Compte-rendu du débat "Peut-on dialoguer avec tout le monde ?" entre Christophe Roucou, responsable du secrétariat pour les relations avec l’islam à la Conférence des évêques de France et Florence Taubmann, présidente de l’Amitié judéo-chrétienne et pasteure à Limoges. Animé par Etienne Séguier.
Le débat fut pointu mais passionnant. Parce que porté par deux passionnés du dialogue inter-religieux. "Une démarche qui constitue un acte de foi", soulignait d’ailleurs Christophe Roucou. "Il s’agit de construire le monde de demain", renchérissait Florence Taubmann.
Pour autant, le chemin n’est pas dénué de difficultés. Florence Taubmann, pasteur et présidente de l’Amitié judéo-chrétienne de France, s’en est rendue compte lorsqu’elle fut invitée voici quelques années à prêcher dans une église catholique de Versailles. Lui serrant la main à la sortie, un homme lui dit : "Merci ma sœur. Je vais prier pour que vous reveniez à la vraie foi". Une négation de la différence, expliqua Florence Taubmann durant le débat, contraire même à la notion de dialogue. "Il faut bien entendu commencer par écouter l’autre", expliqua Christophe Roucou. Quitte à voir des musulmans "habités par l’Esprit de Dieu". Une constatation que fit régulièrement Christophe Roucou au cours des neuf années où il vécut au quotidien à Suez. "J’y ai acquis un énorme respect pour ces croyants sur le chemin de l’islam, qui faisaient le bien." Pour autant, pas question pour l’actuel responsable des relations avec l’islam à la Conférence des évêques de France d’y perdre son identité. "Dans le dialogue inter-religieux, je reste dans ma tradition, tout en essayant d’aller à la rencontre de l’autre."
Alors parler, toujours parler. Parce que les enjeux sont importants dans une société où certains auraient vite tendance à diaboliser l’autre. Parler, même s’il faut accepter, comme Christophe Roucou, qu’il y ait "certaines asymétries. Le rapport entre chrétiens et juifs n’est pas le même qu’entre chrétiens et musulmans."
Dans l’échange qui s’engagea ensuite avec l’assistance, on se rendit compte que cette problématique du dialogue inter-religieux se posait aujourd’hui, avec les mariages mixtes, jusque dans les familles. Il fut aussi question de la place des laïcs dans ce dialogue. Du regret que "cette démarche n’intéresse surtout, chez les catholiques, que les cheveux blancs" . D’où l’importance de la transmission des valeurs…
Photo : D.R.
Source : ajcf.fr