Roger Cukierman à l’AFP:

Question: Le CRIF a été créé en 1943 pour lutter contre le nazisme, a-t-il toujours une raison d'être?

Réponse: Malheureusement oui. Le nazisme ne sévit plus mais il y a encore beaucoup à faire pour lutter contre l'antisémitisme. Depuis le début de l'Intifada il y a deux ans et demi, le nombre d'actes anti-juifs contre des synagogues, des rabbins, des écoles, a beaucoup augmenté. Le juif est redevenu un bouc émissaire, comme du temps de la Shoah il y a soixante ans, pour certains voyous de banlieue.

Question: Quels sont les moments qui ont marqué la vie du CRIF?

Réponse: La création de l'Etat d'Israël en 1948, qui faisait partie de nos premières revendications, a été le premier moment marquant. Le dsicours de Jacques Chirac au Vel d'Hiv le 16 juillet 1995, par lequel il a reconnu la responsabilité de l'Etat français dans la persécution des juifs, a aussi marqué un tournant. Nous attendons avec intérêt son discours jeudi à l'Elysée.

Question: Qu'est ce qui a changé en soixante ans au sein de la communauté juive en France ?

Réponse: L'afflux de juifs d'Afrique du Nord dans les années soixante a été le plus gros changement. Les juifs sépharades représentent aujourd'hui les deux tiers de la communauté, qu'ils ont renforcée à la fois en nombre et en ardeur.


Mais nous restons une communauté unie, malgré la polémique autour de la politique d'Ariel Sharon. J'estime, pour ma part, que la communauté juive dans son ensemble doit rester solidaire de l'Etat d'Israël, chacun étant libre de critiquer ou non ses dirigeants.