Discours d’Alain Belhassen, président du CRIF Sud-Est, lors du dîner annuel du 9 décembre 2012 à Nice

Alors nous travaillons ensemble à tisser ces liens qui font une société, qui font une nation.

L’année dernière, en 2011, j’avais exprimé notre malaise face au décalage ressenti par les Français juifs à la lecture des informations, faits divers, de  politique nationale ou internationale.

Ce décalage pouvait, disais-je alors, présager de difficultés à venir.

J’ai honte d’avoir à ce point été à ce point en dessous de la réalité.

Le meurtre de sang froid d’enfants a l’intérieur d’une école, le meurtre de sang froid de militaires, en ce qu’ils représentent l’état et la  nation.

J’ai été en dessous de la réalité en ne voyant pas venir les monstrueuses distorsions de réalités  des reportages sur l’opération de défense d’Israël distorsions dont je pressentais qu’elles auraient des conséquences….

Enfin, j’ai été en dessous de la réalité en n’imaginant pas que la France associerait son vote à celui des États voyous de la planète de la planète qui trompent  leurs  peuples en soutenant des gouvernements non seulement insensibles à la main tendue, mais, pire encore, toujours prêts a armer les terroristes.

Mais je ne souhaite pas  commenter ici et maintenant ces événements dramatiques.

Il y a urgence, les fossés qui se creusent dans notre société ne sont plus tolérables.

Les fossés qui se creusent entre  états voisins doivent être contenus avant que l’irrémédiable ne se produise.

L’irrémédiable commence lorsque l’on isole, l’on ostracise un peuple, un pays, et c’est exactement ce qui se passe aujourd’hui. Comment ne pas voir peser le symbole d’une entrée à l’ONU d’un pays qui, disons-le clairement, ne souhaite pas coexister, mais REMPLACER un état membre,  ne nous voilons pas la face, le discours de Mr Meshaal hier, de retour à Gaza n’est il pas assez clair ? Et si j’ai tord, tant mieux, mais en attendant  nous dénoncerons  à chaque occasion ce déni de justice.

Alors, Madame la ministre, nous soutenons, nous vous soutenons dans vos actions de rapprochement.

La culture sera ce pont entre les nations.

 Aujourd’hui déjà nous faisons la différence entre ceux qui laissent circuler les idées, les livres, les langues et ceux qui les bloquent.

La francophonie en est un magnifique exemple que vous servez avec passion et avec cœur, mais comme a su le rappeler le Président Mitterrand  en 1982 lors de son discours historique à la Knesset, le parlement d’Israël, les vrais amis doivent pouvoir aussi se dire leurs désaccords.

Alors Madame la Ministre, ne melons pas, ne melons plus nos votes, à l’ONU, à l’UNESCO, dans les instances internationales du sport ou de la culture, et aussi de la francophonie, ne melons plus nos voix  et nos votes à celles des États voyous.

Nous n’avons rien de commun avec eux, nous sommes le pays des droits de l’homme, nous élevons la justice et le droit au sommet, nous nourrissons des débats de sociétés de très haut niveau pendant que d’autres sont en totale régression.

Comment accepter de participer à des réunions sportives ou culturelles aux cotés d’États voyous qui, de plus exigent l’exclusion de leur voisin !

Il ne peut y avoir de justification aux compromissions morales, nous n’achèterons jamais la paix et le progrès au prix de compromissions, vous l’avez exprimé pour nos banlieues, c’est encore plus vrai aujourd’hui.

Nous savons combien il est difficile de faire passer à l’opinion des réalités complexes, l’information aujourd’hui est faite de flash ou l’immédiateté se dispute à la simplification.

Alors, ayons un discours simple, ferme, un discours clair, seul compréhensible rapidement par tous.

Et c’est un Juif qui le dit aujourd’hui, nous qui sommes pétris de distanciation, de réflexions, de philosophie, nous disons aujourd’hui que le temps nous est compté et quand je dis nous c’est le citoyen français qui parle.

Nous  avons tous rêvé de convaincre par l’intelligence, rendons-nous à l’évidence, les médias ne nous aident pas vers cette intelligence.

C’est avec rigueur et détermination que nous devons ensemble porter les valeurs auxquelles nous croyons, ces valeurs qui ont fait de la France un peuple, une nation.

Nous devons nous ressaisir, reprendre ce flambeau de la liberté et dire et redire à tous que partout dans le monde la France ne tolérera pas les violences faites aux femmes, les interdits culturels, les exclusions de minorités, les interdits religieux et les exclusions religieuses.

Il y a urgence, nous avons besoin de signes forts.

Et ces signes forts seront ceux-là mêmes qui apporteront les indispensables progrès vers le vivre ensemble que nous appelons de nos vœux.

Lorsque certains maires ont soutenu le combat pour la libération de Gilad Chalit, et je dois rendre hommage à Notre Maire Christian Estrosi qui est de ceux-là ainsi qu’à Monsieur Brochand à Cannes, et également Monsieur Delanoë et ils n’étaient pas nombreux.

C’était difficile à faire admettre à certains agitateurs, mais au final ne sortons-nous pas  TOUS  grandi de cette bataille ?

Ces batailles symboliques nous devons les mener, nous  devons nous porter toujours du côté de la démocratie, de l’éthique et de la morale universelle.

Je dois vous dire Madame la Ministre le plaisir que nous avons à vous recevoir, nous voyons en vous le pont, le lien à reconstruire dans notre société fracturée.

Il y a urgence, nous avons besoin de signes forts, car les extrêmes de délectent du moment qui se rapproche où ils pourront reprendre ce combat à leur compte.

C’est donc avec une rigueur accrue,  et une détermination sans faille que nous  serons à vos côtés pour   porter, les valeurs auxquelles nous croyons, ces valeurs de la République que nous partageons et qui ont fait de la France un peuple uni, une nation rayonnante où la culture a su élever santé, raison et niveau de vie.

Mais également nous ne laisserons pas la place que nous avons construite ensemble sombrer sous les coups des ennemis de la liberté.

Photo : pour illustration uniquement (dîner 2011).