Un clin d’œil d’Afrique du sud, un éditorial de Richard Prasquier

Habillé en treillis militaire, le gardien est noir. A quelques centaines de mètres, sur la mer, c’est Robben Island, où Mandela et ses amis ont été longtemps emprisonnés. Je suis dans la rue Marais (un ingénieur local), Capetown, en Afrique du Sud, dans le quartier de Sea Point où se concentre une grande partie de la population juive de la ville (17000 personnes).

La belle synagogue de la rue Marais est dirigée par le jeune et brillant Rabbin du Habbad, David Wineberg. L’assistance silencieuse et compétente écoute attentivement la lecture de la Thora depuis une Bima à l’opposé de l’Aron hakodesh. Le service se termine par un Adom Olam chanté par le Hazan et le chœur sur une mélodie inattendue, celle du Roi Lion…..

Après le service du Shabbat, accueillie par le Rabbin, une petite fille viendra fêter sa Bat Mitsva à la tribune ….

Tout est pareil, tout est différent en Afrique du Sud, où réside la plus importante communauté juive africaine, l’une des plus sionistes aussi, dont l’histoire et les débats internes sont riches d’enseignements. Les réactions à l’apartheid, terminé depuis 17 ans, les frilosités de la majorité contrastant avec les engagements d’une minorité extrêmement active, les réactions de la communauté envers un de ses membres les plus célèbres, le juge Goldstone, tout cela mérite d’être décrit. Je le ferai dans quelques jours, en m’aidant des informations de la nouvelle et remarquable Présidente du SABJD (South African Board of Jewish Deputees), Mary Kluk, qui habite Durban, la ville de la célèbre conférence.….

Aujourd’hui visite du Musée juif, du centre de l’Holocauste, de la synagogue principale et puis aussi celle du jardin botanique. Demain, retour sur Paris et l’actualité. Du fond de l’Afrique, on est bien informé sur les mensonges et les attaques de cette partie de la presse qui masque son stalinisme sous le couvert du soutien aux Palestiniens. On y sait qu’un juif a été poignardé à Genève et que M. Khayat a tenté d’oublier ses remords de la mort de Mlle Zeitouni par des excès de vitesse sur la Côte d’Azur. On sait aussi que le Quai d’Orsay continue d’appeler Gilo une « colonie ».

Et on y voit aujourd’hui ce petit groupe de fous furieux de Mea Sharim s’affubler de l’étoile jaune en faisant lever les bras à un enfant pour qu’il ressemble à celui du ghetto de Varsovie…. J’aurais préféré commencer l’année sur une autre image, mais l’année 2012, que je souhaite à nos lecteurs aussi bonne que possible, sera à l’évidence agitée…

Nous y ferons notre travail, calmement et fermement.

Richard Prasquier, président du CRIF

Photo : © 2011 Alain Azria