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Le judaïsme de France se sent suffisamment sûr de sa très ancienne tradition pour enrichir notre pays de son apport culturel et non le défier
L’âme de la France, trahie malheureusement par cette part d’elle-même qui a collaboré avec l’occupant nazi, réclame qu’elle rejette de tout son cœur, de toute son âme et de toutes ses forces l’antisémitisme.
Je suis blessée de tels actes, et un seul suffirait à soulever mon émotion, ma colère, ma nausée. Ce terme de nausée évoque Jean-Paul Sartre : je partage l’analyse qu’il développe dans ses Réflexions sur la question juive. De même que les antisémites se plaisent à décrire et caricaturer le juif, Jean-Paul Sartre avait peint l’antisémite type. Un apologue de l’homme moyen, de la médiocrité comme aboutissement de la dictature de la masse, qui tente en vain de se grandir en haïssant telle ou telle minorité.
Fille aînée de l’Église, la France a, depuis Vatican II, rétabli le fil qui arrime l’Ancien et le Nouveau Testament. À l’exception de quelques réfractaires extrêmes, l’Église enseigne depuis plus de cinquante ans le respect du judaïsme, la fraternité et la reconnaissance à l’égard des frères aînés.
Aujourd’hui l’antisémitisme n’est plus ni chrétien, ni de droite, mais il est surtout islamiste. Antisioniste, anticapitaliste, antiaméricain. Il relève toujours d’un même réflexe pervers d’une masse, qui doutant de son statut, craignant que la crise économique ne la prolétarise, s’en prend à un bouc-émissaire jugé élitiste. Il est classique que les mêmes s’en prennent à la République, à ses institutions, à ses représentants.
Mohammed Merah a assassiné au même moment des enfants juifs et des soldats musulmans de l’armée française. La communauté juive, la Chrétienté, la communauté musulmane dans son immense majorité, et notre République se trouvent face à un ennemi commun : un Islam radical très minoritaire, qui détient aujourd’hui le monopole planétaire de tuer par fanatisme religieux.
Nous devons donc lutter avec pragmatisme et sans naïveté contre les manifestations nouvelles de toutes les dérives extrémistes. C’est la raison pour laquelle j’ai par exemple défendu, lors des débats sur le projet de loi antiterroriste, des amendements visant à pénaliser la consultation des sites internet faisant l’apologie du terrorisme : des sites sur lesquels un internaute peut apprendre à construire des bombes tout en s’endoctrinant d’idéologie djihadiste. Nous ne pouvons accepter que la liberté qu’offre internet soit ainsi dévoyée au service des croyances mortifères.
De même, je me suis dressée comme un rempart contre toutes les compromissions avec l’extrême droite, fussent-elles simplement dans la pensée et le propos.
Le mouvement que j’ai fondé s’appelle la France Droite, non pas seulement pour signifier que l’extrême droite n’est pas une variante de la droite, mais aussi pour exprimer la clarté : je ne veux pas d’une droite qui se contorsionne en refusant les alliances électorales avec le FN, mais en empruntant ses mots. Je veux une droite claire avec ses valeurs et ses principes, qui ne se compromette pas dans le discours tendancieux de la haine de l’autre. Une droite responsable qui sache parler des sujets qui préoccupent nos concitoyens, sans jamais sacrifier à l’idéologie des porteurs de songes creux.
C’est d’ailleurs là que je ne rejoins pas Sartre : à celui qui écrivait que « L’enfer, c’est les autres », j’oppose le credo de Saint-Exupéry, pour qui « si tu diffères de moi, mon frère, loin de me léser, tu m’enrichis ».
Ma conviction sur ces thèmes est très simple et très claire. On le sait, je suis habitée par le souci de l’écologie, qui n’est ni plus ni moins qu’un combat pour préserver la diversité des espèces animales et végétales. Ma pensée est la même en ce qui concerne la diversité des cultures, des traditions religieuses, des racines. Notre planète est belle et riche de sa diversité.
Tout mon engagement politique est au service de cette richesse. La tradition juive a traversé les millénaires, a résisté aux persécutions, aux massacres, et à la pression constante de l’assimilation pure et simple. Je respecte cette lignée et son message. Et je respecte tout autant cet hommage à la République Française, qui est rendu tous les shabbats dans les synagogues. Car la République laïque doit protéger sa diversité culturelle, mais aussi refuser catégoriquement les communautarismes sectaires qui rejettent ses principes fondamentaux.
Comme le Dieu Unique, la République est Une et Indivisible. Le judaïsme de France se sent suffisamment sûr de sa très ancienne tradition pour enrichir notre pays de son apport culturel et non le défier. Nicolas Sarkozy évoquait souvent les origines judéo-chrétiennes de notre pays. Je me réclame sur ce plan aussi de sa vision. Et tant qu’il me sera donné d’avoir une existence politique, je défendrai ce principe fort et simple : que chacun, en France, ait pleinement le droit d’être ce qu’il est.