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La menace iranienne est permanente
Au Centre Communautaire de Paris, devant un public attentif Stéphane Juffa est intervenu sur le thème : « Géopolitique d'Israël ». Le focus de la soirée concerne le problème d’Israël face à un Iran nucléarisé. Comme à son habitude le tour d’horizon de Stéphane Juffa est documenté et argumenté.
La Cyber-guerre est déclarée :
Nous apprenons que le virus Flame - le virus le plus puissant de l’histoire de la cyber-guerre -, développe une puissance de 20 mégabits (500 kilobits pour Stuxnet).
Bien plus sophistiqué que Stuxnet qui avait attaqué les installations iraniennes en 2010, il était en activité depuis 4 ans dans un certain nombre d’ordinateurs notamment ceux d’Iran sans avoir été repéré.
Toutes les 15 secondes Flame enregistre des infos très importantes et aménage un « back door ». Il est capable de collecter des données, d’intervenir sur les réglages de l’ordinateur, de faire une capture d’écran, voire d’enregistrer une conversation ou de se connecter à des messageries.
Curieusement dès sa détection par Kaspersky, Flame a disparu immédiatement de tous les ordinateurs concernés sans laisser la moindre trace.
A titre d’exemple, Flame a été capable de :
- bloquer et d’interrompre trois jours durant le remplissage en pétrole des bateaux iraniens.
- alors que la Syrie est équipée d’une technologie russe avancée dans la lutte anti aérienne, aucun avion israélien n’a même été visé donc perçu.
On pourrait imaginer la guerre du futur comme étant moins couteuse en hommes. Il pourrait suffire de bloquer l’avance des trains, d’interdire la circulation d’information pour l’intendance sur le front, d’empêcher l’arriver des obus au niveau des stands de tir. En bref une totale impossibilité de circuler et de fonctionner.
Pour Kaspersky, Flame par sa complexité semble bien être une cyber attaque développée par un Etat. Si Flame a disparu les données qui en résultent sont encore utilisées.
Confrontation avec l’Iran où en sommes-nous ?
A l’heure actuelle le monde arabe est en profonde mutation. Religiosité et fanatisme s’emparent des foules les moins formées. Possédant la bombe symbole incontesté de puissance, l’Iran deviendrait le leader des extrémistes islamistes avides de pouvoir et désireux d’imposer au monde la charia.
La menace iranienne est permanente. Un Iran atomique sera craint et respecté. Mille cinq cents Pasdarans en uniforme instruisent et conditionnent ouvertement le Hezbollah au Liban. Soixante mille rockets capables de couvrir l’état d’Israël sont aux mains du Hezbollah.
L’Iran demande à être membre permanent du Conseil de Sécurité.
Attaquer les installations nucléaires n’est pas un jeu. L’AIEA avec les six pays membres vient d’éditer un rapport des plus alarmants. L’Iran a développé soixante dix installations nucléaires majeures dispersées sur le territoire et indépendantes les unes des autres.
Enrichir de l’uranium à 20% est une lente opération. L’uranium à 20% ne peut avoir d’utilisation militaire, qui elle exige de l’uranium enrichi à 90%. Passer de l’enrichissement de 20% à 90 % est beaucoup plus rapide. Ce qui est à la portée de l’Iran à tout moment.
La centrale de Fordow enterrée sous quarante mètres de terre est un site secret d’enrichissement. Pour Jean Tsadik expert de la MENA l’Iran est à cinq mois de la bombe. A Fordow trois mille centrifugeuses s’ajoutent aux huit mille de Natanz. Si Fordow est en route, quelques mois suffisent à l’Iran pour fabriquer des dizaines de bombes.
Les missiles balistiques pouvant atteindre l’Europe du Sud sont prêts.
Il ne faut pas négliger les qualités intellectuelles, technologiques et diplomatiques de l’Iran qui reste un très grand pays en tous ces domaines.
Israël pourrait détruire une grande part des installations. Ce serait peine perdue. Les iraniens sont en mesure de réparer et rétablir au fur et à mesure. Il faudrait en fait ce que l’on appelle en termes militaires maintenir des « frappes d’entretien ». Mais on est alors partis pour une guerre de cent ans.
Ce serait dangereux de prendre une décision militaire pour un résultat trop fractionnaire.
Le fameux Printemps arabe et autre Révolution du Jasmin n’ont porté au pouvoir que des extrémistes et des conservateurs religieux. Le monde arabe se radicalise.
L’Iran dispose de millions de Bassidji, que l’on peut considérer comme l’équivalent des SA nazis. Milice de jeunes gens sans emploi favorisés par l’embrigadement idéologique qui leur accorde en privilège la gratuité des soins et des places à l’Université. Ils servent à faire respecter les codes de l’Etat théocratique.
Toute contestation du peuple ou des étudiants iraniens aboutit à une intervention violente des Bassidji.
Il n’y aura pas de paix dans un horizon proche. Si demain les discussions à Moscou n’aboutissent pas, Israël risque de se désolidariser du problème mondial et de décider d’intervenir seul.
Israël pourrait envisager d’attaquer si
La ligne rouge était dépassée, c'est-à-dire si l’installation de Fordow était mise en marche. La décision n’est pas encore prise par les iraniens qui testent sans arrêt au cours des rencontres internationales la capacité de résistance des pays de l’AIEA.
Si l’Iran fermait la navigation au Détroit d’Ormuz, ou, si Israël enfin était obligé par des conditions majeures de s’éloigner du processus de Moscou.
En conclusion : A court terme l’avenir du Proche Orient dépend des décisions des Iraniens.
Josiane Sberro