Le CRIF en action
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Publié le 21 Mars 2005

Perben au dîner du CRIF Sud-Est : 2005, une année d’espérance

Lorsque Jacques Chirac lui a confié en 2002 le portefeuille de ministre de la Justice, Dominique Perben, ne pensait pas qu’il aurait « à combattre l’antisémitisme. C’était pour moi un combat qui appartenait à l’Histoire ». Invité le samedi 19 mars du dîner du CRIF du Sud-Est, qui avait lieu à Cannes, le Garde des Sceaux, a fait cette confidence aux 350 invités de Martine Ouaknine, la présidente régionale du CRIF. Dominique Perben a fait part de sa détermination pour lutter contre l’antisémitisme, et insisté sur l’action du gouvernement et de son ministère. Il a mis l’accent sur l’idée que « l’antisémitisme n’est pas le problème de la seule communauté juive. Il s’agit d’une question nationale fondamentale qui concerne tous les français ». Le ministre a insisté sur le rôle particulier de l’éducation. Evoquant les récentes évolutions au Proche-Orient, Dominique Perben a salué la « décision courageuse d’Ariel Sharon du retrait de Gaza » et souhaite que 2005 soit une année d’espérance en France, en Europe et au Proche-Orient. Le ministre répondant ainsi à Martine Ouaknine, qui a noté avec satisfaction le resserrement des liens entre la France et Israël. La présidente du CRIF du Sud-Est a rendu hommage à l’action du gouvernement qui combat sans répit, sans faiblesse ce fléau » qu’est l’antisémitisme. Mais elle a aussi évoqué le « désarroi » de la communauté juive, « lorsque à travers les profanations de tombes, les tags antisémites, les agressions, les paroles anti-juives, elle est renvoyée à une identité solitaire, au prétexte de sa solidarité avec Israël. Le CRIF Sud-Est a récompensé lors de cette soirée trois personnalités régionales : Christian Estrosi, le président du Conseil général, pour son exceptionnel investissement au travail de mémoire et pour avoir organisé des « voyages de la mémoire à Auschwitz pour 3000 collégiens et leurs accompagnateurs durant l’année scolaire 2003-2004, Rudy Salles, député des Alpes Maritimes, et président du groupe d’amitié France-Israël à l’assemblée nationale pour ses actions pour obtenir l’interdiction de la chaîne Al-Manar, liée au Hezbollah, et Michel Vauzelle, président du Conseil régional PACA, a reçu un prix lors d'un voyage organisé par la région en Israël.



Roger Cukierman, le président du CRIF, était représenté par Haïm Musicant, le directeur général du CRIF. Membre de l’exécutif national, Yves-Victor Kamami était également présent au dîner du CRIF Sud-Est.


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Discours de Maître Martine OUAKNINE, président du CRIF Sud-Est



Le dîner du CRIF est un rendez-vous majeur, l’occasion privilégiée de nous rassembler, dans le respect de nos idées et de nos fonctions, pour promouvoir, par une meilleure compréhension mutuelle, l’idéal de fraternité qui est au cœur de l’identité française.

Mieux faire comprendre ce que nous pensons, ce que nous ressentons dans notre pays, la France, à laquelle nous avons tant apporté et qui nous a tant donné.

La rencontre du judaïsme et de la France est l’histoire d’une intégration réussie, d’une relation faite de passion, d’un rayonnement intellectuel, celui du célèbre commentateur RACHI de Troyes, celui de LEVINAS, de DERRIDA, qui ont contribué au prestige de la culture française, et tant d’autres.

J’arrêterai là une évocation, qui ne veut pas être une liste, à la façon d’un humoriste qui ne fait plus rire, ou une expression insolente d’auto satisfaction.

Ces liens forts et indéfectibles envers leur pays, ont conduit les juifs français, à surmonter les persécutions, les croisades, l’affaire Dreyfus, les pages noires de Vichy.

Malgré ces épisodes douloureux, nous continuons à transmettre à nos enfants, l’amour de notre pays, et, aux nouvelles populations issues de l’immigration, le témoignage de notre propre intégration.

Car nous reconnaissons notre dette à l’égard de la France et de sa civilisation, avec l’apport si enrichissant de l’émancipation et de la laïcité.

Permettez moi un bref rappel des principes de l’émancipation à venir, formulés par les juifs parisiens, à l’adresse de l’assemblée du 26 Août 1789 : « un objet unique domine « et préoccupe nos âmes : le bien de la patrie et le désir de lui consacrer toutes nos « forces. A cet égard nous voulons ne le céder à aucun habitant en France : nous « disputerons de zèle, de courage et de patriotisme avec tous les citoyens »

Le Rabbin KAHN de Montpellier dira «mes amis, la France vient de nous faire l’honneur « de nous reconnaître comme ses fils, tâchons de nous montrer toujours et partout les « dignes enfants de la France »

Le Rabbin ARON de Strasbourg ira plus loin encore « le drapeau de la république « française, c’est le symbole des droits de l’humanité que nos prophètes ont « proclamé courageusement »

Quelle belle illustration de l’amour de la France.

Nous avons prouvé notre capacité d’être des partenaires, parfois exigeants et tenaces, mais toujours loyaux et soucieux du respect de nos valeurs républicaines.

Créé de l’esprit et de la volonté de résistance des juifs, au plus fort de l’occupation allemande, et mesurant les leçons de l’histoire, le CRIF a pris mission de faire connaître aux pouvoirs publics et à l’opinion, sa position sur tous les problèmes intéressant les juifs mais aussi de lutter, aux côtés d’organisations qualifiées, contre toutes les formes de racisme et d’antisémitisme et enfin, de marquer son soutien à l’Etat d’Israël.

Ce soutien si bien exprimé par le Président de la République, Jacques Chirac le 25 janvier 2005, à l’occasion de l’inauguration du Mémorial de la Shoah : « La mémoire juive c’est la mémoire blessée « d’un peuple, qui tout au long de son histoire a été dispersé, « persécuté, avant de connaître l’horreur de l’extermination. Cette « blessure suffirait à elle seule, à justifier la création d’un Etat dont « l’existence garantisse le « plus jamais ça ».

« C’est en ce sens qu’Elie WIESEL témoin de l’horreur, devenu « militant de la paix, a pu justement écrire « les Juifs peuvent vivre « en dehors d’Israël, mais ils ne pourraient pas vivre sans Israël »

Alors que les évènements donnent tort aux détracteurs d’Israël, nous vivons un moment historique pour la paix, avec les élections démocratiques palestiniennes et surtout avec la décision courageuse de désengagement de Gaza et des implantations se Cisjordanie, par le 1er ministre Ariel SHARON.

Permettez moi de saluer Jacques REVAH Ministre Plénipotentiaire Ambassadeur d’Israël à l’Unesco, Jean Claude NIDDAM Vice Procureur de l’Etat d’Israël en charge au Ministère de la Justice des relations avec l’autorité palestinienne, qui nous a fait l’amitié de venir spécialement, et Mr AVIDOR Consul Général à Marseille.

En souhaitant la bienvenue au nouvel évêque co adjuteur de Nice, je veux exprimer notre admiration, aux dignitaires des cultes catholique, protestant et musulman, ici présents, qui savent, chaque fois que nos valeurs communes sont en péril, élaborer une réflexion avec nos rabbins, et adresser un message de paix.

Je salue également notre Directeur Général du CRIF, représentant Roger CUKIERMAN, dont l’alerte et la mobilisation à propos de l’affaire AL MANAR ont été exemplaires, avec le soutien des élus que nous remercions.

Nous ne pouvons que nous féliciter de la décision qui a été prise.

Vous comprendrez que je sois émue de compter ce soir, tant de personnalités amies, à nos côtés.
Je vous remercie très sincèrement, Monsieur le Ministre, d’avoir accepté, avec Mme PERBEN, d’honorer le CRIF Sud Est, de votre présence, en privant certainement vos enfants de la joie d’un week-end familial.

La justice que vous représentez, est chère au cœur de chacun de nous.

Sa quête constante d’équilibre en fait un des piliers fondateurs de la démocratie.

Le commandement de justice occupe aussi une place exceptionnelle dans le judaïsme.

Il est enseigné de ne pas nous écarter de la voie de la justice et de la quête de la vérité, à tout instant de notre vie.

Cela explique sans doute, notre aptitude à une auto critique souvent âpre mais aussi notre engagement sans réserves et de longue date, aux côtés des associations de lutte contre le racisme et la xénophobie.

Nous portons en nous la volonté d’un dialogue permanent avec toutes les composantes de la société, d’une coopération avec nos institutions, au plus haut niveau.

Notre région est enviée par ses nombreux atouts, aux rangs desquels se place la légendaire Ville de Cannes qui nous accueille.

Une région qui fut aussi une terre d’accueil pour les populations frontalières et venues de l’autre côté de la Méditerranée.

Une région qui révéla tant de femmes et hommes courageux, prompts à résister, tandis que d’autres obéissaient aux ordres.

Une région enfin, qui est plus épargnée que les autres, par les actes et comportements antisémites.

Mais pour chacune des victimes, ici ou ailleurs, les agressions portent en elles des interrogations :

Comment réagir ? Se taire, se replier sur soi, se résigner ?

Nous qui sommes la génération du « plus jamais ça », voulons réagir de façon positive.

Nous voulons croire aussi que nos rencontres porteront la promesse d’un avenir toujours plus serein.

Nous, nous nous réjouissons ce soir de la visite si prometteuse de notre premier Ministre en Israël.

Mais il rentre dans mon rôle, Monsieur le Ministre, de vous exprimer une préoccupation encore vive et le sentiment d’incompréhension parfois ressenti par les juifs vivant dans les quartiers difficiles ou simplement impuissants face à un quotidien antisémite.
Ce quotidien du « retourne dans ton pays » du « sale feuj » ou du « vous n’êtes pas comme les autres ».


Comme l’analyse Paul Bernard, dans le livre de l’Union des Etudiants Juifs de France intitulé « les Enfants de la République » que nous aurons le plaisir de vous offrir ce soir :

« de cette accusation de n’être pas comme les autres, les juifs n’ont « pas fini de souffrir. »

« Que signifie être comme les autres, si ce n’est ne pas être ? « L’universalisme ce sont les particularismes. »

« Qu’est ce que la tolérance, la fraternité, l’amour de l’autre, si l’on a renoncé à exister ? »

Exister c’est aussi exprimer des revendications légitimes de citoyen.

Parce qu’en le faisant, il nous est de plus en plus reproché, de nous comporter comme un lobby ou d’exercer une « tyrannie de la mémoire juive » permettez moi, en sacrifiant à une tradition bien connue de nos prétoires, de vous proposer un plaidoyer pour une cause.

J’espère que les nombreux magistrats, juges consulaires et confrères qui nous ont fait l’amitié d’être parmi nous ce soir, me pardonnerons ce clin d’œil à notre quotidien professionnel.

Un plaidoyer pour une cause qui n’est celle du communautarisme, en dépit des fausses évidences du langage, mais celle d’une communauté d’identité, la communauté juive, éprise des idéaux de liberté, d’égalité, de fraternité, fondateurs de notre République.

Une communauté présente sur le sol de France, depuis l’Antiquité et enrichie de l’apport récent des juifs d’Afrique du Nord, venus trouver refuge dans ce pays si bien décrit par Emmanuel LEVINAS à son fils : « un pays qui se déchire à propos d’un petit capitaine juif, est « un pays où il faut aller ».

Une communauté qui inclut dans ses offices, la prière pour la République française et pour le pays où elle se trouve, tout en ayant adhéré à la laïcité, rempart contre l’intolérance et les intégrismes.

Une communauté qui se détermine par rapport à des convictions religieuses ou philosophiques mais dans un cadre républicain librement consenti.

Lorsque d’ailleurs, certains individus se plaisent à recenser les « juifs occupant des postes clés » en gommant leur citoyenneté française, ils font sans le vouloir, la démonstration de l’intégration totale de ces juifs, dans la société française, intégration qui ne les épargne pas plus que beaucoup de nos concitoyens, de la crise économique.

Une communauté à qui l’on reproche sa tendance «communautariste».

A tort, bien sûr.

Car l’on peut être juif, sans être religieux.

L’on peut être juif, sans adhérer aux institutions de la communauté dite organisée.

Comment mesurer alors le désarroi de cette communauté, que j’ai l’honneur de représenter, lorsque à travers les profanations de tombes, les tags antisémites, les agressions, les paroles anti juives, elle est renvoyée à une identité solitaire, au prétexte de sa solidarité avec Israël ?

Est il admissible aujourd’hui de conseiller à son voisin de retourner dans « son pays », sous entendant Israël, au motif d’une banale querelle ?

Au nom d’un « certain contexte », tout et n’importe quoi, est dit sur Israël : un verrou a sauté.
Parce que l’antisionisme semble excuser toutes les dérives, sa traduction antisémite est alors considérée comme une opinion.

Ces nouveaux antisémites en quête de compassion, qui accusent Israël d’être à son tour raciste, trouvent dans, la « question palestinienne », comme le dit Finkielkraut, » l’exutoire providentiel de tous les mécontentements ».

Quoi de plus naturel alors, que de nous tourner vers nos élus, vers les pouvoirs publics et, au plus haut niveau, vers les personnalités en charge de la justice et la sécurité dans notre pays.

Les chiffres publiés par la communauté juive sont en général, inférieurs à ceux de source policière, mais le nombre des actes antisémites demeure aujourd’hui élevé.

Une étude montre d’ailleurs que l’antisémitisme représente à lui seul 60% du racisme dans l’hexagone, alors que, faut il le rappeler, les juifs ne forment pas plus de 1% de la population.

Nous cherchons à comprendre si la simplification médiatique excessive de problèmes si complexes, ne contribuerait pas à fausser certaines décisions judiciaires.

Face à une pathologie sociale qui implique des mineurs, plutôt jeunes, plutôt marginaux, la culture de l’excuse absolutoire ne doit pas l’emporter.

Venant de l’extrême droite ou des quartiers dits sensibles, la violence anti juive a pénétré le milieu scolaire et, en menaçant nos enfants, elle ébranle les fondements de la République et de la laïcité.

Combien d’enfants se dirigent ils vers des écoles confessionnelles pour ne plus vivre leur identité comme un risque d’agression !!!

Des statistiques récentes du Ministère de l’Intérieur considèrent que 50% des actes antisémites sont l’expression d’une pure violence, sans fondement idéologique.

Mais lorsqu’un enfant, humilié dans une école publique, est obligé de changer d’établissement, force est d’admettre que l’occasion d’apprendre à nos enfants à vivre ensemble, dans le respect des lois, a été manquée.

Beaucoup d’actes antisémites échappent ainsi à la statistique, parce que, souvent les victimes sont déjà résignées.

Pourquoi certaines décisions engendrent elles cette inquiétude sourde, cette conviction, que le manque d’exemplarité de la sanction ne pourra qu’encourager une liberté d’expression dévoyée ?

Pourquoi les victimes auraient elles une perception différente de l’arsenal législatif mis en place ?

Nous avons besoin de comprendre pour quelle raison la conception qui voit dans l’antisionisme, une opinion parmi d’autres, peut être partagée et entendue.

Mais il nous tient aussi à cœur, en respectant l’indépendance de l’autorité judiciaire et de ses décisions, d’être compris : nous avons une trop haute idée de la justice, pour accepter de la remettre en question.

Le Président de la République, au Chambon sur Lignon, a fermement « condamné l’antisémitisme comme une perversion qui tue, une haine qui plonge ses racines dans les profondeurs du mal et dont nulle résurgence ne peut être tolérée» et a demandé des réquisitions sévères du ministère public pour appeler les tribunaux à sanctionner.

Il convient de saluer la fermeté de ces déclarations, comme la promesse faire par le Ministre de l’Intérieur, représenté ce soir par notre ami Abdel AISSOU, ancien sous Préfet de Nice Montagne, de dissoudre les groupes néo nazis et islamistes.

Je veux insister sur le travail exemplaire du 1er Ministre, avec les Ministres du gouvernement et les Procureurs Généraux et les Magistrats référents, en matière de lutte contre l’antisémitisme et en particulier sur les travaux du comité interministériel de lutte contre le racisme et l’antisémitisme créée le 8 décembre 2003.

Rappelons que le CSA a mis en demeure la société française EUTELSAT de cesser de diffuser le service de télévision Iranien Sahar1 et que Sahar 1 n’est plus diffusée depuis le mois de Mars.

De la même manière, espérons nous Monsieur le Ministre, qu’avec la nouvelle très bonne loi sur la confiance dans l’économie numérique du 21.06.04, il sera demandé aux fournisseurs d’accès de l’Internet de filtrer des sites racistes et antisémites.

Cette question est à l’ordre du jour puisque des associations demandent aujourd’hui le filtrage du site négationniste de l’AAARGH.

Quant au projet d’allongement du délai de prescription est allongé à un an, il permettra de donner aux parquets les moyens de traiter les plaintes et de poursuivre les auteurs d’infraction à caractère raciste et antisémite.

Je ne veux pas manquer de rendre un hommage appuyé au travail accompli en région lyonnaise, chère à votre cœur, Monsieur le Ministre, comme foyer de la résistance, comme creuset de l’action humaniste de Monseigneur DECOURTRAY, du Père DESBOIS, mais aussi comme lieu de vigilance avec la décision de Mr le Procureur Général près de la Cour d’Appel de Lyon d’installer une cellule de veille des infractions à connotation antisémite élargie aux actes racistes, je le cite:« il ne faut pas qu’il y ait des chiffres noirs ou des faits passés sous silence » « nous sommes à la merci d’une flambée d’actes graves »

Nous souhaitons d’ailleurs, à l’instar de ce qui se pratique à Paris, mettre en place des réunions régulières entre les représentants du parquet, et les avocats des grandes associations, sur les tribunaux de notre département.

Nous savons, Monsieur le Ministre, que nous pouvons compter sur vous, comme sur les ministre du Gouvernement, pour combattre sans répit, sans faiblesse, ce fléau.

La très récente décision de cassation d’un arrêt relaxant Dieudonné pour des propos antisémites tenus dans le magazine Lyon Capitale en Juin 2003, la décision responsable de l’université Lyon III après les propos de Bruno GOLLNISH sur les chambres à gaz ou encore l’étude par votre Ministère, des possibilités de poursuites à l’encontre du livre « Pogrom » ou d’un certain humoriste, sont des dispositions rassurantes et le signe que nos institutions sont déterminées, au plus haut niveau, à lutter contre l’antisémitisme.

Je veux à cet égard, souligner le travail exemplaire de mémoire accompli dans notre département avec le Conseil Général, auquel sera repris le prix du CRIF pour les voyages des collégiens à AUSCHWITZ BIRKENAU.

La faveur d’une actualité proche fait que nous sommes heureux d’applaudir ce soir les déclarations de notre Premier Ministre Jean Pierre RAFFARIN, en visite en Israël pour l’inauguration du Mémorial Yad Vashem, soulignant je le cite, « avec quelle vigueur la France a réagi à la recrudescence de l'antisémitisme sur son sol, et promettant « une initiative européenne sur la question de l'antisémitisme en milieu scolaire ».

Merci Monsieur le Premier Ministre, car une Europe forte, sera aussi une Europe soudée dans sa lutte contre l’antisémitisme et le racisme.

Soulignant « que la France, terre des droits de l’Homme a contracté une dette indescriptible qui l’oblige pour la complicité de certains des siens dans la déportation des Juifs », le Premier Ministre a déclaré que « la tragédie de la shoah n’est pas qu’histoire, elle est de chair, de sang, et de souffrance qui demeure ancré dans nos esprits ».

Ce fut un grand réconfort d’entendre notre Premier Ministre exprimer qu’il se sentait «responsable pour cette mission d'affection entre « nos deux peuples… évoquant les liens indéfectibles entre la France et Israël, pays frère ».

Nous sommes satisfaits que ce déplacement ait permis aux autorités françaises de resserrer les liens avec l’Etat d’Israël et surtout que les Israéliens aient été assurés d’avoir la France à leurs côtés.

Nous sommes ravis que les relations bilatérales puissent être remodelées et constituent une priorité parmi les priorités.

Nous ne répèterons jamais assez que notre pays peut jouer un rôle majeur dans le processus de paix.

Nous sommes enfin si heureux que la France ait décidé d’appuyer la candidature d’Israël à la francophonie.

Le premier ministre a pu mesurer l’importance de la communauté francophone israélienne et surtout son attachement à la langue et à la culture française.

Acceptez, Monsieur le Ministre, d’être notre interprète, pour exprimer nos plus chaleureuses félicitations et notre reconnaissance à Monsieur le Premier Ministre.

En espérant que nos réflexions vous auront fait mesurer notre profond désir de faire progresser le débat public, sans arrière pensées partisanes, permettez moi à présent de conclure sur les paroles du Président de la République, prononcées au Chambon sur Lignon en faisant référence à ces françaises et ces français de toutes conditions, de toutes convictions, de toutes religions, dont le courage et l’engagement auront permis de sauver parfois au prix de leur vie, les deux tiers de leurs compatriotes juifs.

« Telle est la France à laquelle je crois. Une France capable du « meilleur, une France de l’audace et de la solidarité qui surmonte « ses peurs, une France généreuse qui refuse l’égoïsme, le repli sur « soi, l’exclusion, la discrimination, une France fraternelle … qui doit « être un choix de chaque jour, celui de vivre ensemble dans le « respect de chaque différence.

Nous aussi, voulons y croire.

Merci

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Discours de Dominique Perben, ministre de la justice


Je vous remercie de m’avoir invité.

Avec mon épouse, nous sommes heureux d’être ici ce soir parmi vous, pour vous témoigner notre attention et notre amitié.

Je connais l’importance et le rôle du CRIF, dont les bases furent posées à Lyon dans les heures sombres de l’occupation.

Vous avez su en faire un outil de solidarité et de dialogue.

Au fil des ans, les CRIF régionaux sont venus renforcer l’édifice et élargir les occasions de rencontres comme celle de ce soir.

Je prolonge ici avec vous le contact permanent que j’entretiens avec vos représentants nationaux dans le cadre de mes responsabilités ministérielles.

Je suis heureux d’être ici, dans les Alpes-Maritimes. Cette terre a toujours été une terre d’accueil et de protection depuis des siècles de nombreux juifs contraints à l’exil comme vous l’avez rappelé.

Notre rencontre coïncide avec le soixantième anniversaire de la fin de la seconde guerre mondiale et de la libération des camps. Nous avons encore en mémoire l’appel émouvant de Simone VEIL à Auschwitz: «que les hommes s’unissent au moins pour lutter contre la haine de l’autre, contre l’antisémitisme et le racisme, contre l’intolérance !».

Cet appel garde une actualité pressante.

J’entends l’inquiétude dont vous vous êtes fait l’écho.

Vous avez vous-même souligné la détermination du Président de la République et du Premier Ministre à combattre sans faiblesse l’intolérance, le racisme et l’antisémitisme.

A leur initiative, le gouvernement s’est mobilisé pour s’opposer à toutes les formes de résurgence d’actes antisémites.

Cela s’est traduit d’abord, au niveau de l’Etat, par la création du Comité interministériel de lutte contre le racisme et l’antisémitisme, chargé de coordonner l’action de toutes les administrations, et de définir les priorités d’action.

J’y participe, aux côtés du Premier Ministre. Je puis vous assurer qu’il permet l’expression forte d’une volonté politique sans ambiguïté et dont les effets sur le terrain sont aujourd’hui mesurables.

Sous mon impulsion, le Ministère de la Justice prend toute sa part dans cette mobilisation.

J’agis d’abord par conviction profonde et personnelle : l’antisémitisme est contraire à l’idée que je me fais de la France.

Aucune de ses manifestations, aucune de ses insinuations, aucun de ses procédés ne trouvent grâce à mes yeux. Tout en lui heurte mon intelligence et mon cœur.

J’agis aussi parce que c’est mon devoir : la justice n’est pas seulement une institution.

Elle constitue une valeur essentielle de notre démocratie. Elle participe à notre manière de vivre ensemble, dans la sécurité et le respect de la dignité de chacun.

Par circulaire du 18 Novembre 2003, j’ai fait connaître aux parquets généraux, les instructions que je souhaitais voir appliquer en réponse aux actes antisémites.

Les parquets avisent désormais en temps réel la Chancellerie de toute infraction à caractère antisémite portée à leur connaissance.

Cela nous a permis en 2004 de recenser et de traiter 430 cas d’infractions à caractère antisémite.

Chacune de ces infractions fait l’objet par les parquets d’un suivi précis des moyens mis en œuvre par les services de police judiciaire pour faciliter l’identification et l’arrestation des auteurs de l’acte.

L’action publique est mise en mouvement dans les délais les plus brefs sous la plus haute qualification pénale utile. Chaque fois que cela est possible, la voie de la comparution immédiate est utilisée.

En cas d’ouverture d’information, les parquets prennent des réquisitions de placement en détention provisoire, en considération notamment du trouble causé à l’ordre public.

Devant les juridictions de jugement, j’ai demandé que les réquisitions soient d’une particulière fermeté et prévoient une application exemplaire des sanctions prévues par la loi pénale.

Pour ce qui est des victimes, elles doivent être strictement informées des suites des investigations et des procédures judiciaires, avec l’aide si nécessaire des associations locales d’aide aux victimes.

Enfin, chaque parquet général a désigné un magistrat référent dont la mission est d’assurer les relations avec les représentants de la communauté juive et de veiller à la cohérence des réponses pénales.

Telles sont les instructions que j’ai données et qui ont été mises en œuvre dans chaque cour d’appel.



Dans le même temps, j’ai mis en place à la Chancellerie un groupe de travail permanent auprès du Directeur des Affaires Criminelles et des Grâces, composé de magistrats, d’avocats et de représentants de la communauté juive ; outre son rôle de liaison et d’information, je lui ai donné pour mission d’analyser et d’évaluer notre dispositif judiciaire actuel de lutte contre le racisme et l’antisémitisme.

Son travail d’évaluation porte sur l’évolution normative, sur l’outil statistique et sur l’action des magistrats référents. De plus, ce groupe est chargé de me faire toutes propositions utiles pour lutter plus efficacement contre la propagation de l’antisémitisme sur Internet.

Enfin, j’ai fait diffuser au printemps dernier à toutes les juridictions un guide actualisé des dispositions pénales en matière de lutte contre le racisme, l’antisémitisme et les discriminations.

Je crois aussi nécessaire que la formation des magistrats et fonctionnaires du ministère de la Justice s’ouvre plus largement sur ces questions : dès 2004, l’Ecole Nationale de la Magistrature a fait travailler sur les discriminations raciales un groupe de recherche d’une quinzaine d’étudiants qui ont ensuite restitué l’essentiel de leurs travaux à leur promotion.

De même, des dossiers soumis à l’examen des auditeurs de justice ont comporté des cas concrets d’infractions racistes ou antisémites.

Dans le cadre de la formation continue, une première session de formation de magistrats, de policiers et de fonctionnaires de la Protection Judiciaire de la Jeunesse a eu lieu sur le thème des « moyens de lutte contre le racisme et l’antisémitisme ».

Au niveau européen, plusieurs magistrats ont participé à des actions du réseau européen de formation judiciaire, sur le thème des discriminations raciales en Europe et des directives européennes en matière de lutte contre ce phénomène.

L’implication de l’institution judiciaire est plus forte qu’elle ne l’a jamais été. Je veux qu’elle se poursuive dans la durée.

En 2004, nous avons constaté des résultats encourageants. La mobilisation commence a produire ses effets.

Le taux de réponse pénale a été très supérieur à celui des autres contentieux puisqu’il s’est élevé à 92 % des infractions constatées. Les 8 % de classement ont été motivés soit par l’état mental des auteurs, soit par un retrait de la plainte.

Le taux de réponse pénale élevé résulte directement de l’effort sur les moyens mis en œuvre pour identifier les auteurs des faits.

Les violations et les dégradations de sépulture ont ému beaucoup de familles par leur indignité.

Une attention particulière a été portée sur ces infractions. La répression s’est accrue.

Alors qu’en 2003, seulement 7 affaires avaient été portées à la connaissance des parquets, c’est 57 dossiers, impliquant tous les cultes, qui ont été ouverts en 2004. Sur les 13 d’entre eux déjà élucidés, tous ont entraînés des poursuites. Des condamnations ont été prononcées, y compris de la prison ferme.

Ce fut notamment le cas, le 8 novembre dernier, au Tribunal correctionnel de Verdun. L’auteur de la profanation du monument commémoratif israélite de la nécropole de Fleury-devant-Douaumont a été condamné, conformément aux réquisitions du parquet, à deux ans de prison dont un an ferme.

Mais, la réponse pénale a su aussi s’adapter aux auteurs d’infractions et utiliser lorsque cela est plus pertinent l’alternative aux poursuites. C’est ce qui a été fait en 2004 dans 20 % des cas.

Par exemple, à Brive, en Corrèze, le procureur a fait effacer des inscriptions sur les murs de la commune d’Argentat par leurs auteurs, trois mineurs manifestement ignorants de l’Histoire comme du passé de leur propre famille et les a envoyés à Oradour-sur-Glane où ils ont été pris en charge par l’un des survivants de ce village martyr.

Lorsque cela a été nécessaire, nous avons aussi modifié la loi.

J’ai personnellement soutenu devant le Parlement la proposition de loi déposée par Pierre LELLOUCHE, devenue depuis la loi du 3 Février 2003, qui a permis de créer une circonstance aggravante pour des infractions commises avec une intention raciste, antisémite ou xénophobe.

Sur les 430 affaires recensées par le Ministère de la Justice, 222 ont permis de retenir dès le stade de l’enquête de police ou de gendarmerie la circonstance aggravante d’antisémitisme.

J’ai également introduit dans la loi du 9 mars 2004 –dite PERBEN II- des dispositions qui prévoient d’allonger la durée de prescription de l’action publique de trois mois à un an pour les infractions de diffamation et injure raciale, incitation à la haine raciale et révisionnisme.

Certes, chacun a le droit de s’exprimer librement. C’est une valeur essentielle de la démocratie. Mais si j’ai décidé, sur ce point, de modifier la loi de 1881 sur la liberté de la presse, c’est qu’il y a une exigence plus forte encore : le respect de la personne humaine, quelle que soit son appartenance à telle ou telle communauté.

Nous ne devons pas banaliser l’intolérance.

J’ai voulu rappeler devant vous mon engagement et celui de l’institution judiciaire face à l’inquiétude des juifs de notre pays qui ont droit, comme tous les citoyens, à la préservation de leur sécurité et de leur dignité.

La sécurité des Français est ma priorité depuis 3 ans. Je me suis battu pour que notre pays se donne les moyens de lutter contre la grande criminalité et contre la délinquance quotidienne, qu’il entende les victimes et qu’il protège les plus faibles, car la sécurité est la première des libertés.

C’est elle qui fait reculer la peur, cette peur de l’autre qui conduit au repli sur soi, à l’éclatement social, et au final à la désagrégation de la société.

Pour moi, la lutte contre l’antisémitisme et toutes les formes de discriminations raciales constitue une action à part entière de notre politique de sécurité. Sa réussite contribue au renforcement du pacte républicain sur lequel repose l’équilibre de notre pays et la confiance des Français dans leurs institutions.

En ce sens, l’antisémitisme n’est pas le problème de la seule communauté juive. Il s’agit d’une question nationale fondamentale, qui concerne tous les Français.

Mais nous devons être conscients que la seule réponse répressive ne suffit pas. Elle était nécessaire. Nous la conduisons sans faiblesse. Mais elle ne suffit pas.

Ce qui nourrit l’antisémitisme d’aujourd’hui c’est d’abord l’ignorance. Cela donne à l’école une responsabilité particulière dans la transmission de nos valeurs, dans l’apprentissage de notre histoire et dans la formation des citoyens de demain.

Je veux rendre hommage devant vous à tous les enseignants qui se sont engagés dans ce combat contre l’ignorance.

Lorsque 45.000 jeunes participent au concours national de la Résistance et de la Déportation, cela signifie que des centaines de classes d’histoire, d’éducation civique ou de français, ont conduit un travail pédagogique de longue haleine.

Par la formation des maîtres, par l’attention portée par les éditeurs au contenu des ouvrages, par les mille liens que l’Ecole sait tisser avec le monde qui l’entoure, un travail de fond progresse, peu connu mais très important.

L’école républicaine est un héritage précieux dont nous sommes tous dépositaires. Vous avez dit avec raison qu’elle n’est plus épargnée par les comportements haineux et les tentatives d’intimidation.

Avec mes collègues, François FILLON et Dominique de VILLEPIN, nous avons unis nos efforts pour que les chefs d’établissements et l’ensemble du corps enseignant se sentent soutenus lorsqu’il s’agit de sanctionner des actes inacceptables.

Nous avons ensemble, à l’automne dernier, précisé les dispositifs à mettre en œuvre entre nos trois ministères en matière de lutte contre l’antisémitisme et le racisme. Ainsi, le Rectorat et le Parquet de Paris ont pu mettre en place un accord qui leur est propre, pour permettre un traitement très rapide des infractions.

J’ai confiance dans l’école. C’est là que se forme l’esprit critique, qui seul permet d’échapper au prêt-à-penser.

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Je vous ai entendu exprimer le désarroi de votre communauté lorsqu’elle se voit reprocher son attachement à Israël.

Vous craignez que par voie de conséquence l’antisémitisme devienne une opinion. Une opinion comme une autre. Vous en trouvez les premiers signes dans ces agressions verbales du quotidien au prétexte d’incidents mineurs qui invitent les juifs à rentrer chez eux.

Ce risque existe car je constate comme vous que l’anti-sionisme et l’antisémitisme sont aujourd’hui étroitement mêlés, chacun se nourrissant de l’autre.

A cette dérive possible, il faut répondre par la volonté.

Je m’y emploie lorsque les circonstances l’exigent.

J’ai mis en œuvre l’action publique chaque fois que les provocations ont dépassé le tolérable : je ne préjuge pas des décisions qui seront prises par les tribunaux. Je crois être simplement dans mon rôle en refusant de rester passif.

La négation de notre histoire, l’incitation à la haine de l’autre, l’insulte faite aux victimes de l’occupation ne sont pas prises à la légère. Chacun de ces actes a fait l’objet d’une réaction rapide et sans concession.

De la même manière, le gouvernement s’est donné les moyens juridiques d’interdire la diffusion d’une chaîne de télévision aux programmes inacceptables.

Cette volonté dont nous devons faire preuve s’appuie sur une réalité profonde de notre pays.

La France n’est pas raciste, la France n’est pas antisémite.

Vous évoquiez la présence du Président de la République le 8 Juillet dernier au Chambon-sur-Lignon pour honorer la mémoire de ces Français qui risquèrent leur vie pour sauver des enfants juifs.

Je crois comme vous à « la France capable du meilleur » selon la belle formule de Jacques CHIRAC.

Nous avons de bonnes raisons d’espérer en la France. C’est ce que les juifs de France ont toujours fait, dans une ferveur républicaine et patriotique que les épreuves n’ont jamais découragé.

Je sais la place qu’Israël occupe dans vos cœurs. C’est l’essence même du judaïsme que d’appartenir à un peuple et d’être attaché à la terre promise d’Israël, « Eretz Israël ».

Cela forme votre histoire, cela participe de votre identité.

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Les relations entre la France et Israël sont bien entendu une question nationale.

Notre rencontre de ce soir se déroule dans la semaine où, pour la première fois depuis 5 ans, le Premier ministre français s’est rendu en Israël.

Dans cette région du monde, la France poursuit inlassablement trois objectifs : la restauration de la paix, la réconciliation des peuples et le droit à la sécurité pour tous.

La France condamne le terrorisme, partout dans le monde, comme elle le combat sur son propre sol. Le terrorisme est une impasse. Il ne fait qu’aviver des plaies encore ouvertes.

Si la France veut la paix et la sécurité, c’est aussi pour que le terrorisme ne puisse plus se nourrir de la misère, de l’injustice ressentie qui conduit aux actes désespérés.

L’année 2005 est une année d’espoir.

Les dernières élections au Pakistan a donné aux perspectives de paix une dimension nouvelle.

La décision courageuse d’Ariel SHARON, concernant le retrait de Gaza, est soutenue par la France et par la Communauté Internationale. Nous en connaissons la difficulté.

Elle est à l’échelle des espoirs qu’elle permet de nourrir pour la relance du processus politique.

La France est attentive aux solutions qui confortent la stabilité de la région, dans le respect de l’existence de chacun.

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La France aura aussi un rendez-vous avec elle-même, le 29 mai prochain.

Je veux vous parlez de ce rendez-vous, même s’il n’est pas, l’objet de notre réunion de ce soir.

Je vois en effet beaucoup de liens entre ce que nous avons dit jusqu’à présent et l’enjeu du choix proposé aux Français.

Vous avez évoqué, comme l’a fait aussi Simone VEIL à Auschwitz, la génération du « plus jamais ça ».

Cette génération a voulu l’Europe. Elle l’a mise en route, moins de 10 ans après la fin de la guerre.

Il fallait du courage et de la volonté aux ennemis de la veille pour parier sur la paix. Ils avaient pu en mesurer le prix dans leurs villes, dans leurs familles, parfois dans leur propre vie.

Aujourd’hui, la paix paraît si facile, si évidente que l’on a parfois scrupule à rappeler qu’elle ne résulte que d’une volonté forte de tous.

L’Europe c’est la paix. L’Europe, c’est la démocratie respectueuse de la dignité de chacun.

Nous devons saisir cette chance.

Chère Madame la Présidente,

Oui, l’année 2005 est une année d’espérance pour nous tous. En venant vers vous, j’ai voulu vous transmettre ma confiance et ma volonté.

J’ai confiance dans les qualités de notre pays.

Lorsque le Président de la République m’a confié la responsabilité du Ministère de la Justice, je ne pensais pas que j’aurais à combattre l’antisémitisme. C’était pour moi un combat qui appartenait à l’Histoire. Mais la lutte contre l’antisémitisme est de nouveau une responsabilité qui nous engage tous. Pour ma part, je l’assume avec détermination.