Le CRIF en action
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Publié le 22 Novembre 2012

Message de Dafna Poznanski, députée des français de l’etranger, lu lors de la soirée d’hommage à Itshak Rabin et pour la paix

Je vous écris de Tel Aviv. Lorsque j'ai ouvert le 15 novembre la porte de mon appartement, la sirène a retenti. J'ai poussé ma valise à l'intérieur et je suis retournée dans la cage d'escalier, les réflexes de la Guerre du Golfe I fonctionnant encore.
 

Chantez, chantez donc une chanson pour la paix

Depuis des jours, le sud d'Israel vit sous les roquettes. Il faut avoir vécu cette sensation pour comprendre à quel point l'intelligence et les tripes se révulsent aux sons des sirènes. De nouveau, le scénario du pire va faire la une des journaux et animera les émissions de télévision. Je suis toujours agacée lorsque les journalistes francais omettent de préciser quels sont les responsables de ce nouveau round, en l'occurrence, le Hamas. Vous l'avouerai-je, Gaza est pour moi un mot synonyme de déception. Après le retrait unilatéral israélien de Gaza voulu par Sharon, les Gazaouites auraient pu, auraient dû construire un Singapour. Avec les fonds des pays du Golfe, avec la bonne formation de leurs élites, -on le sait peu, les Palestiniens sont les plus diplômés au Proche-Orient-, un Singapour était à portée de main. Mais non, les Palestiniens de Gaza ont préféré se servir de leur territoire pour lancer des roquettes sur Sderot, ville bombardée pendant plus de huit ans d'affilée puis, au fur et à mesure de leurs acquisitions d'armement, ils ont élargi leur champ de tir. Ashkelon, Ashdod etc...Depuis le 15 novembre, ils nous confirment, nous nous en doutions, qu'ils disposent de roquettes à longue portée pouvant atteindre Tel Aviv. On peut aimer la paix et dire : Israël doit assurer la protection  de ses citoyens. Ceux-ci doivent pouvoir vivre sans avoir à courir vers les abris ou les cages d'escalier, ils doivent pouvoir aller à leur travail normalement, leurs enfants doivent pouvoir se rendre dans les écoles normalement. Israël a le droit de se défendre. 


À l'heure ou j'écris, impossible de savoir si nous irons vers une nouvelle guerre ou si les rumeurs de çessez-le-feu se confirmeront. Je pense à ma ville,  Tel Aviv, je la connais bien, C'est une belle insouciante qui se moque de tout, y compris des roquettes. Mais comme les villes du sud d'Israel, Tel Aviv jamais ne pliera. Gaza non plus ne pliera pas. Les Gazaouites sont lancés par leurs dirigeants dans un nouveau cycle de violences. Je pense aux enfants d'Israel quand retentissent les sirènes. Je pense à ceux de Gaza. Ce doit être la même incompréhension devant le monde tumultueux que les adultes se bâtissent.

Je me souviens d'un homme qui avait pensé à tous ces enfants. Un général qui avait compris qu'on ne fait la paix qu'avec ses ennemis. Je me souviens d'Itzhak Rabin. Comme il manque à l'histoire d'Israël. Il y a laissé un trou béant, tracé par les trois balles qui l'ont tué. J'étais alors à 50 mètres de lui, et je chantais avec lui et avec d'autres Français d'Israël le Chant de la Paix. Du centre et du sud d'Israël bombardé, je vous le livre : 

Que le soleil se lève,

qu’il donne sa lumière au matin,
la prière la plus pure
ne nous fera jamais renaître.

Celui à qui on a éteint la flamme
et qui a été enterré dans la poussière
ne sera jamais reveillé d'un cri amer,
il ne renaîtra jamais.

Personne ne nous ressuscitera
de la sombre fosse de la mort,
pas même les cris de victoire
ni les chants de louange.

Chantez, chantez donc une chanson pour la paix,
ne murmurez pas de prières.
Il vaut mieux chanter une chanson pour la paix
avec un seul grand cri.

Que le soleil 
transperce les fleurs,
ne regardez pas à l’arrière,
laissez en paix ceux qui sont morts

Levez vos yeux avec espoir,
pas à travers les collimateurs.
Chantez une chanson à l’amour
et non aux guerres.

Ne dites jamais “le jour viendra où”,
mais apportez ce jour
car ce n’est pas un rêve.
Et dans toutes les places de la ville
ne fêtez que la paix.

Chantez, chantez donc une chanson pour la paix,
ne murmurez pas de prières.
Il vaut mieux chanter une chanson pour la paix
avec un seul grand cri.