Le CRIF en action
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Publié le 22 Avril 2008

Pierre Moscovici : Il serait inacceptable que l'Iran ait l'arme nucléaire

Pierre Moscovici, député du Doubs, ancien ministre, secrétaire national aux Relations internationales du Parti socialiste, a été, le 7 avril dernier, l'invité des "grands rendez-vous du CRIF. Lors de ses échanges avec les membres des instances du CRIF et les adhérents de l'association des Amis du CRIF, comme dans son livre "le liquidateur" (Hachette Littératures, 2008), il a dressé un bilan très négatif sur les premiers mois de présidence de Nicolas Sarkozy et s'est focalisé sur les ruptures annoncées durant la campagne électorale du "candidat Nicolas Sarkozy" et non suivies d'effets dans la politique menée par le président de la République.


La fin du domaine réservé ?
Ainsi, le chef de file de l'UMP s'était prononcé contre l'existence du "domaine réservé" du chef de l'Etat en matière de politique étrangère, tradition française qui impliquait de tenir le parlement à l'écart de tout débat ou avis en la matière. M. Moscovici se disait en accord avec cette critique du système existant et qui mettait en cause le goût du secret, des relations personnelles et des émissaires officieux… Pour obtenir la libération des infirmières bulgares et du médecin palestinien, Nicolas Sarkozy n'hésita pas à envoyer à la fois son très proche collaborateur, Claude Guéant, secrétaire général de l'Elysée et sa propre épouse d'alors, Cécilia Sarkozy, comme émissaires non plus "officieux", mais "personnels".
Le président des droits de l'Homme ?
S'annonçant durant sa campagne électorale comme celui qui serait, s'il était élu, le "président des droits de l'homme", le président Sarkozy a vite cessé de mettre cette question au centre de sa diplomatie. Il n'a pas hésité à adresser des "félicitations" à Vladimir Poutine pour la victoire de son parti aux législatives de décembre 2007. Et de citer comme preuve de "reniement" à la priorité donnée aux droits de l'homme, "l'interminable visite à Paris" du Colonel Kadhafi et les nouveaux "amis" de la France : Bongo, Kadhafi, Déby, Poutine.
Nouvelles relations France-Etats-Unis ?
Comme il aime à l'indiquer, Pierre Moscovici ne sacrifie pas au discours anti-américain habituel d'une certaine partie de la classe politique française de tous bords. Il s'affirme au contraire ami des Etats-Unis auxquels il voue une certaine reconnaissance pour leur intervention, durant les deux guerres mondiales. C'est la "convergence entre les choix de politique étrangère de Nicolas Sarkozy et ceux de l'administration Bush" qu'a mise en cause le secrétaire national aux Relations Internationales du PS.
Iran nucléarisé
En revanche, sur le refus de voir l'Iran doté de l'arme nucléaire, il y a moins de différences entre la position de Pierre Moscovici et celle du président de la République. Considérant que toutes les options doivent rester ouvertes, y compris une éventuelle option militaire, le dirigeant socialiste s'est néanmoins opposé à la formulation par N. Sarkozy d'une alternative entre "la bombe iranienne et le bombardement de l'Iran" ou à l'annonce de Bernard Kouchner "qu'il faut se préparer à la guerre" – éventualité qui ne saurait être privilégiée par rapport aux contrôles et aux sanctions.
En remerciant Richard Prasquier, président du CRIF de l'accueillir dans le cadre des "Rendez-vous du CRIF", Pierre Moscovici s'est réjoui de l'intensification du dialogue entre le CRIF et le PS, quelles que soient par ailleurs les convergences ou les divergences pouvant exister entre deux entités qui cultivent des relations amicales. Il s'est dit "sensible aux causes défendues par le CRIF". Et de conclure sur ce thème : « je ne veux pas que les socialistes s’éloignent des Juifs de France et d’Israël et que la communauté juive s’éloigne des socialistes »
Photo : © 2008 Alain Azria