Le CRIF en action
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Publié le 11 Octobre 2007

Prasquier à Poutine : Refuser avant qu’il ne soit trop tard, le chantage iranien

Dans le cadre d’une délégation du Congrès Juif Européen, présidée par Moshé Kantor, Richard Prasquier, président du CRIF et vice-président du Congrès Juif Européen, a interpellé Vladimir Poutine lors d’un entretien accordé par le président de Russie, mercredi 10 octobre au Kremlin.


Richard Prasquier s’est adressé au numéro un russe « en tant que membre d’une famille exterminée par les nazis ». Il a fait part de son « angoisse » face à la menace nucléaire iranienne. Il a souligné « le rôle immense » de Vladimir Poutine pour œuvrer à une solution pacifique.
On lira ci-dessous le texte de l’intervention de Richard Prasquier :
« En tant que Président du Conseil Représentatif des Institutions Juives de France, je mesure l'honneur qui m'est fait de m'adresser à vous dans cette rencontre avec le Congrès Juif européen. Lors du voyage que vous ferez peut-être un jour dans notre pays, je serais heureux de vous faire rencontrer, si vous le désiriez, les représentants de notre communauté, la plus importante communauté juive d'Europe de l'Ouest.
Je m'adresse à vous en tant que membre d'une famille qui a été exterminée par les nazis pendant la guerre; je ne serais pas né si l'Armée Rouge n'avait pas libéré en 1944 la ville polonaise où mes parents se cachaient.
Pourquoi ces gens de ma famille, certains des enfants et des vieillards, ont-ils été tués comme des millions d'autres juifs? Ils ne représentaient aucun avantage militaire, au contraire, les assassiner détournait certains moyens du combat contre l'armée soviétique. Hitler n'obéissait pas à une logique rationnelle, il était dominé par son rêve, un cauchemar pour nous tous, de suprématie raciale. Les Juifs étaient en tête de la liste des peuples à supprimer de la terre, les slaves venaient ensuite, puis probablement d'autres encore.
Aujourd'hui je vis dans l'angoisse, car d'autres dirigeants poursuivent des rêves et se donnent les moyens militaires pour que ces rêves soient de nouveau un cauchemar pour nous tous. Je parle, bien sûr, des dirigeants iraniens. Le président Ahmadinejad a parlé du halo de lumière qui l'a entouré lorsqu'il s'est adressé à l'Assemblée Générale des Nations Unies, il a dit que l'arrivée du Messie, du Mahdi, serait accélérée par un cataclysme tel que la guerre nucléaire, et que aucun prix n'était trop lourd à payer pour cela. Les dirigeants iraniens ont montré dans le passé le peu de cas qu'ils faisaient de la vie de leurs enfants en les envoyant sauter sur les mines, munis des clefs du Paradis....Pour nous ces comportements ne sont pas rationnels, ils obéissent à une raison qui n'est pas la nôtre. Si ces dirigeants étaient à même d'exercer un chantage nucléaire, notre monde serait dans un danger terrifiant.
Avec des hommes qui partagent une même raison, la négociation, les compromis politiques ou économiques sont possibles. Mais avec des hommes qui rêvent d'imposer leurs idées expansionnistes ou eschatologiques, quelles qu'en soient les conséquences, les règles du jeu sont différentes, les accommodements renforcent le désir de puissance et la crainte des représailles est inopérante. J'ai peur, Monsieur le Président, j'ai peur, non pas parce que je suis Juif, non pas parce que je suis proche d'Israël, mais parce que mon histoire m'oblige à être lucide, elle m'oblige à refuser avant qu'il ne soit trop tard un monde où des fanatiques religieux puissent imposer leur volonté de mort. Les leçons de l'Europe d'il y a soixante dix ans doivent être présentes à nos yeux.
Votre rôle, Monsieur le Président, est immense. Nous avons confiance en vous. »
EJC president urges Putin to use his influence on Iranian president: http://www.ejpress.org/article/20763