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Pourquoi ce dîner à Lille ?
« Nous les développons dans nos 13 délégations régionales. Le dîner du Nord -Pas-de-Calais devrait devenir annuel. Il s’agit de montrer nos préoccupations, comme la montée de l’antisémitisme ou le souhait de développer les jumelages Lille-Safed et du Nord avec la vallée du Jourdain. Le sens de ce dîner, c’est l’ouverture. Ces réunions sont toujours très consensuelles. »
Trop ?
« Lors du dîner de 2010, Martine Aubry (absente cette année) s’était opposée au boycott des produits israéliens : c’est l’occasion de dire des choses importantes pour la prise de conscience. Il n’y a rien de pire que le repli sur soi, la lutte contre le racisme et l’antisémitisme devrait être désignée cause nationale. »
Ressentez-vous une recrudescence ?
« Plus de 50 % des actes racistes et xénophobes en France sont commis contre la communauté juive, qui ne représente que 1 % de la population. Ils n’augmentent pas forcément et on ne peut pas dire que la France, dont les gouvernants martèlent que l’antisémitisme est contraire aux lois de la République, est antisémite. Mais c’est aussi une question de ressenti. On le mesure notamment par le taux de pénétration du FN, même si ce parti n’est pas dirigé par des antisémites. Marine Le Pen est très prudente, mais on sait très bien qu’au sein de ce parti il y a des partisans pétainistes et qu’elle n’a jamais désavoué les propos de son père pour lesquels il a été condamné. L’autre problème, c’est l’extrême gauche où il n’est pas de bon ton d’être antisémite, mais antisioniste oui. Ce qui est pour nous le nouvel habit de l’antisémitisme »… Lire la suite.
– Comment réunissez-vous un tel casting de personnalités ?
« On prête beaucoup plus d’influence aux Juifs qu’ils n’en ont réellement ! On imagine sans doute qu’on a un poids électoral alors qu’on est peu nombreux. La communauté juive soutient la prééminence de la loi du pays sur la loi religieuse. Les politiques prennent les décisions, mais nous pouvons apporter quelque chose à la société sur le plan du vivre ensemble. »
– Ni le CFCM ni le CRAN (1) n’organisent de dîner…
« Nous dialoguons avec toutes les autres religions. Avec la religion catholique, les relations, fraternelles, sont exemplaires. Idem avec les protestants. Avec le CFCM et des imams comme Hassan Chalghoumi (pourfendeur à Drancy de l’intégrisme musulman), les relations sont amicales. Ce que je regrette, c’est que l’influence de ces imams ne soit pas encore suffisante en banlieue, où les actes antisémites sont souvent commis par des jeunes issus de l’immigration… Eux-mêmes victimes du racisme. »
1. Conseil français du culte musulman et Conseil représentatif des associations des Noires de France.
Photo : Stéphane Mortagne