Editorial du président
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Publié le 2 Juin 2010

Lorsque les mots dépassent l’entendement … Par Marc Knobel

Lu sur le site de la Campagne Civile Internationale de Protection du Peuple Palestinien (CCIPPP) (une ONG pro palestinienne française): « Un État criminel et voyou. Ce ne sont pas des mots de colère face au nouveau crime israélien. Pas uniquement, même si la colère est totalement justifiée. Mais ce sont les adjectifs qui caractérisent cet Etat. Israël n’arrive à vivre que par le crime : du crime originel de la Naqba, aux expropriations ininterrompues des terres, aux expulsions des Palestiniens, aux massacres qui, chacun, porte un nom. Cette fois, la tuerie s’est produite dans les eaux internationales, visant des militants de 40 pays, dont des Américains et des Européens. C’est un Etat raciste en plus : le plan israélien avait prévu d’attaquer avec une particulière violence le navire turc, et de tirer en plein sur ses voyageurs ! Ce sont finalement des sous-hommes puisque essentiellement des Turcs ! Exactement comme le sont les Palestiniens ou les libanais aux yeux d’Israël… En fait, Israël veut être totalement libre : libre de tuer comme il l’entend, de nier l’existence du peuple palestinien comme il l’entend, ou de nier son humanité en en disposant comme bon lui semble.»




Lorsque les mots dépassent l’entendement, lorsque les mots deviennent des armes, lorsque les mots cinglent et giclent, lorsque les mots frappent, on perd alors toute décence, on perd alors toute retenue et l’aveuglement devient force de loi.



Ce communiqué qui est signé par la coordination nationale de la CCIPPP en est un bel exemple. Lorsqu’ils parlent d’Israël, les militants ne se contentent pas de jauger d’une politique, de critiquer une politique, non. Il faut assurément qu’ils aillent plus loin, qu’ils frappent plus fort et qu’ils nazifient Israël. Comment expliquer par exemple le terme de « sous-hommes » qui est utilisé dans ce texte ? Rappelons qu’Untermensch (en français sous-homme) a été un terme introduit par l'idéologie raciste nazie par opposition au concept introduit par Friedrich Nietzsche d’Übermensch (en français surhomme).



Suivant en ceci les théories racistes du XIXe siècle qui interprétèrent abusivement la théorie de l'évolution de Charles Darwin comme une justification morale du principe de sélection naturelle, l’idéologie nazie considérait que les peuples germaniques - dits de Race aryenne - constituaient la race des seigneurs, tandis que tous les autres représentaient des races inférieures à des degrés divers. En particulier, les Juifs, les Slaves et les Tziganes.



On comprend bien alors pourquoi le CCIPPP utilise ce terme !



Et finalement, le problème avec le conflit israélo-palestinien, c’est l’incroyable disproportion, la folie furieuse qui gagne les commentateurs, les Eglises, les militants, lorsque cette région flambe. Nous ne cesserons de dire que si l’on peut critiquer une politique, il faut éviter de se laisser emporter par la haine. Il faut se garder de jeter l’opprobre sur tout un peuple, il faut se méfier aussi de ceux qui, intentionnellement veulent nazifier les Israéliens, tant ils rêveraient que cet Etat disparaisse.



Si nous déplorons TOUS que des hommes aient été tués lors de cet arraisonnement et si chacun peut -au demeurant- penser ce qu’il veut de ce conflit, il faut raison garder ! Raison garder ? Les militants pro palestiniens, les petits casseurs et les petits voyous qui voulaient marcher contre la Synagogue de Strasbourg, avant-hier, sous le prétexte qu’il y a eu des morts à Gaza, ne voulaient pas aider les Gazaouites, mais "casser" un lieu de culte. Parce qu’un Juif, à leurs yeux, est un nazi et parce qu’à leurs yeux, tout Juif est un israélien, bref un nazi.



Photo : D.R.