Ce chef de famille a décrit l’agression au Président du CRIF qui a tenu à le rencontrer.
Sur le point d'entrer à la synagogue, ils sont insultés par un jeune, rejoint par un groupe de six autres habitants de la cité qui avoisine la synagogue. Ils se mettent à frapper violemment l’homme et ses deux fils jusqu'à ce que la police, prévenue de l'intérieur de la synagogue, arrive sur les lieux. L'auteur des insultes, appréhendé, a menacé de représailles l'un des enfants au cours même de la confrontation. Le père de l’agresseur, venu voir le père de famille pour lui demander de retirer sa plainte, n'a pas non plus jugé nécessaire d'exprimer le moindre regret. Le père de famille juif est profondément bouleversé par cette agression. Faut-il maintenir la plainte malgré les menaces, faut-il, pour lui ou ses enfants, continuer de se déplacer dans un quartier où ils sont maintenant connus et en danger, faut-il changer de ville ?
Au-delà des chiffres, les agressions sont des histoires humaines ; au delà des conséquences physiques, il y a la trace mentale, le sentiment de peur et la blessure profonde de la remémoration de ces instants terribles où les victimes ont cru qu'elles allaient mourir, totalement impuissantes devant un déballage de haine et de force physique. Au delà des faits, il y a ce terrible envers du décor dont ils témoignent : la gangrène de l'antisémitisme brutal, sans fard et sans explication, comme allant de soi, qui ici bouleverse une vie, qui demain peut conduire à un drame et qui remet brutalement en cause le pacte citoyen.
Un autre membre de la communauté, avec lequel le Président du CRIF s'est également entretenu, avait été les mêmes jours violemment frappé, dans le 19e arrondissement de Paris, par un agresseur qui l'avait insulté comme juif puis devant la police avait prétendu qu'il ne s'agissait que d'un moment d'irresponsabilité et qu'il n'était pas antisémite. La victime a exprimé le même bouleversement, la même incompréhension et la même inquiétude que le père de famille de Garges-lès-Gonesse.
A tous deux, le CRIF exprime évidemment sa solidarité et son entière disponibilité. Nous mettons en garde contre l'idée que l'antisémitisme est en voie d'être vaincu : dans certains secteurs il n'est que trop banalisé.
Richard Prasquier