Editorial du président
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Publié le 26 Janvier 2010

Ici, «on ne fait rentrer ni les Arabes, ni les Roumains»

Cette nuit du 12 septembre 2009, Mohamed s'est senti « humilié, ridiculisé », rapporte le quotidien en ligne PresseOcean.fr, du 26 janvier 2009. Ce Nantais de 45 ans, qui donne bénévolement des cours de français à des demandeurs d'asile, a raconté devant le tribunal comment il s'est vu refuser une entrée dans la boîte de nuit amarré au bassin Saint-Félix, à Nantes. « On ne fait rentrer ni les Arabes, ni les Roumains. Ce sont les ordres », lui assène le portier ce soir-là.




Le patron de l'établissement, âgé de 55 ans est poursuivi pour discrimination raciale. Il était présent hier à la barre. « Il ne s'agit pas de refuser des communautés, mais d'être vigilants, car on sait qu'elles ont une fâcheuse tendance à... ». La présidente le coupe alors sèchement. « Attention ! Je vous mets en garde : le tribunal ne pourra pas tolérer de propos racistes ».



Le patron tente d'expliquer que Mohamed s'est présenté au mauvais moment. « Mais c'est toujours le mauvais moment, s'emporte la présidente départementale de la Licra, en marge de l'audience. Que ce soit pour l'emploi, le logement ou les entrées en discothèque ! ». Le tribunal condamne le patron à une amende de 2000 euros, à verser la même somme à la victime au titre du préjudice moral ainsi qu'un euro symbolique à la Licra.



Cette histoire pourrait paraître anecdotique, elle ne l’est pas.



Elle est extrêmement grave. Combien de nos compatriotes se voient ainsi discriminés, en raison de leur couleur de peau, de leur sexe ou de leur nom de famille ? Et, même si tous les actes de discriminations ne sont pas obligatoirement racistes, il faut rappeler que, selon une étude publiée par l’Observatoire des discriminations, les populations maghrébines sont actuellement les plus discriminées en France. Par ailleurs, les populations étrangères sont en effet victimes de préjugés culturels, alors que souvent, parmi elles, se trouvent des personnes vivant en France depuis toujours. Différents facteurs véhiculent une mauvaise image de ces populations qui en subissent le contrecoup, notamment au stade de l’embauche. Ainsi, il n’est pas rare d’entendre : « mon cv n’a pas été retenu à cause de mon nom et de ma photo »



Je rappelle que le système de l'intégration « à la française » est basé sur une idée généreuse : ne pas faire, ne plus faire de distinction entre les (anciens) étrangers et les (nouveaux) citoyens. Alors, il faut répéter avec force que les discriminations et l’exclusion n’ont pas leur place en République.



Marc Knobel