Le CRIF en action
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Publié le 12 Février 2013

Discours de l’Ambassadeur David Killion, Délégué permanent des États-Unis d’Amérique auprès de l’UNESCO, au cours de la visite de la délégation américaine

 

Paris, le 6 février 2013

 

Merci, Richard, très célèbre président du   CRIF, Ron Lauder, Richard Stone.

Invités distingués, amis de longue date (comme Dan Mariaschin) et nouveaux amis, mesdames et messieurs. C'est un honneur d'être ici avec mon cher collègue et partenaire israélien l’Ambassadeur Nimrod Barkan.  Nous avons vécu de nombreuses batailles diplomatiques ensemble et, je suis heureux de dire  que nous avons partagé des victoires, dont certaines très improbables. Il n'y a personne avec qui je préfèrerai partager la scène. 

 

Je voudrais me concentrer aujourd'hui sur certaines de ces batailles et de ces victoires, et sur la raison pour laquelle l'engagement américain à l'UNESCO est si important à notre travail, nous travaillons à promouvoir et à protéger les intérêts des États-Unis et d'Israël.

 

L'UNESCO a été créée au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, dans le but de veiller à ce que les atrocités de cette guerre - y compris la perte de six millions de Juifs durant l'Holocauste - ne se répètent jamais.

 

Mon mentor, le grand et regretté Tom Lantos, était fermement convaincu que la communauté internationale a la responsabilité de prévenir de futurs génocides, et la capacité à promouvoir la compréhension mutuelle et la paix. C'est cette conviction qui a alimenté le désir de Tom à faire revenir les États-Unis à l'UNESCO.

 

Parce que Tom croyait fermement en l’opportunité que l'ONU fournit aux États-Unis pour faire avancer la liberté humaine, il fut profondément peiné quand les États-Unis abandonnèrent l'UNESCO en 1983.

 

Quand j'ai rejoint son équipe au Congrès en 2001, Tom m'a fait asseoir comme il le faisait souvent et m'a demandé de développer une stratégie pour faire retourner les États-Unis à l'UNESCO. Dans le cadre de cette stratégie, nous avons introduit et aidé à l’adoption de la législation qui a autorisé le Président Bush à faire revenir les États-Unis au sein de l'organisation.

 

Après que Tom ait personnellement exhorté le Président à utiliser l'autorité législative que nous avions prévue, il a salué la décision du président Bush de rejoindre l'organisation en 2002. Tom a déclaré que les programmes de l'UNESCO « visant à promouvoir la compréhension entre les cultures sont un atout essentiel dans notre effort mondial pour vaincre la haine qui engendre le terrorisme ».

 

Depuis ce temps, les États-Unis ont utilisé avec succès leur engagement à l'UNESCO de la façon dont Tom l'avait envisagé - à promouvoir la dignité et la liberté humaine.

Nous l'avons fait à présent sous deux administrations, l’une républicaine et l’autre démocrate, ce qui démontre la valeur d'une approche multilatérale forte, et nous nous concentrons sur les domaines où l'UNESCO dispose d'une capacité unique.

 

Un excellent exemple - L'UNESCO est la seule agence des Nations Unies avec un mandat spécifique afin de promouvoir l'éducation sur l’Holocauste. Les États-Unis et Israël ont réussi à obtenir un appui unanime à ce programme, et ses efforts pilotes de l'an dernier se sont déjà montrés très rentables.

 

Suite aux initiatives de sensibilisation de l'UNESCO en Afrique, les gouvernements du Rwanda, de la République du Congo et de douze autres pays ont décidé d'inclure l'histoire de l'Holocauste dans leurs programmes scolaires pour prévenir de futurs génocides.

 

L'UNESCO s’associe avec la Shoah Fondation de USC, le United States Holocaust Memorial Museum et Yad Vashem à Jérusalem pour élargir la portée de son travail, et ciblera bientôt l'Amérique latine pour sa prochaine campagne de sensibilisation à l'Holocauste.

 

De plus, la semaine dernière, l'UNESCO a organisé sa commémoration annuelle de l'Holocauste, qui comprenait, durant cette journée des événements, des interventions du Président de la Bulgarie, de Samuel Pisar, qui est Ambassadeur honoraire et Envoyé spécial de l'UNESCO pour l’Éducation sur l'Holocauste, et de l'Ambassadeur Barkan.

 

Comme vous le savez, beaucoup de luttes dans lesquelles nous nous engageons le sont avec les Palestiniens. Alors que nous étions profondément déçus qu'ils soient devenus membres de l'UNESCO, nous avons été encouragés par le niveau de soutien que nous avons reçu, à tenter ici de repousser leur admission.  À Paris, ils n'ont reçu que 107 votes, à New York en novembre dernier lors de l'Assemblée générale, ils en ont obtenu 138. L'UNESCO est un lieu où certains pays membres cherchent vraiment à éviter la politisation gratuite; nous saisissons cette occasion à chaque fois que nous pouvons le faire.

 

Plus récemment, en octobre dernier les Palestiniens et leurs alliés arabes ont mis en avant cinq résolutions anti-israéliennes calomnieuses. Des actions pour lesquelles, ils se sont déjà distingués dans le passé. Lors de toutes les précédentes tentatives à faire avancer des décisions prônant l’attaque d’Israël, les États-Unis ont été les seuls à voter systématiquement contre ces abominations.

 

Notre vote «non» a été la seule raison contre toute mise en œuvre de ces décisions.  La Directrice-Générale considère que notre vote "non" montre que les décisions n'ont pas été prises par consensus; et que donc, n’ayant pas d’instructions claires pour agir,  elle ne peut pas agir.  Une des conséquences est que nous avons empêché l'UNESCO d'envoyer plusieurs émissaires de type "Goldstone" en Israël, au grand dam des Palestiniens. 

 

Une victoire sans précédent cependant, a eu lieu en octobre dernier quand les pays arabes ont présenté des projets de décisions qui étaient des plus critiques à l’égard d’Israël.  La Russie, cherchant à éviter cette politisation répétitive, a suggéré que l'UNESCO reporte toute action.

 

Appuyés par le Brésil et la Chine, nous avons saisi l'opportunité d'associer d'autres pays et avons été en mesure d’infliger aux Palestiniens une défaite cuisante, par un vote de 28 voix  à 23. Une victoire historique pour les États-Unis et Israël.  L'ancien ministre des Affaires étrangères d'Israël, Avigdor Lieberman, a immédiatement salué cette victoire à l'automne dernier et a cité comme exemple principal, cet engagement fort pour Israël, sur la scène internationale.

 

Unique au sein de la famille des Nations Unies, l'UNESCO nous donne aussi la possibilité de construire la paix par la promotion et la défense des fondements de notre civilisation : l’éducation, la science, la communication et la culture.

Une façon de promouvoir la paix, c'est aussi de s'attaquer à l’extrémisme islamique, chose que nous poussons l'UNESCO à faire en permanence.

 

En décembre, suite à nos conseils, le président pakistanais Asif Ali Zardari est venu à l'UNESCO pour rendre hommage au courage de Malala - la jeune fille pakistanaise qui a été blessée par balle, par les talibans, pour avoir insisté sur son droit d’aller à l'école. Cet événement a été similaire à une révolution. Le Pakistan a enfin tenu tête aux talibans sur la scène mondiale et s'est également engagé à envoyer plus de 3 millions de fillettes à l'école.

 

Au Mali, la directrice générale de l'UNESCO Irina Bokova, est à la pointe de l'effort mondial pour la lutte contre l'intolérance et l'extrémisme religieux.  Ce week-end, elle est allée à Tombouctou, avec le président français,  François Hollande, afin d’aider à préserver les anciens manuscrits religieux et également pour souligner les horreurs que les extrémistes islamiques ont imposées à notre patrimoine mondial commun.

 

La directrice générale s'emploie aussi à faire face aux négationnistes. En 2011, elle a dirigé une délégation interconfessionnelle au camp de la mort d'Auschwitz-Birkenau avec des survivants de l'Holocauste, des religieux musulmans et de nombreuses personnalités politiques et religieuses, dont l'Ambassadeur Pisar et moi-même étions membres.

Tandis que nous traversions le camp à pied, l'un des dignitaires religieux musulmans - le Mufti de Bosnie-Herzégovine - se tourna vers moi en disant: «Je voulais voir ça de mes propres yeux, pour que je puisse enseigner aux autres le mal de la haine. Cela ne devrait plus jamais se reproduire, contre personne. "

 

Qu'un tel groupe se soit réuni avec l'aide de l'UNESCO pour partager cette expérience était en soi, une étape importante dans notre rapprochement des objectifs de réconciliation et de paix.

 

Le soutien du Directeur général pour la sensibilisation sur l’Holocauste est un témoignage de son engagement envers la valeur fondamentale de l'UNESCO, qui est de promouvoir la paix dans l'esprit des hommes et des femmes. Heureusement, nous avons un défenseur très positif en Irina Bokova à la tête de l'UNESCO.

 

Son leadership, cependant, n'était pas une fatalité.  Menant campagne contre elle en 2009 Farouk Hosni, ministre égyptien de la Culture, avait promis publiquement de brûler tous les livres israéliens qu'il trouverait dans les bibliothèques égyptiennes. Sa victoire potentielle, comme l’a dit Élie Wiesel, aurait été un «désastre moral».

 

L’un des accomplissements dont je suis le plus fier est d’avoir aidé à orchestrer sa défaite, après une course serrée de cinq tours…

 

Hosni devait gagner, mais il s’est trouvé à égalité avec Bokova après le quatrième tour, et elle a finalement gagné par quatre voix, au cinquième tour.  J'aime à croire que mon expérience de lobbying sur le « Hill » et mon activisme ont contribué à influencer certains de ces derniers votes, et je porte bien entendu comme un insigne honneur, les attaques personnelles de Hosni à mon égard, après sa défaite.

 

Nous avons également rassemblé des alliés quand le gouvernement iranien a tenté de détourner la Journée mondiale de la philosophie de l'UNESCO à ses propres fins répressives.  L'événement est censé honorer philosophes, enseignants et autres penseurs qui exercent et défendent la liberté d'expression. Des philosophes et des groupes de droits humains ont été scandalisés que l'UNESCO puisse considérer le coparrainage de cet événement majeur, avec le régime iranien.

 

Nous joignant à Israël et à d'autres pays aux vues convergentes, nous avons insisté pour que l'UNESCO retire son appui à cet événement.  En fin de compte, nous avons réussi à faire en sorte que l'UNESCO retire son co-parrainage de l'événement iranien et se dissocie des politiques éducatives répressives de l'Iran.

 

De plus, quand l’on a su que l'UNESCO avait financé en partie une revue palestinienne qui avait publié un essai écrit par une adolescente qui citait Adolf Hitler, comme l’un de ses quatre modèles, nous avons immédiatement protesté auprès de l'UNESCO. À son crédit, le directeur général a immédiatement suspendu tout financement de cette revue, et l'UNESCO a condamné l’ouvrage et a coupé toute relation avec cette publication.

 

Tant de fois nous avons eu à jouer en défense, mais il existe aussi à Paris, beaucoup de possibilités de mener l’offensive.  L’une des solutions est l'utilisation des nombreux outils de l'UNESCO pour la promotion des droits de l'homme et des valeurs démocratiques. Le Programme international du développement de la Communication de l'UNESCO donne des fonds pour soutenir et renforcer les médias indépendants à travers le monde.

 

Il s'agit notamment de programmes au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, où ces projets promeuvent la liberté d'expression dans les pays touchés par le printemps arabe.

 

Je vais prendre un moment pour souligner certaines des autres actions importantes que fait l'UNESCO pour promouvoir activement la paix, les droits de l'homme, et les partenariats mondiaux, grâce à la pression américaine.

 

•          L'UNESCO est à la tête des systèmes mondiaux d'alerte aux tsunamis.

 

•          L'UNESCO a découvert un réservoir d'eau massive sous l’Afrique orientale, qui pourrait changer la donne, pour cette région frappée par la sécheresse.

 

•          L'UNESCO enseigne la démocratie aux jeunes en Tunisie, en Égypte et au Maroc.

 

•          L'UNESCO réinsère des combattants en Libye.

 

•          L'UNESCO apprend à la police afghane à lire.

 

•          L'UNESCO soutient la collaboration scientifique au Moyen-Orient par le biais du projet SÉSAME, qui regroupe des scientifiques en provenance de Jordanie, d’Israël et des Territoires palestiniens.

 

•          Il fait également la promotion des partenariats public-privé avec des entreprises américaines clés, y compris avec Apple, Google, Procter & Gamble et Microsoft.

 

Et nous avons été en mesure de soutenir ces programmes et bien d'autres, en faisant appel à un large éventail de puissants alliés. Nous avons collaboré avec l'ancienne première dame Laura Bush pour promouvoir l'alphabétisation et avec l'ancien secrétaire d'État américaine Hillary Clinton pour l'éducation des filles.

 

Marianne Pearl, la veuve du journaliste assassiné Daniel Pearl, travaille avec nous pour faire avancer la liberté de la presse mondiale.

 

Herbie Hancock et Forest Whitaker sont nos deux Ambassadeurs américains de bonne volonté à l'UNESCO, avec Herbie qui promeut la paix à travers le jazz et Forest qui avance des programmes pour la résolution des conflits et la consolidation de la paix dans des pays déchirés par la guerre.

 

Mais notre travail le plus rapproché est avec nos alliés israéliens, et je voudrais donner à l'Ambassadeur Barkan l’occasion de partager ses réflexions.