Le CRIF en action
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Publié le 30 Mars 2009

Orientation scolaire : quelles perspectives ?

La Commission « Femmes dans la Cité » du CRIF dirigée par Nathalie Cohen-Beizerman et Edwige Elkaim a reçu dernièrement Madame Viviane Lumbroso. Psychologue, Viviane Lumbroso a effectué l’essentiel de sa carrière au sein de l’Education Nationale en tant que directrice de Centre d’Information et d’Orientation et de Permanence d’Accueil et d’Orientation.



Parler d’orientation devant un public non professionnel n’est pas chose facile. Parler d’orientation devant un public de « Femmes dans la Cité » investies à différents titres de responsabilités citoyennes (et mère juives de surcroît !) l’est moins encore !



C’est l’assurance de voir son propos interrompu à chaque nouvel argument avec passion et conviction. Toutes veulent disséquer analyser comparer et comprendre tout de suite.
C’est avec une grande maîtrise du sujet et un sens de l’humain d’une rare qualité que Madame Lumbroso a instruit et convaincu son difficile public.



Les inquiétudes
Les inquiétudes des parents quant au difficile problème de l’orientation scolaire, s’expliquent d’autant mieux de nos jours que la liaison formation-emploi s’est distendue, même si le diplôme demeure une valeur sûre pour l’accès au premier emploi



S’y ajoute la crise économique actuelle vaste lame de fond qui promet des bouleversements fondamentaux.
Les évolutions technologiques ouvrent l’espoir de possibilités d’emplois qui n’existent pas encore. Cela implique un énorme décalage entre une éventuelle projection dans l’avenir et une réalité future mal saisissable.
Le monde de l’emploi demande aujourd’hui des savoir-faire mais aussi le savoir-être qui était surtout assumé par les familles, mais qui a souvent déserté le corpus éducatif familial pour s’en remettre à l’école. L’école, quant à elle, est déstabilisée par cette nouvelle attente de la société qui n’est pas dans son traditionnel cahier des charges.



Comment un jeune peut-il réagir à ce terrain mouvant et se projeter positivement dans l’avenir alors que les adultes sont fortement déstabilisés ?



L’école : objectifs et constats
La Nation s’est fixée comme objectifs d’élever le niveau de formation des jeunes français et de permettre une insertion professionnelle de qualité (égalité des chances et lutte contre l’exclusion).
La part des bacheliers dans une génération est de 64,2%, bacs professionnels et technologiques inclus (2007). La part des bacheliers généraux reste modérée, 34,7%, loin de l’opinion « tout le monde a le bac ». Elle était de 37,2% en 1995.
Si le niveau des connaissances abstraites s’est accru, l’enquête PISA montre un recul de nos performances en lecture, en compétences mathématiques et en capacités d’expression écrite.
Pour faire face aux défis économiques, à l’horizon 20015-2020, la Nation vise 50% d’une classe d’âge en enseignement supérieur. Nous en sommes à 37% et le choix des filières scientifiques, à l’université notamment , est en baisse, contrairement aux besoins estimés.
Le système éducatif devra à tous niveaux multiplier les passerelles entre les voies de formation, faciliter mobilité et reconversion pour atteindre ses objectifs.
L’évolution des diplômes et des formations, revue régulièrement, est le fruit du travail de commissions paritaires réunissant des représentants des professions et de l’éducation nationale.



L’école : orientation et construction du projet du jeune
L’Ecole a du accompagner la massification de la population scolaire et de ce fait mettre en place des procédures d’orientation. L’orientation est un terme polysémique, souvent connoté négativement car il renvoie d’une part à des processus de maturation, d’identification (projet du jeune) et d’autre part à des procédures de répartition des élèves au sein du système éducatif. Résultats scolaires, maturation d’un jeune ne se trouvent pas toujours en phase lors de ces différentes étapes.
De surcroit, on confond orientation et affectation (acte administratif). Ainsi, un jeune peut avoir une orientation vers un secteur professionnel désiré et ne pas y être affecté faute de places suffisantes. C’est sans nul doute l’un des facteurs des violences de jeunes.



La construction d’un projet d’études, de formation, nécessite parfois un cheminement qui ne sera pas rectiligne. Cela suppose que les différents acteurs remplissent bien leurs rôles respectifs. Pour les équipes pédagogiques, permettre au jeune de mieux s’évaluer scolairement, donner des objectifs de progression qui soutiennent le désir d’apprendre et maintiennent l’estime de soi, l’aider à interroger son environnement.
Pour les familles, exprimer leurs aspirations et accompagner leur enfant dans ses démarches d’informations, l’aider à les mettre en perspective.



Conclusion :



Les adultes de demain connaîtront plusieurs vies professionnelles. Leurs capacités d’adaptation, leurs capacités à acquérir de nouvelles connaissances seront particulièrement sollicitées. Il est fondamental que les jeunes soient convaincus que chaque palier atteint ne ferme pas les possibles et peut permettre un nouveau départ.

Photo : D.R.