Editorial du président
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Publié le 8 Juin 2010

Et pendant ce temps, on massacre tranquillement… Par Marc Knobel

Dans une sorte d’orgie collective, les médias internationaux se sont rués sur l’occasion, car l’occasion était sûrement trop bonne. Il fallait un coupable. Il fallait déposer sur l’autel de l’hystérie collective ce nouveau « nazi », entendez par là, l’Israélien. Alors, pendant une semaine, les médias s’en sont donnés à cœur joie, consacrant la presque totalité des journaux télévisés à la flottille de Gaza, imaginant des Unes morbides et assassines, allumant dans un énorme brasier, le bûcher en sorcellerie contre la société israélienne, rendue collectivement coupable.




Il y a de quoi avoir peur, après avoir lu, entendu et vu un tel déferlement, un tel matraquage. Que les Israéliens commettent des erreurs, que l’on doive déplorer des victimes, et qu’il faille faire la paix, tout cela est entendu. Il y a en Israël une raison d’Etat, comme dans n’importe quel autre pays au monde (en France, aussi). Et si les Israéliens commettent des erreurs, leurs voisins arabes et les palestiniens -faut-il le rappeler ?- ne sont pas et n’ont jamais été des enfants de cœur.



Dans le même temps, on apprend que près de 600 personnes sont mortes dans des combats au Darfour, en mai, selon l’ONU. Il s’agit du mois le plus meurtrier depuis le déploiement en 2008 de la mission de paix hybride dans cette région de l’ouest du Soudan. Combien de lignes, allez-vous consacrer à cette tragédie ? Vous intéresse-t-elle ? Et, combien serez-vous à manifester votre désapprobation et votre honte ? A n’en point douter (lorsque l’on parle du Darfour), la presse internationale est relativement discrète, préférant et de loin couvrir les sempiternelles rebondissements du conflit israélo-palestinien.



Ne nous méprenons pas et ne me faîtes pas dire ce que je ne dis pas. Il n’est pas question de taire le conflit israélo-arabe. La presse -et c’est son honneur- doit continuer de le couvrir. J’ajoute que beaucoup de journalistes savent raison garder, ils commentent les événements avec beaucoup de retenue, de sérieux et de méticulosité.



Seulement, l’internationalisation de la cause palestinienne -qui doit rendre jaloux plus d’un mouvement de libération nationale (les Irlandais, les Corses, les Basques, Les Calédoniens, les Antillais, les Sahraouis, les Tibétains…)- frise l’hystérie. Nous ne sommes plus dans la retenue, mais dans le tout compassionnel et Israël jouit d’un « traitement de faveur », si je puis parler ainsi.



Israël est sacrifié par les bonnes consciences internationales. Du coup, Israël se rétracte car il estime -à tort ou à raison- être assiégé : le mal aimé de la communauté internationale.



Finalement il y a lieu de s’interroger. La punition collective est-elle juste ? Les réprimandes, les récriminations, les critiques ou les attaques, les insultes permanentes sont-elles si productives que cela ?



J’ai envie de dire alors, comme cela, qu’on ne tire pas « sur un homme blessé». Que les fossoyeurs si emprunts de religiosité lorsqu’ils parlent du conflit israélo-palestinien, veuillent bien faire preuve d’une once de retenue.



Vous ne gagnerez rien à nazifier Israël, vous ne servirez que les intérêts des propagandistes du Hamas, du Hezbollah et des pasdarans ! Vous ne gagnerez rien à punir collectivement un peuple ! Vous ne gagnerez rien à continuellement décréter le bien et le mal, vous ne gagnerez rien à distiller des bons points aux uns et à punir de vos plumes acides les autres.



Ne vous en déplaise, le conflit israélo-palestinien dans son infinie complexité mérite une analyse plus scrupuleuse.



Marc Knobel



Photo : D.R.