Editorial du président
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Publié le 20 Janvier 2012

Un œil sur la planète: réaction à la décision du CSA

Beaucoup de lecteurs de cette Newsletter se souviennent  de l’émission « Un oeil sur la Planète » de la rédaction de France 2, diffusée le 3 octobre 2011 sous le titre « Un Etat palestinien est-il encore possible ? ». Jamais nous n’avions entendu s’exprimer une stupéfaction et une colère pareilles contre la présentation unilatéralement anti-israélienne des événements. Le CRIF avait, entre autres actions, envoyé une lettre ouverte au président de France Télévisions et une autre au CSA. Nous avions rencontré M. Pfimlin et M. Tuillier à qui nous avions laissé un dossier précis identifiant les points qui nous permettaient d’affirmer que, contrairement aux assertions des auteurs de l’émission, il y avait bien des distorsions des faits et des contradictions avec la propre charte de déontologie que les journalistes s’étaient imposée. Il n’a jamais été répondu spécifiquement à nos remarques.

 

Sur les bases de ce dossier, nous attendions avec confiance les conclusions du CSA. Elles nous ont surpris et déçus. Je m’étais abstenu d’en parler avant de rencontrer M. Michel Boyon et M. Rachid Arhab : la publicité faite ces jours-ci à cette décision me délivre de cet engagement.

 

Je prends acte de cette décision du CSA et je ne vais pas hurler au scandale. Mais d’une certaine façon, c’est plus grave encore. Elle donne l’imprimatur à une information militante, où les faits sont réorganisés pour les insérer dans les idéologies, et où l’option politique est première, comme le pensaient les activistes révolutionnaires des belles années d’avant la chute du mur. De ce point de vue, des journalistes habiles, comme ceux de « Un œil sur la Planète » font ce travail insinuant plus efficacement que les autres.

 

Censure? J’ai beaucoup lu que le CRIF cherchait à censurer l’information et j’ai passablement été insulté à ce sujet: bienvenue à Messieurs les menteurs. Le CRIF demande seulement que l’information soit équilibrée et que le débat soit contradictoire. Il constate que la censure n’est plus beaucoup aujourd’hui du côté de ceux, les gouvernants, qui l’exerçaient hier. Dame Anastasie a changé de rivage.

 

La censure réelle provient en grande part de ceux qui étaient eux-mêmes censurés dans le passé, qui sélectionnent les opinions qu’ils vont promouvoir et qui abandonnent les opinions non conformes au silence ou à la caricature.

 

Au CRIF, nous allons désormais user de notre liberté d’expression pour exposer publiquement nos critiques à l’émission « un Œil sur la Planète ». Pour commencer, que veut dire « Tirer à vue ? ». Est-ce que pour vous, lecteur lambda, cela signifie tirer pour tuer ou au moins tirer pour atteindre ? Alors que penser de ce qu’en dit le passage d’ « Un œil sur la Planète » sur le « no man’s land » de Gaza filmé par ISM qui n’est certes pas une agence d’informations neutre ? Est-ce que le CSA reprend cette définition à son compte ? Il faudrait peut-être demander aux lexicographes de modifier leurs textes.

 

Les mots sont des armes. Une mauvaise expression ajoute aux malheurs du monde, disait Camus.

 

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