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Ce que ces hommes, ces femmes, ces enfants ont subi dans ces ghettos était inhumain. Le ghetto c’était d’abord la faim, cette faim permanente, lancinante, ce désir constant de manger, n’importe quoi, cette faim qui réduit puis détruit l’esprit, qui fait de vous un animal.
Le ghetto, c’était aussi la maladie, les épidémies.
Le ghetto, c’était l’indifférence des autres, l’isolement, le silence du monde, l’enfermement.
C’était une immense prison. C’était la souffrance morale d’être abaissé, avili. C’était la perte progressive, inéluctable de l’espoir, des raisons de vivre. La souffrance physique, la faim, c’est momentané. Mais le sentiment d’avoir été dégradé, déshonoré, abaissé, cela c’est une souffrance morale qui ne s’efface pas, et qui rend particulièrement intolérable le discours négationniste.
On les a déshumanisés peu à peu, affamés, réduits à être des sous hommes, ils étaient mûrs pour la mort, mais avec toujours un petit espoir qui aurait pu anéantir les velléités de rébellion.
Et parmi ces combattants tous ces enfants à qui on a volé leur jeunesse, morts sans bar mitzva, sans que leurs parents puissent les emmener à la Houpa, sans qu’ils puissent jamais fonder un foyer et avoir à leur tour des enfants.
Mais où étaient ceux qui auraient pu bombarder les rails, les gares, les camps de déportés, où étaient Roosevelt, Churchill, Staline, où étaient les héroïques résistants polonais qui auraient pu fournir des armes ? Certes, il y a eu en Pologne 5.000 Justes Polonais. C’est un chiffre considérable. Nous leur devons une profonde reconnaissance. Mais c’est peu quand on pense aux 3 millions de Juifs polonais, aux 6 millions de martyrs juifs ?
Et comment expliquer que le monde n’ait rien voulu entendre ? Pourquoi les Américains ont-ils été sourds au cri d’angoisse lancé par Karski qui avait réussi à entrer puis à sortir du Ghetto de Varsovie, et qui a essayé, en vain, de convaincre et les Juifs américains, et les Gouvernements alliés de l’extermination qui était en cours ?
Dans cette abomination, les Juifs étaient enfermés dans les ghettos, affamés, condamnés, abandonnés, et , à mains nues, avec des cocktails Molotov, ils se sont attaqués au monstre nazi, pour l’honneur, par fierté d’être juifs.
Ils ont marqué la renaissance du peuple juif, le refus de l’anéantissement, le courage de mourir debout. Ces 600 combattants du Ghetto de Varsovie ont été les premiers dans cette horrible guerre mondiale à organiser une révolte armée contre l’oppresseur, avant même la résistance française, et avant les résistants yougoslaves de Tito. Ils ont écrit pendant un mois entier l’une des pages les plus héroïques de l’histoire humaine.
L’Etat d’Israël est aujourd’hui entouré d’ennemis, qui rêvent de sa disparition. Le peuple d’Israël n’a pas d’autre choix que de lutter avec courage et détermination pour sa survie. Il descend directement des héros des ghettos. Nous devons aux uns comme aux autres, respect, fidélité, et amour, car ils nous ont donné, ils nous donnent la fierté d’être juifs.