Editorial du président
|
Publié le 26 Août 2010

La mémoire qui s’estompe, par Haïm Musicant

Nous étions côte à côte, Mgr André Vingt-Trois, cardinal archevêque de Paris et président de la Conférence épiscopale ; le Docteur Dalil Boubakeur, recteur de la Mosquée de Paris ; Joël Mergui, président du Consistoire central et pour le CRIF, Francis Kalifat, qui représentait Richard Prasquier, Claude Hampel, et l’auteur de ces lignes.




Avec des centaines, voir des milliers de Parisiens, de tout âges, nous étions réunis mercredi 25 Août, sur le parvis de l’Hôtel de Ville à l’occasion du 66ème anniversaire de la libération de Paris.



La ville de Paris, libérée le 25 août 1944 par la 2ème DB du Général Leclerc et par le peuple de Paris insurgé avec l’appui des forces alliées, a reçu, suivant la volonté du Général de Gaulle, la croix de la Libération.



De nombreuses personnalités, dont bien sûr Bertrand Delanoë, maire de Paris, Hubert Falco, secrétaire d’Etat à la défense, ainsi que Michel Gaudin, préfet de police, ont honoré cette émouvante cérémonie de leur présence.



Accompagné par un montage audio-visuel qui évoquait les heures sombres et la libération de Paris, plusieurs compagnons de la Libération ont pris la parole pour dire ce que furent ces jours tragiques et héroïques, ainsi que Florence Desindes, lauréate du Concours national de la résistance.



Dans une brochure distribuée aux participants, la persécution antisémite à Paris a été largement évoquée. Dans la préface, Bertrand Delanoë écrit :
« Pour défendre leur capitale, leur pays et les valeurs essentielles de l’Humanité, des femmes et des hommes, venus de tous horizons, se sont levés avec courage, jusqu’à l’héroïsme. Des milliers ont péri dans les rues et sur les barricades dressées dans Paris au cours de ce mois d’Août 1944.Jamais nous n’oublierons, ni le martyre de nos concitoyens juifs, ni les souffrances endurées, ni le message d’espoir et de volonté légué par tous ceux qui combattirent. Cet ouvrage est là pour témoigner de notre reconnaissance envers ceux à qui nous devons notre bien le plus précieux : la liberté ».



Une cérémonie émouvante, mais un bémol. Pas une ligne dans la presse quotidienne du jeudi 26 août. Oubliée la libération ? Un non événement ?



Prenons garde. La mémoire s’estompe, les nouvelles générations sont de moins en moins concernées, et si les médias et pas seulement eux, ne remplissent pas leur rôle, que retiendra de ces pages qui font honneur à la France ?



Photo : D.R.