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La présidente du CRIF Rhône-Alpes, Nicole Bornstein, a présenté Zvi Tal à l’assemblée. Né en Belgique, ayant fait ses études de droit et de sciences politiques à Jérusalem, avocat au Barreau de Jérusalem et polyglotte accompli (Français, Flamand, Anglais, Italien, Hébreu), il a débuté sa carrière diplomatique en Belgique en 1988, avant de devenir conseiller à l’Ambassade d’Israël auprès du Saint-Siège (Rome) en 1999, puis, en 2006, ministre-conseiller, chef adjoint de la Mission d’Israël auprès de l’UE. Zvi Tal officie à l’Ambassade d’Israël à Paris depuis août 2012.
Répondant aux questions de la présidente régionale, le ministre a remarquablement analysé la vision israélienne de la situation actuelle du Moyen-Orient. Parlant d’« un monde« apolaire » » pour débuter son exposé, il s’est tout d’abord interrogé sur la multiplicité grandissante des clivages : « Le clash entre les deux grands courants de l’Islam, cette fracture, s’est matérialisé en opposant les extrêmes. C’est le cas en Syrie. L’Arabie Saoudite et le Qatar s’y opposent de même. La Turquie y a échoué à imposer son modèle de « néo-ottomanisme ». La Russie y possède, certes, des enjeux stratégiques (avec la base militaire navale de Tartous), mais pas seulement », a expliqué Zvi Tal, évoquant l’importance de la « dimension psychologique » : « La nostalgie de la grandeur perdue d’un État et le fait que Vladimir Poutine se soit senti écarté - en particulier par la France - au moment de la Guerre en Libye, ces facteurs nourrissent la volonté russe de « peser son poids » aujourd’hui en Syrie. Et puis, il y a les rebelles. Al Nosra vient tout juste, il y a deux jours, d’être inscrite sur la liste des organisations terroristes de l’ONU. Comment a-t-on fait cela, alors que le Hezbollah demeure intouchable ? », s’est interrogé le ministre. Puis, évoquant les centaines de djihadistes français en Syrie et les craintes de la France de les voir revenir sur son territoire, il a expliqué la nécessité d’une réflexion pour déterminer comment il sera possible d’entamer des poursuites criminelles contre ces activistes partis combattre Assad alors qu’ils ne sont affiliés à aucun mouvement terroriste. « Non, cette situation en Syrie ne sera pas à l’avantage d’Israël, ni de personne, si elle dure », a insisté Zvi Tal. « Le Chaos n’est un bon scénario pour personne, surtout lorsque nous voyons que ce sont les djihadistes qui sont les mieux organisés et les mieux implantés, en Syrie, dans le Sinaï, mais aussi à Gaza (ou ils représentent aujourd’hui un problème plus menaçant que le Hamas). Alors, quelle est la menace la plus grande pour Israël ? Je dirais simplement : les missiles, toutes origines confondues », a poursuivi le ministre.
Évoquant l’Égypte et la Jordanie : « Les relations sont maintenues du point de vue militaire et du renseignement, mais rien sur le plan politique… L’enjeu est la stabilité des régimes en place ». Puis, évoquant le Maghreb : « C’est une grande déception pour les Israéliens. Nous avions placé beaucoup d’espoirs et d’intérêts avec la Tunisie et le Maroc. Israël fait partie de l’Union pour la Méditerranée depuis 1995 et le débat va bon cours à Jérusalem s’il faut rester oui ou non dans ce projet, qui reste pourtant aujourd’hui la seule enceinte au sein de laquelle des représentants israéliens peuvent siéger avec des représentants des pays du Maghreb, et où parfois des liens se tissent… Nous sommes prêts à partager notre savoir-faire, dans les domaines de l’eau et des énergies renouvelables, même si cela ne peut pas se faire directement pour l’instant. Sur le sujet de la Turquie, le ministre a évoqué, sans être totalement optimiste, « un mieux » dans les relations avec Israël. Puis, abordant le problème iranien, Zvi Tal a rendu hommage à l’intransigeance de la France, supérieure à celle des États-Unis, sur le sujet nucléaire. Enfin, sur la question palestinienne, le ministre a cité Shlomo Ben Ami : « « Si nous aspirons à la normalisation, si nous voulons être accueillis au sein des nations « as like-minded », nous devons nous débarrasser de cette bosse sur notre dos » qu’est l’administration des territoires. Nous avons aujourd’hui l’espoir d’une reprise des négociations avec des paramètres acquis », a-t-il insisté.