Le CRIF en action
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Publié le 22 Juillet 2013

Discours de François Guguenheim, vice président du Comité Français pour Yad Vashem

Si nous avons rappelé la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l’Etat français, nous sommes ici aussi pour honorer la mémoire des « Justes » de France, « ceux qui ont  été des lumières dans la nuit de la Shoah, comme il est écrit au Panthéon, ces   «  Justes parmi les Nations » selon la dénomination officielle de l’état d’Israël.

Cette transmission des valeurs, cela s’appelle la civilisation contre la barbarie : c’est la preuve que la morale a fini par gagner contre l’innommable, mais au prix de combien de vies innocentes massacrées : six millions dont un million et demi d’enfants

Aussi je souhaite, pour ma part, au nom du Comité français pour Yad Vashem, rappeler combien ce travail de  reconnaissance envers les Justes  est au cœur de notre mission ; comme il est au cœur de la mission  de l’Institut Yad Vashem à Jérusalem ; comme il est au cœur de celles et ceux qui leur doivent la vie ; comme enfin il doit être au cœur de tous ceux qui, hier comme aujourd’hui, admirent leur courage et leur générosité  quand la barbarie était monnaie courante.

 

Qui étaient-ils ? Paysans, instituteurs, religieux, ouvriers, grands bourgeois, petits fonctionnaires, gendarmes, cheminots…. tous ont pris l’immense risque de n’écouter que leur conscience, au péril de leur propre vie, pour protéger, cacher, nourrir, loger et sauver ces êtres, ces milliers d’enfants traqués,  pourchassés par les nazis et le gouvernement de Vichy,  pour la seule raison d’être nés de religion juive.

 

Chaque année, ce sont de nouvelles histoires extraordinaires que nous découvrons. Ce sont des  enfants ou des petits enfants qui en  France, en Israël, au  Canada, en Australie, découvrent les enfants et petits-enfants des Français  qui sauvèrent leurs parents et  grands-parents. Et tout à l’heure, l’une d’entre elles, Sabine Gagnier, petite fille du  Pasteur Pierre Gagnier et de son épouse Hélène, prendra a parole, elle qui fut du voyage  des descendants des Justes de France en Israël,  un voyage que nous organisons ensemble avec la Fondation France-Israël.

 

Mais cette année, c’est une autre histoire dont je veux dire quelques mots car elle nous redonne espoir et foi dans les valeurs de la République, dans l’humanité : je veux parler  du voyage que nous venons d’organiser avec  plus de vingt maires de France à Jérusalem.

 

Quarante sept villes font aujourd’hui partie du réseau des Villes et Villages des Justes parmi les Nations que nous venons de créer. Je souhaite les remercier, remercier ces villes et communes  de France qui ont décidé de rendre hommage  aux Justes parmi les Nations, dans une rue, sur une place, dans un jardin. Et nous verrons demain, à l’entrée de ces villes et villages, un panneau avec le logo de Yad Vashem et le texte « Réseau des Villes et Villages des Justes parmi les Nations » panneau qui honorera ces communes

 

Aussi j’invite ces deux mille communes et villes de France qui ont, par le passé, honoré un ou plusieurs Justes, à rejoindre ce Réseau afin de rappeler à leurs concitoyens, et surtout aux jeunes générations, que l’histoire de la Shoah doit être dite et redite avec  ses pages d’ombre terrible mais aussi ses pages de lumière : dire qu’ici et là, partout en France, mais pas uniquement en France, il y a eu des héros individuels  qui ont su agir au nom de leur conscience ; rappeler  aussi qu’il n’y a pas eu que des héros mais aussi des traitres, des complices, des lâches, des indifférents, des racistes et des antisémites.

 

Cet enseignement citoyen  permettra de lutter constamment contre les idées de celles et ceux qui veulent entretenir le négationnisme et refusent les valeurs de la République française bafouées pendant cette période de 1930-1945.

 

Avec toutes ces villes et communes de France, nous enseignerons aux nouvelles générations qu’elles doivent à apprendre l’histoire, l’histoire avec ses bourreaux mais aussi ses héros.

 

Et parmi ces héros, il y eut le Pasteur Pierre Gagnier et son épouse Hélène, nommés Justes parmi les Nations.  Je suis donc très heureux de passer la parole à leur  petite fille, Madame Sabine Gagnier.

 

Que les enfants et petits-enfants de ceux qui furent sauvés n’oublient  jamais ceux qui les sauvèrent.  Qu’ils le racontent à leur tour à leurs enfants et à leurs petits-enfants.

 

Que les enfants et petits-enfants des Justes parmi les Nations transmettent la merveilleuse histoire de leurs parents ou grands-parents, dont ils peuvent être fiers, à leurs propres enfants et petits-enfants.

 

Cette transmission des valeurs, cela s’appelle la civilisation contre la barbarie : c’est la preuve que la morale a fini par gagner contre l’innommable, mais au prix de combien de vies innocentes massacrées : six millions dont un million et demi d’enfants.

 

Monsieur le Ministre, Mesdames Messieurs, notre mission est permanente, elle ne doit jamais cesser.