Rencontre au sommet CRIF-PS

Roger Cukierman a souhaité la bienvenue à la délégation socialiste en évoquant « les longues relations d’amour, suivies depuis peu de relations de désamour ». « Et parce que nous sommes sentimentaux », a ajouté le président du CRIF « nous souhaitons revenir aux premières ».

Au cours de deux heures d'échanges empreints de cordialité, de franchise et de volonté de progresser vers des objectifs communs, les participants ont procédé à un large tour d'horizon des problèmes concernant, la France, la résurgence de l'antisémitisme, la mémoire de la Shoah, et le Proche-Orient.

Dans une discussion autour du texte relatif au Proche-Orient adopté par le Bureau national du PS le 3 mars dernier, le secrétaire chargé des relations internationales Pierre Moscovici a tenu à préciser que l'accueil favorable fait par son parti à l'initiative dite « de Genève » n'était pas contradictoire avec la «Feuille de Route» et que, dans une esprit de « remise des pendules à l'heure », les actuelles options relatives à un retrait israélien de Gaza finiront par être intégrés aux documents émis par le PS « Il existe d'ailleurs d'autres prises de positions complémentaires sur le sujet » a-t-il tenu à préciser.

Interrogé sur de récents propos attribués à Michel Rocard, critiquant notamment la fameuse Déclaration Balfour, François Hollande, qui a rencontré l'intéressé, a tenu à apporter un démenti formel et total à ces supposées prises de positions de l'ancien Premier ministre socialiste.

Le Premier Secrétaire, tout en reconnaissant les relations privilégiées que son parti entretient avec la gauche israélienne, a annoncé qu'une délégation du PS se rendrait prochainement en Israël et rencontrerait les dirigeants actuels du pays. Le principe de la participation d'un ou deux délégués du CRIF à ce voyage a été convenu.

À propos de la vague d'antisémitisme qui perdure en France, le PS, qui a pris acte de certaines critiques qui ont pu être formulées à son égard quant à une appréciation insuffisante de la situation il y a quelques années, a décidé de multiplier ses efforts dans le domaine de la formation des militants et des cadres du parti. « Dans les régions, où nous avons actuellement le pouvoir, nous allons former et sensibiliser la jeunesse et, plus généralement le public scolaire et universitaire » a assuré François Hollande.

Face à ce qu'Anne Hidalgo, première adjointe au maire de Paris, a considéré comme un décalage générationnel dans notre pays et pour aller dans le sens d'une remarque du directeur général du CRIF, Haïm Musicant, pour lequel « Le PS a un rôle fondamental à jouer auprès des nouvelles générations », le principe d'un engagement ferme du PS dans une politique de formation est acquis. Anne Hidalgo insiste aussi pour que cette action, en direction notamment des jeunes des banlieues soit aussi axée vers une critique sans ambages du terrorisme. « I1 faut aller dire à ces jeunes qu'il n'y a aucune justification au terrorisme ».

Rappelant que François Mitterrand fut le premier président de la République française à se rendre es-qualité en Israël, que le PS, en son temps, avait soutenu les efforts de paix de Menahem Begin, que le Conseil de Paris vient d'adopter le principe de l'attribution du nom de Theodor Herzl à une artère parisienne, le nouveau député européen, Pierre Shapira a mis l'accent sur la politique de mémoire de la ville qui a inauguré de très nombreuses plaques en souvenir d'écoliers juifs victimes de la Shoah. Roger Cukierman a souligné « le rôle positif » de Bertrand Delanoë et de Jean-Paul Huchon.

Le président du CRIF, Roger Cukierman, qui a regretté que l'opinion publique se soit peu mobilisée le 16 mai dernier lors de la Marche contre l'antisémitisme organisée par SOS-Racisme, a estimé que «cela rebondit hélas sur les décisions de justice». Il fait part de sa suggestion de présenter les familles des mineurs coupables d'actes antisémites, non seulement devant les juges, mais devant les maires des localités concernées. Une idée jugée constructive par le PS qui promet d'y donner suite.

Roger Cukierman a rappelé également le soutien total du CRIF à la laïcité et sa stricte neutralité dans le domaine politique.

Avant de se quitter les deux délégations sont convenues de mettre sur pied un groupe de liaison mixte, PS-CRIF. Côté CRIF, il sera composé de Gérard Unger, Richard Prasquier et Haïm Musicant. Du côté PS, il sera organisé par Stéphane Le Foll. Un rendez-vous a été pris pour des rencontres communes, colloques, universités d’été et le prochain dîner du CRIF en février 2005.

Délégation du PS : François Hollande, Premier Secrétaire , Pierre Moscovici, Stéphane Le Foll, Pierre Shapira, Vincent Peillon, Adeline Hazan, Annick Lepetit, députés européens, Anne Hidalgo, Première adjointe au maire de Paris, Jean Mallot, membre du Bureau national et Laurent Azoulai, président du Cercle Léon Blum.

Délégation du CRIF : Roger Cukierman, président, Roger Benarrosh, vice-président, Haïm Musicant, directeur général, Henry Bulawko, président d'honneur, Francis Kalifat, trésorier, Jean-Pierre Allali, Meyer Habib, Gérard Unger, Michel Zaoui, membres du Bureau Exécutif, Richard Prasquier, conseiller du président et Jacqueline Keller, directrice honoraire.