Le 16 juillet, à Rodez, Simon Massbaum, délégué du CRIF Aveyron, s’est exprimé sur la place Foch, devant les autorités civiles et militaires aveyronnaises et les représentants des anciens combattants. Simon Massbaum a souligné le rôle des Justes catholiques et protestants de France, citant notamment le Père Riquet.
Une cérémonie a été organisée dimanche 22 juillet à Foix. Ivan Macheto, responsable régional du CRIF est venu de Toulouse pour honorer de sa présence la cérémonie organisé au monument de la Résistance.
C’est en présence de Jean-François Valette, préfet de l’Ariège, Frédérique Massat, députée de la 1ère circonscription, Jean-Noël Fondère, maire de Foix, Emile Franco, conseiller régional, le lieutenant colonel Delluc, DMD (direction militaire du département de l’Ariège), Noël Torrès DDSP (direction départementale de sécurité et de police), Michel Saunière, responsable de l’Office des Anciens Combattants, Claude Delpla, historien de la seconde guerre mondiale ainsi que les anciens combattants dépêchés pour l’occasion, que le représentant du CRIF a pris la parole pour évoquer ce sordide moment de l’histoire où tout a basculé :
«C’est à 4h du matin le 16 juillet que l’opération Vent Printanier a débuté, près de 13.000 personnes, hommes, femmes et enfants seront traquées et arrêtées par des gendarmes et policiers en uniforme…/…/….tous ces enfants martyrs partis si vite dans les chambres à gaz, combien parmi eux seraient devenus chercheurs, écrivains ou auraient eu un destin plus ordinaire... Il faut dire la vérité, rappeler que le pire n’est jamais loin, la liberté est un rude combat à mener chaque jour. Il faut toujours avoir à l’esprit le courage de ceux qui ont dit non.
Paradoxalement, l'antisémitisme dans le monde ne diminue pas et pour la première fois depuis que cette cérémonie du Vel d'Hiv a lieu, un Etat, l’Iran, à travers les déclarations de son président Mahmoud Ahmadinejad, prétend officiellement faire disparaître Israël et exterminer les juifs infidèles… qui s’en préoccupe aujourd’hui ? La dérive est inquiétante, tout comme l’amalgame, la banalisation ou l’indifférence. Soyons les sentinelles vigilantes de l’avenir ...N’oublions jamais que la lumière succède toujours aux ténèbres mais à quel prix».
Enfin M. le Préfet a pris la parole pour rappeler ces faits qui ont participé à écrire une des pages les plus noires de l’histoire: «La France des Lumières et des Droits de l’Homme a accompli l’irréparable» : « C’est sur ordre de Jean Leguay, adjoint et représentant en zone occupée, de René Bousquet, secrétaire général du ministère de l’intérieur pour la police de Vichy et à partir d’une liste préalablement établie par la préfecture de police. Cette rafle n’est pas la première mais en raison de son ampleur et de la participation de l’Etat français, elle est la plus importante. Elle fait suite à la politique mise en place par le gouvernement de Vichy. » Il précise néanmoins : «A côté de cela il y a eu la France résistante, courageuse et fière car la rafle du Vel d’Hiv est le point de départ d’un vaste mouvement de résistance dans lequel s’engagèrent de nombreuses familles françaises, des Justes qui sauvèrent de nombreux juifs… le bien comme le mal doivent être assumés pour écrire le présent sur des bases saines et claires »
Le 22 juillet, une cérémonie émouvante à Nice, où Martine Ouaknine, présidente du CRIF Var-Côte d'Azur-Corse a rappelé devant de nombreuses autorités et représentants des pouvoirs publics, que le « département situé en zone « dite libre », n’échappa pas au zèle des collaborateurs de Vichy pour pourchasser les Juifs et les parquer à la Caserne AUVARE avant leur départ de ce même Quai n°1. Mais il sut se distinguer aussi et surtout par le courage de nombreux héros anonymes ». Martine Ouaknine a également insisté sur la nécessité « de ne pas oublier ceux qui avaient su résister, donnant un sens aux mots compassion et fraternité et qui ont permis à 2/3 des Juifs de France de survivre » relatant le parcours de « Simone Veil, jeune niçoise, partie de ce Quai n°1 ».
Le 22 juillet, à Orléans, place de la République, Eliane Klein, la délégué du CRIF Ouest-Centre, a commencé son allocution par « une pensée pour les otages, tous les otages et, en particulier, le franco-israélien Guilad Shalit, les Israéliens Oudi Goldwasser et Eldad Regev, enlevés sur le sol israélien par le Hamas et le Hezbollah l’été dernier ».
Devant de nombreux représentants des pouvoirs publics et religieux dont Jean-Michel Bérard, le Préfet de la région Centre et André Fort, évêque d’Orléans, Eliane Klein a insisté sur « la nécessité de ces moments de remémoration collective qui s’inscrivent dans la tradition juive nous enjoignant de nous souvenir et dans la tradition républicaine de la France, empreinte du souci de justice, de vérité et de respect de la personne humaine ».
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Discours de Martine Ouaknine, présidente du CRIF Côte d’Azur
Je tenais à remercier les services de la Préfecture des Alpes Maritimes, Monsieur le Préfet VIAN, son Directeur de Cabinet Monsieur le Sous Préfet BILLAND, Mr DOBZIC, pour leur fidélité à nos côtés et pour la préparation minutieuse de cette manifestation désormais inscrite dans le cadre d’une Commémoration Nationale.
Ainsi que la mobilisation de nombreuses personnes avec le service du protocole de la Mairie de Nice.
Il y a soixante cinq ans, les 16 et 17 juillet 1942, 13.152 juifs parisiens, dont 4.115 enfants, étaient arrêtés par la police française au cours d'une opération baptisée cyniquement "vent printanier".
La plupart d'entre eux mourront, après d’atroces humiliations, dans les nombreux camps de la mort dont les noms résonnent encore à nos oreilles……………. simplement parce qu’ils étaient Juifs.
Passée dans l'histoire sous le nom de « rafle du Vélodrome d'hiver », du nom du lieu où une partie d'entre eux ont été conduits avant leur transfert vers les camps d'internement de Drancy, Beaune-la-Rolande ou Pithiviers, cette vague d'arrestations ne fut ni la première, ni la dernière.
Mais elle a été la plus massive.
En tout, 76.000 juifs de France ont été déportés vers les camps nazis, et bien peu en sont revenus.
Notre Département situé en zone « dite libre », n’échappa pas au zèle des collaborateurs de VICHY pour pourchasser les juifs et les parquer à la Caserne AUVARE avant leur départ de ce même Quai n°1.
Mais il sut se distinguer aussi et surtout par le courage de nombreux héros anonymes.
Des hommes et des femmes simples, qui, de Nice à Saint Martin Vésubie, au péril de leur vie, refusèrent de se laisser gagner par la haine gratuite, refusèrent, pour la seule raison qu’ils n’étaient pas juifs, de céder à l’indifférence.
Ce cancer qui ronge notre civilisation, chaque fois de façon d’autant plus significative que les génocides sont importants : depuis, d’autres génocides différents et révoltants les tutsi, les arméniens, le Darfour.
L’impunité et l’absolution n’ont jamais empêché les actes de se reproduire.
C’est pourquoi ces commémorations prennent leur sens.
C’est pourquoi la repentance de l’Etat français exprimée en 1995 par Jacques CHIRAC a permis de panser nos blessures et d’écrire ensemble une autre page de notre histoire, celle de la dignité rendue aux victimes innocentes, celle de la fraternité.
C’est pourquoi il était essentiel de ne pas oublier ceux qui avaient su résister, donnant un sens aux mots compassion et fraternité et qui ont permis à 2/3 des juifs de France de survivre.
C’est ainsi que Simone VEIL, jeune niçoise partie de ce Quai n°1, devait proposer que la commémoration des exactions du Gouvernement de Vichy soit complétée d’un Hommage aux Justes de France et une plaque apposée en leur honneur dans la crypte du Panthéon.
C’est aussi l’extraordinaire leçon d’humanisme donnée par TOUS ceux qui sont revenus des camps de la mort.
Dépourvus de toute haine, de rancœur, de sentiment de vengeance, célèbres ou anonymes, il se sont employés, à leur manière, à donner un sens à leur retour de l’enfer : en honorant les Justes et en témoignant.
Comme le font aujourd’hui encore les survivants ici présents auxquels je rends hommage et qui participent aux Voyages à AUSCHWITZ initiés avec le Conseil Général depuis 2 ans ou se rendent inlassablement dans les établissements scolaires de notre Département, pour raconter, pour passer le « relais ».
Parce qu’ils seront à jamais meurtris, ils mesurent la nécessité de corriger les erreurs du passé, en éduquant les jeunes générations, en leur inculquant la responsabilité de transmettre à leur tour, de refuser de se laisser emporter par la folie des hommes.
"C'est une façon de dire que nous ne pouvons pas et que nous devons pas oublier", a dit il y a quelques jours le Président de la République Nicolas Sarkozy, au Mémorial de la Shoah.
Dans une France plurielle et généreuse, il nous revient, de prévenir la sournoise montée des haines et tous les appels à l’intolérance.
Nous devons préserver l’histoire de toutes les tentations de réécriture, de révisionnisme et de dérives en tous genres et poursuivre le travail en matière d’enseignement de la Shoah.
Je remercie encore le Conseil Général des Alpes Maritimes pour sa contribution exceptionnelle en ce domaine, par le financement pour 2 nouvelles années, des voyages de la mémoire.
C’est la vigilance qui permettra de déjouer les simplifications, les abus de langage, afin de donner à tous les jeunes la capacité d’exercer un regard critique sur le monde et sur son histoire.
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Discours d'Eliane Klein, déléguée du CRIF Centre
Une pensée pour les otages, tous les otages et, en particulier, le franco-israélien Guilad Shalit, les Israéliens Oudi Goldwasser et Eldad Regev, enlevés sur le sol israélien par le Hamas et le Hezbollah l’été dernier. Ces organisations terroristes, en violation de la Convention de Genève et des conventions internationales, ont refusé à la Croix rouge internationale et aux autres organisations humanitaires le droit de visite et n’ont donné aucune information sur leur sort.
En ce jour de commémoration officielle consacré à la mémoire des victimes des persécutions racistes et antisémites- les Tziganes et les Juifs- commises sous l’autorité du gouvernement de Vichy, je dédie mes paroles aux « Justes parmi les Nations » qui ont sauvé des Juifs, en particulier des enfants, pendant l’occupation, malgré les risques encourus.
Je rends hommage aux Résistants, aux anciens déportés, aux derniers témoins et à tous ceux, anonymes, dont la détermination et le courage ont concouru à vaincre la menace totalitaire. Car, comme l’a dit Mme Simone Veil : « Face à la folie exterminatrice, face à l’horreur du système nazi, il y a eu l’amitié et l’humanité qui ont su résister. Ce sont les 2 faces des êtres qui ont été mêlés à cette monstrueuse entreprise. »
Certains, en France, se plaignent d’un « trop plein » de commémorations en y voyant une marque de complaisance, un geste sans signification, ou même, s’agissant de la Shoah, d’un signe d’ethnocentrisme des Juifs de France.
Face à ces critiques, j’affirme la nécessité de ces moments de remémoration collective qui s’inscrivent dans la tradition juive nous enjoignant de nous souvenir et dans la tradition républicaine de la France, empreinte du souci de justice, de vérité et de respect de la personne humaine.
La cérémonie qui se déroule chaque année autour du 16 juillet a fait de cette Place de la République un lieu de mémoire, un lieu pour se recueillir et réfléchir aux terribles évènements qui se sont produits si près d’ici, dans les camps de Pithiviers et Beaune la Rolande, après la Rafle du Vel d’Hiv, les 16 et 17 juillet 1942 : 13.000 Juifs, dont plus de 4.000 enfants y furent internés avant d’être envoyés, directement, ou via Drancy, dans le camp de la mort d’Auschwitz-Birkenau où ils furent assassinés : leur crime : être nés Juifs.
Ce qui s’est passé là est l’un des épisodes les plus tragiques de notre histoire : la collaboration du gouvernement de Vichy à un crime sans précédent, la Shoah, une « césure dans l’histoire de la civilisation », comme l’a écrit la philosophe Hannah Arendt, l’anéantissement programmé de tout un peuple.
Face à un tel événement, il nous incombe, non pas de tourner la page, mais de mettre en lumière le « comment » et le « pourquoi » de ce désastre.
C’est une tâche difficile, en particulier pour les enseignants, dont l’une des missions est de transmettre des valeurs universelles fondées sur le respect de la dignité humaine.
Comment évoquer ce « contre-monde », ce monde des Camps, sans traumatiser ni désespérer les élèves ? Car la connaissance rigoureuse des faits amène à réfléchir sur le rôle joué par une grande partie des hauts fonctionnaires de Vichy, exécutant des ordres iniques sans états d’âme, à réfléchir à tous ceux qui, par indifférence, lâcheté ou haine antisémite se sont rendus complices du pire.
En France en général, et dans notre Région en particulier, les enseignants peuvent non seulement s’appuyer sur les témoignages des survivants, sur les travaux des historiens, mais surtout sur les outils pédagogiques proposés par des Associations ou Institutions comme Yad Layeled France et le Cercil. A cet égard, je rappelle que le Cercil pourra mener à bien l’oeuvre d’histoire et mémoire entreprise depuis plus de 10 ans dans de nouveaux locaux mis à disposition par la Mairie d’Orléans ; locaux rénovés grâce à l’engagement financier de la Mairie d’Orléans, de la FMS, de la DRAC, du Conseil Régional, du Conseil Général, des municipalités de Pithiviers, de Beaune la Rolande, Jargeau et grâce au soutien de l’ONAC.
Ainsi, les activités pédagogiques, les travaux de recherche et d’archivage, les conférences, colloques, publications seront développés et rayonneront au-delà de notre Région.
Ce travail d’histoire et de mémoire est d’autant plus indispensable que nous vivons des temps précipités, médiatiques, où une image chasse l’autre, où il y a peu de place pour la réflexion, un temps où l’ignorance et la malveillance de certains conduisent à des dérives, des amalgames, des parallèles ineptes. Cela mène à une concurrence mémorielle et à un communautarisme inacceptables au sein de notre République. Cela mène- et a mené- à des actes antisémites inacceptables dans notre pays.
Face à ce danger, nous avons besoin d’un appel à la conscience et à la réflexion.
Réflexion sur les questions fondamentales que la Shoah et les Génocides des 20ème – et 21ème - siècles posent à la conscience humaine : Comment en est –on arrivé là ? Comment un Etat moderne a-t-il pu basculer dans la barbarie ? Comment des Etats démocratiques ont-ils pu laisser faire ? Aujourd’hui encore, comment des Etats criminels peuvent-ils décider de qui est digne de vivre ou non ? Je pense aux déclarations violemment antisémites et négationnistes du président iranien ; je pense également aux massacres et génocides perpétrés depuis la Shoah : Cambodge, Bosnie, Rwanda, Darfour, etc…Ces quelques exemples corroborent la réflexion amère d’Elie Wiesel : « Le monde n’a malheureusement pas tiré la leçon de la Shoah ».
L’histoire du régime de Vichy illustre cette fragilité de la Démocratie quand ses principes fondamentaux ne sont pas enracinés dans la conscience collective d’un peuple, quand on permet à des idéologies totalitaires de pénétrer l’espace républicain.
Face à ce terrible constat, « il est nécessaire de renforcer la culture démocratique contre la culture du crime et les idéologies mortifères, il est nécessaire d’affirmer la primauté de la Loi sur l’arbitraire, la Loi qui accorde à chaque être humain la possibilité de vivre sous la protection du Droit. » (Georges Bensoussan)