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La négation d’un génocide est une composante du crime. Elle est tissée avec le crime. C’est une stratégie de destruction de la vérité et de la mémoire
Les États membres des Nations Unies sont encouragés à élaborer des programmes éducatifs visant à transmettre le souvenir de la Shoah aux générations futures afin que ne se reproduisent pas des actes de génocides. L’UNESCO promeut ces matériels pédagogiques et fournit une plate-forme permettant aux institutions, enseignants, élèves et parties intéressées d’accéder à des ressources sur l’éducation pour perpétuer la mémoire de la Shoah.
Suite à la résolution générale 61 sur l’éducation en faveur de la mémoire de la Shoah (adoptée par la 34e session de la Conférence générale de l’UNESCO en 2007), l’Organisation œuvre de concert avec le programme de communication « La Shoah et les Nations Unies » et d’autres grandes institutions spécialisées afin de promouvoir des ressources éducatives tirant les enseignements de la Shoah et renforcer ainsi les connaissances, attitudes et compétences qui aideront les élèves à devenir plus tolérants et à prévenir les actes de génocide.
La mémoire des victimes de la Shoah a été commémorée le 23 janvier 2011 à l'UNESCO-BREDA à travers une exposition sur la shoah et par une vidéo conférence reliant Paris et Dakar. Le débat a mis l’accent sur les caractéristiques d’un génocide, à savoir comment un génocide est-il possible, et sur le rôle de l’éducation pour l’empêcher. Les participants ont fait le lien entre la Shoah et le génocide des tutsis du Rwanda.
Caractéristiques d’un génocide
Les éléments essentiels qui caractérisent un génocide ont été relevés à savoir que :
- les victimes sont membres d’un groupe national, ethnique ou religieux ;
- ils sont tués ou persécutés pour leur appartenance à ce groupe ;
- ce crime collectif est planifié et commis par les détenteurs du pouvoir de l'Etat, en leur nom ou avec leur consentement exprès ou tacite.
- les enfants sont les cibles principales pour « éradiquer la source »
Le négationnisme en tant que volet du génocide a été également évoqué.
"La négation d’un génocide est une composante du crime. Elle est tissée avec le crime. C’est une stratégie de destruction de la vérité et de la mémoire" a souligné Georges Bensoussan, historien français spécialisé dans la Shoah.
Une véritable industrie du meurtre
Outre ces caractères communs, les génocides ont chacun ses spécificités qu'il convient aussi d'analyser pour mieux connaître les signes annonciateurs et éviter d'autres génocides.
Le génocide des Juifs était conçu comme un service public devant épurer le peuple d'une "sale race".
« Mais le plan nazi avait un objectif supplémentaire la remise en question d’une éthique du respect absolu de la vie, de l’égale dignité des hommes et de la fraternité humaine» a rappelé le Professeur Bensoussan. «La Shoah n’est donc pas seulement un génocide parmi les génocides, mais un acte délibérément anti-éthique, une tentative de reconstruire l’humanité sur le modèle de l’animalité, par l’application de la sélection naturelle ».
« Concernant les moyens utilisés pour l’extermination, il s’agit d’une véritable industrie du meurtre », a-t-il ajouté.
Dans le cas du Rwanda, on a affaire à une campagne médiatique menée notamment par la tristement célèbre Radio Télévision des Milles Collines qui donne à toute une population le même objectif d’exterminer une minorité jusqu'au fœtus extrait du ventre de sa mère pour que la « race » s'éteigne. Ce fut un génocide de masse.
« La participation de la population rwandaise au génocide a été d'une importance inimaginable, » a souligné Mme Eugénie AW, ancienne Directrice de l’Ecole de journalisme CESTI à Dakar, qui connaît bien le Rwanda.
Empêcher les génocides par l’éducation
Les participants au débat ont souligné l’importance de l’éducation pour empêcher des nouveaux génocides. Il est ressorti ce qui suit:
1. Mieux faire connaître la Shoah et les autres génocides, et, enseigner ces tragédies pour mieux les éviter
2. Utiliser les modes d'éducation formelle, non formelle et informelle
3. Eduquer l'humanité
4. Mettre l'accent sur l'éducation aux valeurs même dans les universités
5. Mettre l'accent sur le petit-enfant. (L’UNESCO va dédier un prochain numéro à ce thème dans sa série pour les tout-petits Bouba et Zaza)
6. Exploiter le lien mère-enfant pour toucher les enfants dès le plus jeune âge notamment ceux hors du milieu scolaire
7. Intégrer ces sujets dans le curriculum de manière à ce que ce soit un programme pérenne
8. Voir comment changer la pensée qui entraine une différence entre riches et pauvres et considérer que tous les êtres humains sont égaux et de même importance pour le monde
Début d’une dynamique
Les participants ont déclaré que cette journée marquera le début d’une dynamique internationale pour une meilleure prise en compte des cas de violations massives des droits humains dans les programmes éducatifs et comptent sur l’UNESCO pour les aider à traduire ce vœu dans la réalité.