Le CRIF en action
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Publié le 11 Décembre 2013

Henri Guaino et Daniel Michel invités de la Commission d’Études Politiques du CRIF

Après Jorge Semprun, la Commission d’Études Politiques du CRIF présidée par le Pr Raoul Ghozlan a reçu, à l’occasion du centenaire de la naissance d’Albert Camus, deux invités : Henri Guaino, Député UMP des Yvelines, Ancien Conseiller spécial du Président Nicolas Sarkozy et auteur de « Albert Camus, discours imaginaire au Panthéon », et Daniel Michel, Ancien Président de la Chaîne Parlementaire (L.C.P). Fondateur d’I Télé et auteur d’une Tribune : « Albert Camus : un journaliste exemplaire ? ».

Je suis sioniste ; il est légitime que les Juifs aient droit à leur Terre et il est légitime qu’ils puissent construire cet État d’Israël

C’est en accompagnant le Président Sarkozy à Tipaza en Algérie qu’Henri Guaino, frustré de ne pas lui avoir rendu hommage, a écrit le « Discours imaginaire au Panthéon ». Il a reconnu que Camus était en contradiction avec l’intelligentsia de l’époque qui soutenait le marxisme et du stalinisme et qu’il était tout sauf un idéologue. Il avait un profond désaccord avec Jean Paul Sartre qui passait son temps à « donner des leçons ».

 

Albert Camus sera confronté toute sa vie à la tragédie grecque : il refuse la violence et il refuse d’assassiner son prochain ; il récuse la torture et le terrorisme ; on lui reproche d’ailleurs d’être un auteur « colonialiste ». Il a cette fameuse phrase lorsqu’il est interviewé lors de la remise du prix Nobel en 1956 : « Si par souci de justice, une bombe devait exploser dans un tramway et tuer ma mère ; entre la justice et ma mère, je choisirais alors ma mère. »

 

Puis Daniel Michel a évoqué les rapports d’Albert Camus avec la presse. Il est devenu journaliste beaucoup plus par nécessité que par choix. Il commence à travailler à « Alger Républicain » aux côtés de son ami Pascal Pia. Pour Camus, être journaliste c’est aussi un moyen de laisser « exploser » sa soif de vérité. Pour Camus : Un journaliste qui n’a pas de culture ne peut pas être un journaliste de l’instant. L’Algérie, sa Terre natale, fera toujours partie de ses tourments comme des ses éclairs de lucidité. Camus était un penseur universel à l’encontre de Sartre qui était un « propagandiste ».

 

Enfin Raoul Ghozlan a évoqué les liens entre Albert Camus, les Juifs et Israël. Il a rappelé que le 3 octobre 1940, on assiste à l’annulation du Décret Crémieux. À cette période, André Benichou, Professeur de Philosophie au Lycée Lamoricière à Oran crée un cours privé et recrute Albert Camus comme Professeur de Français. Pour sa tuberculose pulmonaire, il est soigné dans un premier temps par le Docteur Cohen. Puis il quitte l’Algérie pour Chambon sur Lignon où il va retrouver André Chouraqui, c’est là qu’André Chouraqui qui étudiait la Bible indique à Albert Camus les passages qui traitent de la « Peste » dans la Bible. Par ailleurs, à propos des victimes Juives de la Seconde Guerre Mondiale, Albert Camus est le seul écrivain français avec Claudel à avoir, dès 1946, parlé du silence du Pape devant la Shoah.

 

À propos de la naissance de l’État d’Israël, il faut rappeler les reportages chaleureux de « Combat ». Michel Onfray cite Camus qui avait dit « je suis sioniste ; il est légitime que les Juifs aient droit à leur Terre et il est légitime qu’ils puissent construire cet État d’Israël. » Il dit à propos des survivants de la Shoah qui construisent Israël : « Il serait juste et bon que leurs fils créent  la patrie que nous n’avons pas su leur donner. » Comme il ne savait pas s’il était Algérien d’origine française ou Français d’origine Pied Noire, il faisait un parallèle avec Moise « Était-il le fils de Pharaon ? », «  Était-il le fils d’un hébreu récupéré par la fille de Pharaon ? »

 

Par Raoul Ghozlan