Richard Prasquier a évoqué « un acte d’une extrême gravité », ajoutant « c’est un miracle que la victime n’ait pas été tuée ». Le président du CRIF a insisté sur son caractère antisémite avéré : « Quels que soient les antécédents psychiatriques de l’agresseur, qui restent à déterminer, il ne fait pas de doute que cet acte a été commis contre un juif parce qu’il était juif ». Citant la définition de Jean-Paul Sartre de l’antisémitisme, « être antisémite c’est, lorsque qu’on a eu un problème avec un fourreur juif, au lieu de dire « les fourreurs sont des voleurs », dire « les juifs sont des voleurs », Richard Prasquier a rappelé à l’assistance la seconde agression qui a eu lieu ce week-end à Nîmes, et évoqué « les dangers d’un terreau antisémite qui existe bel et bien en France, et qui peut amener à des actes irréparables ». Il a rendu hommage à la présence nombreuse de la société civile et en particulier à la communauté musulmane largement représentée, ainsi qu’à la rapidité et à la fermeté des pouvoir publics. Richard Prasquier a conclu en disant que le combat contre ce fléau n’était « certainement pas un combat entre « les uns et les autres », mais du combat de tous ceux qui sont fideles à la République et à la démocratie. Renée Gutman, Grand rabbin de Strasbourg a rappelé a cette occasion à l’assistance l’histoire d’Amalek.
Rappel des faits : un juif portant la kippa a été violemment agressé par deux hommes, à coups de couteau et de barre de fer. Selon le quotidien l’Alsace du 2 mai, les deux agresseurs ont été très rapidement interpellés et placés, dès vendredi, en garde à vue à l’Hôtel de police. Et, dans son édition du 3 mai, l’Alsace précise que l’homme qui avait agressé un passant parce qu’il est juif, vendredi en milieu de journée, au centre de Strasbourg, a été mis en examen dimanche matin (2 mai) par un juge d’instruction et placé en détention. Il est poursuivi pour tentative de meurtre aggravé en raison de la motivation ouvertement antisémite de son acte. L’homme a reconnu avoir une haine des Juifs qu’il tient pour responsables de ses déboires dans l’existence et en particulier de ses hospitalisations en milieu psychiatrique. Né en 1971 à Constantine, en Algérie, il ne travaille pas et vit d’une pension d’invalidité liée à son état psychique. Un autre homme, interpellé en même temps que le mis en examen, a été relâché à l'issue de sa garde à vue de 48 heures. Il était présent au moment des faits mais n'y a pas participé, selon le magistrat.
La victime, David Pariente, âgé d'une quarantaine d'années, qui portait la kippa au moment de son agression, a pu regagner son domicile samedi après une nuit à l'hôpital. Agressé au centre-ville et en présence de nombreux témoins, il a été atteint par un coup de couteau « en-dessous du cou » et a reçu des « coups de barre de fer au visage », selon Francis Lévy, président du consistoire israélite du Bas-Rhin.
Cette agression a provoqué une vive émotion au sein de la communauté juive. Le grand rabbin de Strasbourg, René Gutman, a dénoncé « un acte ignoble de violence antisémite ». Elle a également été condamnée avec fermeté par de nombreux responsables politiques, ainsi que par la communauté musulmane. Abdelaziz Choucri, délégué général de la Grande Mosquée de Strasbourg, l’a condamnée « avec la plus grande vigueur ».
L'archevêque de Strasbourg, Mgr Jean-Pierre Gralleta fait part à son tour, dimanche 2 mai, de sa « profonde consternation » et de sa « réelle inquiétude » après « l'odieuse agression » de David Pariente : « Au nom de tous les catholiques d'Alsace, je tiens à exprimer à la victime et à tous les membres de la communauté juive mon entière solidarité et mon fraternel soutien. Avec tous les catholiques comme avec tous les citoyens, soucieux de paix sociale et de respect mutuel, je condamne fermement cette inadmissible violence antisémite », a-t-il déclaré. « La cohésion sociale et le "savoir vivre ensemble" attendent de chacun de nous, croyants ou non, une vigilance accrue et un engagement réel pour éradiquer la violence raciste et l'intolérance religieuse, et pour promouvoir la fraternité, socle de notre République», a-t-il encore ajouté.
Enfin, Brice Hortefeux a affirmé son « soutien » et sa « solidarité » aux Juifs de France, dans une lettre adressée au président du CRIF, Richard Prasquier, et au président du Consistoire central, Joel Mergui. Le ministre de l'Intérieur a assuré dans ce courrier « tout mettre en œuvre pour identifier les auteurs » de l’agression antisémite qui a eu lieu vendredi 30 avril 2010 à Strasbourg, « et les déférer devant la justice ».
Photo : D.R.