Le CRIF en action
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Publié le 12 Avril 2010

Prendre conscience de ce qu’il vit vraiment...

Gilad Shalit : 3 ans, 9 mois, 18 jours. 3 ans, 9 mois, 18 jours que nous attendons. 3 ans, 9 mois, 18 jours que nous négocions. 3 ans, 9 mois, 18 jours que nos interlocuteurs multiplient les ultimatums et reculent les échéances. 3 ans, 9 mois, 18 jours que nous nous habituons, que la vie continue, que les nécessité de notre réalité nous éloignent de la sienne. 3 ans, 9 mois, 18 jours que nous oublions…




Depuis longtemps, les télévisions extrémistes du monde arabe multiplient les productions de propagande anti-israélienne. Des films, des dessins animés, des séries qui dépeignent Tsahal, les services de sécurité de notre pays et leurs agents comme des monstres, motivés par la haine et assoiffés de sang.



Israël, face à ces campagnes nauséabondes, contre toute attente, a produit plus de réalisations où son armée et sa société se remettent en question que n’importe quel pays au monde, et ces films, en traversant les frontières, en étant présentés dans les festivals du monde entier, ont contribué à la propagande de nos ennemis mieux qu’ils n’auraient pu le faire eux-mêmes. Tel est le prix de la véritable démocratie. Celle que chaque citoyen israélien, qu’il soit de gauche ou de droite, revendique avec fierté.



Mais, longtemps, ce sens admirable de l’autocritique, et peut-être aussi la difficulté d’un peuple qui a traversé le cauchemar nazi, ont été la cause d’une certaine « pudeur » cinématographique, devant l’horreur de l’antisémitisme, du terrorisme islamiste, des attentats et du spectre des enlèvements et des séquestrations.



Le groupe de télévision israélienne Keshet, partenaire de la deuxième chaîne nationale, a produit, sous la direction du réalisateur Gidi Raf, « Hatufim » (Kidnappés), une série, la première de son genre, qui relate l’histoire douloureuse et souvent insoutenable de trois soldats israéliens, kidnappés au Liban, et qui reviennent en Israël après 17 ans d’emprisonnement - deux d’entre eux vivants, le troisième dans un cercueil - dans le cadre d'un échange de prisonniers. Au cours des 11 épisodes de cette réalisation remarquable, d'une heure chacun, diffusés le samedi soir, l'histoire de leur réinsertion dans leur famille et dans la société est relatée.



« Notre société est dévouée au retour de ses fils, mais nous ne nous sommes jamais vraiment confrontés à ce qu’ils vivent là-bas, ni à ce qui se passe une fois qu'ils sont ici, lorsque nous arrivons à les ramener», explique Gidi Raf. « Ces individus, ces êtres humains deviennent des symboles, comme les panneaux d'affichage de leurs campagnes de libération, des icônes de notre lutte pour survivre en Israël. Je souhaite que ce film fasse prendre conscience de ce que ces hommes vivent vraiment », ajoute-t-il.



Au mois de février 2010, les studios de la 20th Century Fox ont acheté les droits de « Hatufim ». Howard Gordon, le producteur et scénariste principal de la série américaine « 24 », qui a aussi produit « X files » et « Buffy contre les vampires », va prendre en charge l’adaptation américaine.



Que se passerait-il, si en France, un producteur téméraire décidait d’adapter à l’écran le cauchemar d’Ilan Halimi ? Face aux campagnes mensongères, incitatrices, délégitimantes, aurions-nous le courage d’exposer nos plaies vives face à la caméra ?



La totalité des épisodes de « Hatufim » est visible sur le site Internet http://www.mako.co.il/mako-vod-keshet/hatufim-s1/VOD-f4efc18cb9be721006.htm. La série est en hébreu non sous-titrés, mais les mots sont inutiles. Il est cependant nécessaire d’avertir du caractère particulièrement violent de certaines images, qui ne sont pas visibles par tous les publics.



Nous n’avons pas le droit d’oublier. Nous n’avons pas le droit de nous éloigner. Nous n’avons pas le droit de nous habituer. Affronter les images difficiles de « Hatufim », c’est se confronter à la réalité quotidienne de Gilad, à « ce qu’il vit vraiment », depuis 3 ans, 9 mois et 18 jours.



Nous devons tous avoir ce courage.



SB



Photo : D.R.