Editorial du président
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Publié le 29 Janvier 2010

Auschwitz : questions sans réponses, par Haïm Musicant

Que ressent-on quand on participe à la commémoration officielle de la libération du camp d’Auschwitz-Birkenau ?




Les pensées s’entrechoquent, les idées ont du mal à se mettre en place.



Face à cette immensité enneigée sur laquelle le soleil brille de façon indécente, ce 27 janvier 2010, mais ne parvient pas à faire remonter la température qui oscille entre moins vingt et moins dix-sept degrés, on médite, on s’interroge, on se désespère peut-être aussi.



Comment et pourquoi une telle tragédie organisée industriellement a-t-elle été possible au vingtième siècle, promis au progrès et à la culture ?



Dieu était-il absent, ou comme l’a dit Jorge Semprun, « tant qu’il y aura des hommes, il y aura Dieu » ? Comment des déportés ont-ils pu trouver la force de résister au froid, à la faim, à la maladie, aux supplices ? Comment la perversité humaine a-t-elle pu concevoir des camps d’extermination, des chambres à gaz, des fours crématoires… concevoir une « solution finale » ? Comment ne pas admirer Simone Veil, Yvette Levy, Jules Fajnstan et d’autres rescapés, revenus soixante-cinq ans plus tard sur le lieu du plus grand des crimes ? Comment ne pas rendre hommage à Elie Wiesel, Serge Klarsfeld, Claude Lanzmann et tous ces passeurs de mémoire ?



Comment ne pas se dire que nous sommes trop souvent englués dans le dérisoire ? A Auschwitz, tous les juifs étaient égaux : les pauvres et les riches, les croyants et les incroyants, les ashkénazes et les sépharades…



Et tant d’autres questions sans réponses…



En écoutant les propos de Donald Tusk, le Premier ministre polonais (« pourquoi le monde n’a-t-il rien fait ? »), on peut s’interroger et on doit se révolter face aux nouveaux silences et aux nouvelles lâchetés qui pèsent sur le monde, et pas seulement sur Israël et les juifs.



Benjamin Netanyahu a apporté le discours ferme qu’on attendait. En hébreu, le Premier ministre israélien a pris un engagement : ne jamais permettre que « de mauvaises mains étranglent à nouveau le peuple juif ».



Haim Musicant



Photo : D.R.