Le CRIF en action
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Publié le 25 Avril 2014

Discours de Roger Cukierman, Président du CRIF, prononcé à l'occasion de la commémoration de la révolte du ghetto de Varsovie

Jeudi 24 avril 2014, a eu lieu au Mémorial de la Shoah à Paris, à l’initiative de la Commission du Souvenir du CRIF, présidée par M. Claude Hampel, la cérémonie annuelle de commémoration de la révolte du ghetto de Varsovie, en présence du Président du CRIF Roger Cukierman, accompagné de son Directeur éxécutif Robert Ejnes, des Ambassadeurs d’Israël et de Pologne, Yossi Gal et Tomasz Orłowski, du Président du FSJU Ariel Goldmann, du Président de l’UEJF, Sacha Reingewirtz, de Zvi Tal, Ministre plénipotentiaire près l'ambassade d'Israël à Paris, des représentants des rescapés du ghetto de Varsovie et des associations. Ci-après le discours du Président du CRIF.

Les combattants des ghettos se sont levés, sachant que leur combat était désespéré, mais fiers d’être Juifs. Ils ont surgi de la nuit, du fond du puits, de la mort, pour nous montrer à nous leurs enfants, qu’il y a toujours de l’espoir quand on a le courage de dire non. Ils étaient les annonciateurs de la création de l’Etat  d’Israël si longtemps espéré. C’est l’exemple de leur courage qui a guidé les pas des fondateurs de l’Etat d’Israël. 

Ce que ces hommes, ces femmes, ces enfants ont subi dans ces ghettos était inhumain. Le ghetto c’était d’abord la faim, cette faim permanente, lancinante, ce désir constant de manger, n’importe quoi, cette faim qui réduit puis détruit l’esprit, qui fait de vous un animal.

Le ghetto, c’était aussi la maladie, les épidémies.

Le ghetto, c’était l’indifférence des autres,  l’isolement,  le silence du monde, l’enfermement.

C’était une immense prison. C’était la souffrance morale d’être abaissé, avili. C’était la perte progressive, inéluctable de l’espoir, des raisons de vivre. La souffrance physique, la faim, c’est momentané. Mais le sentiment  d’avoir été  dégradé, déshonoré, abaissé, cela c’est une souffrance morale qui ne s’efface pas, et qui rend particulièrement intolérable le discours négationniste.

On les a déshumanisés peu à peu, affamés, réduits à être des sous hommes, ils étaient mûrs pour la mort, mais avec toujours un petit espoir qui aurait pu anéantir les velléités de rébellion.

Et parmi ces combattants tous ces enfants à qui on a volé leur jeunesse, morts  sans bar mitzva, sans que leurs parents puissent les emmener à la Houpa, sans qu’ils puissent jamais fonder un foyer et avoir à leur tour des enfants.

Mais où étaient ceux qui auraient pu bombarder les rails, les gares, les camps de déportés, où étaient Roosevelt, Churchill, Staline, où étaient les héroïques résistants polonais qui auraient pu fournir des armes ? Certes, il y a eu en Pologne 5.000 Justes Polonais. C’est un chiffre considérable. Nous leur devons une profonde reconnaissance. Mais c’est peu quand on pense aux 3 millions de Juifs polonais, aux 6 millions de martyrs juifs ?

Et comment expliquer que le monde n’ait rien voulu entendre ? Pourquoi les Américains ont-ils été sourds au cri d’angoisse lancé par Karski qui avait réussi à entrer puis à sortir du Ghetto de Varsovie, et qui a essayé, en vain,  de convaincre et les Juifs américains, et les Gouvernements alliés de l’extermination  qui était en cours ?

Dans cette abomination, les Juifs étaient enfermés dans les ghettos, affamés, condamnés, abandonnés, et , à mains nues, avec des cocktails Molotov, ils  se sont attaqués au monstre nazi, pour l’honneur, par fierté d’être juifs.

Ils ont marqué la renaissance du peuple juif, le refus de l’anéantissement, le courage de mourir debout. Ces 600 combattants du Ghetto de Varsovie ont été les premiers dans cette horrible guerre mondiale à organiser une révolte armée contre l’oppresseur, avant même la résistance française, et avant les résistants yougoslaves de Tito. Ils ont écrit pendant un mois entier l’une des pages les plus héroïques de l’histoire humaine.

L’Etat d’Israël est aujourd’hui entouré d’ennemis, qui rêvent de sa disparition. Le peuple d’Israël n’a pas d’autre choix que de lutter avec courage et détermination pour sa survie. Il descend directement des héros des ghettos. Nous devons aux uns comme aux autres,  respect, fidélité, et amour, car ils nous ont donné, ils nous donnent  la fierté d’être juifs.

CRIF