Au cours de la 1ère journée, Georges Bensoussan, historien, responsable éditorial du mémorial de la Shoah, a développé les multiples facteurs montrant avec force et justesse qu’ « Israël n’est pas né de la Shoah » et que cet Etat est légitime, issu non pas d’une compensation au crime, mais du foyer national, de l’hébreu et du mouvement sioniste.
Denis Charbit, politologue, enseignant les sciences politiques à l’Université Hébraïque de Jérusalem, a exposé d’une manière synthétique et efficace, l’histoire du Sionisme, sous l’Intitulé « Le projet sioniste, une émancipation nationale ».
Elhanan Yakira, professeur de philosophie à l’Université Hébraïque de Jérusalem, auteur de l’excellent ouvrage « Post Sionisme et Post Shoah », a traité dans une analyse critique de l’idéologie perverse de la diabolisation d’Israël, le thème de « l’instrumentalisation de la Shoah dans le discours antisioniste ». Il apparaît que la disqualification d’Israël est une obsession européenne et américaine et qu’à l’intérieur des frontières de l’Etat, les tenants du débat sont marginalisés.
En fin de journée, Ephraïm Teitelbaum délégué du FSJU Sud Ouest, a tracé, un très large et intéressant portrait de la « Pologne face a son passé juif ». Il a notamment rappelé que l’installation des Juifs en Pologne date du 10ème siècle et qu’au long de l’histoire les deux nations, juive et polonaise, ont beaucoup échangé. L’essentialisation des relations complexes entre juifs et polonais serait un phénomène assez récent, concernant les trois générations issues de la Shoah.
Sur ce sujet voir deux ouvrages de Georges Bensoussan :
« Une histoire intellectuelle et politique du sionisme », Fayard 2002 et « Un nom impérissable Israël, le sionisme et la destruction des Juifs d’Europe », Seuil 2008.
Au cours de la 2ème journée, Georges Bensoussan, historien, responsable éditorial du Mémorial de la Shoah, a fait un exposé magistral et inédit sur « la trivialisation et la déjudaïsation de la Shoah ». Nourrie d’importantes références historiques et bibliographiques, cette conférence remarquable a mis en avant le processus actuel de déjudaïsation des victimes de la Shoah, confortablement étayé par un amalgame entre les victimes. L’auteur a, en outre, démontré par un raisonnement limpide et quasi scientifique, la dépolitisation et la patrimonialisation de la Shoah, phénomène amplifié par une fascination du bourreau, cet « homme ordinaire » qui sommeillerait en chacun de nous…
Iannis Roder, conseiller pédagogique au Mémorial de la Shoah et professeur de collège en zone prioritaire (dans le 93), auteur de « tableau noir, la défaite de l’école », a d’abord développé le thème « Enseigner la Shoah aujourd’hui », en insistant sur la nécessité d’enseigner l’histoire du nazisme pour mieux entendre la Shoah.
Il est revenu, ensuite, sur l’ouvrage « Territoires perdus de la République » -2003- dont il est l’un des contributeurs, en posant la question « 8 ans après, où en est-on ? ». La prise de conscience par les professeurs, aujourd’hui, de ce problème d’enseigner, ne peut pas grand chose devant la déshérence intellectuelle et morale d’une majorité d’élèves de ces « territoires ».
Marc Lévy, avocat, délégué du CRIF Metz, a ensuite expliqué les différentes stratégies du boycott contre Israël et développé les « moyens juridiques de lutte contre ce boycott ».
Manfred Gerstenfeld, directeur de l’Institute for Jewish Global Affairs, à Jérusalem, a sur 2 journées, brillamment exposé : « La délégitimation d’Israël », en commençant par : « Le contexte et ses mécanismes ». Trois types d’antisémitisme dans l’Histoire y sont ainsi décrits : religieux, nationaliste et ethnique, et délégitimation du sionisme.
Au cours de la 3ème journée, Manfred Gerstenfeld, directeur de l’Institute for Jewish Global Affairs à Jérusalem, a poursuivi son exposé sur la « délégitimation d’Israël » en développant les impacts sur la communauté Juive et sur Israël, et les différents moyens de lutte.
Robert Wistrich, professeur d’histoire moderne et d’histoire juive, directeur du Centre d’étude de l’antisémitisme à l’Université Hébraïque de Jérusalem, auteur entre autre de l’ ouvrage « A lethal obsession », est intervenu sur le thème « Antisémitisme, antisionisme et négationnisme aujourd’hui », avec, à l’appui, nombre de faits historiques et de citations ou déclarations.
Georges Bensoussan, historien, s’est exprimé, une nouvelle fois, pour décrire et tenter d’expliquer l’histoire des rapports ambigus entre « le nazisme et le monde arabe » dans les années 30.
Meir Litvak, professeur, directeur du Center of Iranian Studies, à l’Université de Tel-Aviv, a longuement argumenté le thème « l’Iran, la Shoah, et la délégitimation d’Israël ».
Esther Webman, chercheur au Centre Moshe Dayan de l’Université de Tel-Aviv a, elle aussi, abordé l’antisémitisme arabe, sous l’angle de la continuité et du changement.
Entre-temps, Anne-Marie Revcoleschi, présidente du projet Aladin, a présenté cette ambitieuse et louable entreprise, qui vise à traduire en langue arabe et farsi (persan), et à diffuser, des livres sur la Shoah ou sur l’histoire juive. Le film « Shoah » de Claude Lanzmann (sous-titré en farsi) doit bientôt être diffusé sur une TV satellite iranienne (sous la forme de 9 épisodes). L’association « le projet Aladin », composée d’1/3 de musulmans, d’1/3 de juifs, d’1/3 de chrétiens ou autres, a de très nombreux parrains, prestigieux, et extérieurs au monde juif.
C’est sur cette note d’optimisme et par une conclusion du professeur de philosophie, Elhanan Yakira que le séminaire de conférences s’est terminé le 23 Mars 2011.
Le jeudi 24 Mars 2011, une rencontre a été organisée avec M. Bahij Mansour, ministre druze israélien des minorités religieuses, puis une visite du village druze Daliat-el-Carmel et du mémorial Yad Labanin (dédié aux soldats druzes israéliens morts au combat).
La communauté druze de Galilée a offert un repas (kasher) à la délégation du CRIF qui a pu également rencontrer le plus haut dignitaire druze d’Israël ainsi que l’évêque melkite de Galilée, Mgr. Chakour.
Un responsable du KKL nous a fait découvrir, également, l’étendue du désastre provoqué par le gigantesque et meurtrier incendie au Mont Carmel en décembre 2010 (44 morts).
Le CRIF adresse ses profonds remerciements à tous les brillants intervenants du séminaire. Un grand merci également à Michal Gans et Nadine Hassoun, ancienne et nouvelle directrice du département français du musée Beit Lohamei Haguetaot, à Charlène Abitbol, qui ont permis à la délégation de visiter le Musée, la salle Yiskor et le Yad Layeled (enseignement de la Shoah aux enfants). Enfin, un remerciement spécial, de la part de tous les participants, à Stéphanie Dassa, chargée de mission, pour sa remarquable organisation d’un séminaire de grande qualité.
Photo : D.R.