Editorial du président
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Publié le 1 Juin 2010

Manifestation pro palestinienne à Strasbourg : ils voulaient «casser la synagogue» ! Par Marc Knobel

Selon le bilan dressé hier (31 mai 2010) par la Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme (CNCDH) : en 2009, les actions antisémites ont connu une recrudescence inquiétante lors des premiers mois de l’année 2009. Ce revirement de tendance -cependant confirmé tout au long de l’année écoulée- est attribuée principalement (mais pas exclusivement) aux réactions suscitées par les événements au Proche-Orient (la guerre entre Israël et le Hamas), qui ont entraîné une augmentation considérable du nombre d’actes antisémites (+ 77,5%).




Après les événements qui sont intervenus au large de Gaza, à l’aube du 31 mai 2010, les supporters du Hamas -qui sont sûrement ravis de la tournure des événements- ont commencé à manifester en France (Marseille, Toulouse, Lille, Lyon et Paris.) Mais, c’est à Strasbourg que les événements auraient pu prendre une tournure dramatique.



Le 31 mai, Said Aalla, Président de la Grande Mosquée de Strasbourg publie et signe un communiqué de presse qui est envoyé aux quotidiens régionaux : « La Grande Mosquée de Strasbourg dénonce avec la plus grande fermeté l’agression barbare perpétrée par l’armée israélienne contre la flottille humanitaire internationale qui tentait pacifiquement de briser le blocus inhumain, illégal et injuste imposé à Gaza depuis trois ans. Cette agression a fait de nombreuses victimes innocentes. La Grande Mosquée de Strasbourg exprime son inquiétude et ses craintes quant à l’impact de cette opération irresponsable sur le vivre ensemble. Elle appelle l’ensemble des Strasbourgeois à se rassembler dans le calme et la retenue, ce soir à 18h Place Kléber à Strasbourg. »



Si dans le communiqué de la Grande Mosquée figure et en gras dans le texte un appel à manifester « dans le calme et la retenue », on peut s’interroger néanmoins sur cette formulation inadaptée et étrange : « La Grande Mosquée de Strasbourg exprime son inquiétude et ses craintes quant à l’impact de cette opération irresponsable sur le vivre ensemble. » Faut-il rappeler qu’en général, lorsque l’on évoque le vivre ensemble, on parle de la situation française ?



Bien évidemment, ni nous n’écrivons, ni nous ne suggérons, ni nous n’imputons à la Grande Mosquée de Strasbourg, la responsabilité directe et/ou indirecte des provocations qui ont eu lieu par la suite, lors de la manifestation pro palestinienne.



Si chacun est parfaitement libre d’exprimer son point de vue sur le très médiatisé conflit israélo-palestinien, nous rappellerons simplement qu’il faut éviter de faire (par voie de presse) quelque parallèle que ce soit (implicite ou explicite) entre des événements qui ont lieu à 4000 kilomètres de là, et le vivre ensemble (entre musulmans et juifs), en France. Il est de la responsabilité des leaders communautaires et ou religieux (Juifs, Chrétiens, Musulmans) d’en appeler GRANDEMENT au calme, à la retenue, et de dénoncer systématiquement les violences racistes et/ou antisémites qui pourraient avoir lieu, sur le territoire national, en raison de ces événements.



Retour sur les événements de Strasbourg



Près de 2000 personnes ont manifesté, place Kléber, à l'appel d'organisations pro-palestiniennes rejoints par plusieurs partis de gauche (Les Verts, Parti de Gauche, PCF et NPA), rapporte les Dernières Nouvelles d’Alsace, du 1er juin 2010 et le délégué du CRIF, Pierre Lévy, que nous avons joint par téléphone ce matin. Le cortège, qui devait initialement être statique, a fait le tour du centre ville, aux cris de « Israël assassin », « Nous sommes tous des Palestiniens » ou encore « Libérez la Palestine ».



Après 19h, une foule de 800 personnes a poursuivi la manifestation dans les rues strasbourgeoises. Quelques jeunes se sont masqué le visage et ont commencé à injurier les policiers. Un fonctionnaire a été agressé, obligeant ses collègues à intervenir. Des jets de pierres ont suivi. Des jeunes ont ensuite lancé l'idée d'aller « casser la synagogue », selon les DNA.



A proximité de la place de la République, les policiers ont fait barrage, contraints de faire usage de gaz lacrymogène pour repousser les plus agités. Vers 20h30, de nouveaux heurts opposent une minorité de manifestants aux policiers. Lesquels chargent les fauteurs de troubles, selon les DNA. Au final, trois suspects ont été interpellés et deux vitrines dégradées. Deux personnes ont été prises de malaise, dont l'une a été transportée au CHU de Hautepierre. Les monuments et lieux israélites ont été placés sous haute surveillance (DNA).



Allons-nous revivre le cauchemar des agressions antisémites du mois de janvier 2009 ?



Photo : D.R.