De janvier à fin octobre 2012, on décompte près de 600 missiles et roquettes, et plus de 200 tirs de mortier. Du 10 au 14 novembre 2012, sur 5 jours seulement, 191 tirs de roquettes ou missiles, c'est-à-dire plus que sur l'ensemble des années 2010 et 2011 réunies, ont été tirés depuis Gaza. Ceux qui prétendent qu'Israël a déclenché les opérations actuelles pour des raisons purement électorales devraient méditer ces chiffres et devraient se demander comment la France aurait réagi si un tel nombre de roquettes avait été envoyé sur notre pays par delà ses frontières; oui, je sais, ce cas de figure parait aujourd'hui loufoque, mais il y eut un temps où l'Europe n'était pas ce qu'elle est aujourd’hui. Ce qui nous semble aller tellement de soi qu'on n'y pense plus est l'obligation qui incombe à tout État, d’assurer la sécurité de ses citoyens. Israël qui a quitté la bande de Gaza il y a sept ans, en est là.
Hier, je suis entré au mamad (pièce protégée) au cours d'une alerte une heure après être arrivé chez ma famille dans le sud. Pas d'angoisse, les petits enfants savent ce qu'ils doivent faire et ne pas faire. Non loin de là trois Israéliens ont été tués: les roquettes ne sont pas des jeux d'enfants ou des signaux de détresse envoyés au monde en raison d'une situation intolérable. Ce sont des armes de mort, doublement; qui veulent apporter la mort à l'ennemi israélien, mais aussi apporter la mort en retour, celle du Shahid en cherchant à provoquer des représailles qui vont cimenter des haines, faire oublier les énormes conflits internes, déclencher la commisération générale et renforcer les plus extrémistes. Rien à voir avec la misère ou l'injustice, uniquement la manipulation politico-religieuse, quel qu'en soit son prix humain.
Hier soir aussi, en allant à Jaffa rencontrer les imams français, j'ai entendu le bruit de la fusée qui s'est abimée en mer à quelques centaines de mètres pour la première fois dans la zone de Tel-Aviv. D'un côté ce voyage, beau message de paix et d'espoir, de l'autre la haine inexpiable et la volonté de tuer à tout prix. Qu'on ne s'y trompe pas et qu'on ne joue pas à Ponce Pilate; tout n'est peut-être pas parfait dans la société israélienne, mais rien n'est acceptable dans la société que veut promouvoir le Hamas.