfermés des 1940 sur une superficie minuscule dans des conditions épouvantables. Les déportations ont commencé en juillet 1942, mais les juifs emprisonnés sont dans le ghetto, se sont attachés à faire vivre leur culture et leur religion. L’enseignement, l’art, l’histoire ont continué à être prodigués, des pièces de théâtre et des concerts à être présentés, alors que les juifs étaient confrontés à l’horreur quotidienne.
Le président du CRIF a mis en avant l’action d’Emmanuel Ringelbum, qui a voulu témoigner pour les générations futures en rassemblant et cachant des documents. Une grande partie d’entre eux a été retrouvée après la guerre et constitue un trésor unique de témoignages.
Richard Prasquier a cité Arié Wilner, combattant de la ZOB : « Nous ne voulons pas sauver notre vie .Personne ne sortira vivant .Nous voulons sauver la dignité humaine ».Il a rappelé ce chiffre tragique : 10 millions de juifs vivaient en Europe en 1939.Il n’en n’est resté que 4 millions après la deuxième guerre mondiale. La yiddishkeit a été décapitée.
L’actrice Léa Drucker a lu des témoignages de Jan Karski qui a réussi à pénétrer dans le ghetto et deux récits de combattants du ghetto de Varsovie.Au nom du Cercle amical-Arbeter Ring, Salomon Bielasiak a récité en yiddish et en français un poème d’Avrom Sutzkever, poète yiddish, combattant du ghetto de Vilno et témoin au procès de Nuremberg.
Comme chaque année, Talila a chanté deux chants yiddish dont le « chant des partisans du ghetto de Vilno » avant que ne retentisse la sonnerie aux morts et que le rabbin Mevorah Zerbib récite le El Male Rahamim et le kaddish.
De nombreuses personnalités ont marqué de leur présence cet hommage solennel aux combattants du ghetto. Parmi elles : Jolanta Balciuniene, ambassadeur de Lituanie ;Catherine Vieu-Charrier, adjointe au Maire de Paris, chargée de la mémoire et du monde combattant ;Odette Christienne, conseillère de Paris, déléguée du Maire, correspondant-défense, Dominique Bertinotti, maire du 4ème arrondissement ;le médecin-général Gerbaud, représentant du ministre de la défense et des anciens combattants ;Danièle Hoffman-Rispal, députée de Paris ; Rachel Agam, consule générale d’Israël ;Mgr Jérôme Beau , évêque auxiliaire de Paris ;Roselyne Bosch réalisatrice du film « la rafle » ; le Pasteur Clairvoly , président de la commission des relations avec le judaïsme de la Fédération protestante de France ;Bernard Emsellem, directeur général de la SNCF , représentant le président Guillaume Pepy ; Rémy Enfrun, directeur général de l’ONAC ;Raphael Esrail, président de l’UDA, Serge et Beate Klarsfeld ;Patrick Klugman, conseiller de Paris ;le rabbin Moshé Lewin représentant le grand rabbin de France ; Patrick Lozes, président du CRAN ;Roger Madec, maire du 19ème arrondissement ; David Messas, grand rabbin de Paris Philippe Allouche, directeur général de la FMS ;Claude-Gérard Marcus , député honoraire.
Parmi les membres du CRIF, on notait la présence d’Ariel Goldmann, vice-président, de David Fuchs, membre du comité directeur, de Théo Klein, président d’honneur, de Henri Hajdenberg, ancien président, de Jacqueline Keller, vice –présidente de la commission du souvenir , d’Edith Lenczner, ancienne directrice de la communication et de Haïm Musicant, directeur général.
En fin de cérémonie, les personnalités ont salué les fidèles porte-drapeaux.
Photo : © 2011 Erez Lichtfeld