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Publié le 13 Mars 2009

Raphaël Haddad : pour que l’antiracisme soit plus qu’une attitude de façade

A l’occasion de l’organisation des 1ères Assises Nationales de la lutte contre les préjugés, dimanche 15 mars 2009 à partir de 10h30 à l'ESG, à Paris, la newsletter du CRIF a rencontré Raphaël Haddad, président de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF), principal initiateur de cet évènement.




Pouvez-vous nous présenter les origines et les objectifs de cette grande journée contre les préjugés ?



Raphaël Haddad : Ce projet est en gestation depuis assez longtemps. Il a été annoncé à la mi-janvier, lorsque j’avais proposé à Fadela Amara d’organiser une réunion à son cabinet avec des associations de quartiers pour essayer d’endiguer la vague d’antisémitisme qui a commencé en France à ce moment là. C’est au sortir de cette réunion de travail que j’ai proposé le projet des assises, qui a été accepté avec enthousiasme. L’objectif de cette journée est celui d’essayer de réfléchir à un grand paradoxe français en termes de lutte contre le racisme, puisque l’on constate aujourd’hui un décalage entre un discours contre le racisme, très répandu en France et très superficiel que tout le monde a bien intégré – il y a vingt ans c’était moins le cas – et une explosion du niveau de l’antisémitisme doublée d’une augmentation du niveau de violence des actes racistes depuis les années 1990. On s’aperçoit aujourd’hui que l’on n’a pas encore trouvé de moyen efficace de lutter contre les discriminations et que le discours antiraciste accepté par tous est un discours de façade. Pour l’UEJF, la raison qui explique ce paradoxe se situe dans le fait que les préjugés sont toujours et extrêmement présents dans les esprits de la société française et qu’à l’heure actuelle ils se renforcent. Le raccourci Juif-Israélien, non seulement est facile, mais il est entretenu par un certain nombre de personnes en France. Je pense à Siné, par exemple, qui fait dans sa tribune le raccourci Juif-argent-pouvoir. Son discours n’est évidemment pas condamnable du point de vue de la loi, mais il reprend avec lui de vieux préjugés qu’il entretient. Nous allons démontrer statistiquement ce décalage, en dévoilant les résultats d’une grande enquête (qui seront publiés parallèlement dans l’édition du Parisien de dimanche 15 mars 2009) de la CSA.



Sur quels sujets sur lesquels vous allez travailler ?



Raphaël Haddad : Les thèmes des ateliers de la journée sont les domaines de l’éducation, de la culture, du sport et de l’emploi. Nous allons tout d’abord essayer de partager une analyse, puisque les associations ont des visions très différentes du phénomène et préconisent des solutions différentes. Nous allons essayer de faire état et de mettre l’accent plutôt sur les points d’accord que de désaccord entre les différentes associations, et d’émettre une ou deux proposition par table ronde, huit propositions en tout, avec lesquelles nous interpellerons les pouvoirs publics pour leur demander d’intervenir. Enfin, en dernière partie de cette journée, nous essaierons de réfléchir à ce qui est et qui sera dans les prochains jours un débat important, celui des statistiques ethniques, puisque le commissaire à la diversité Yazid Sabeg s’apprête à proposer son projet de loi sur ce sujet. Ce débat est l’un des points les plus clivant entre les différentes associations qui participeront aux assises. La question est de savoir si les statistiques ethniques participent du combat contre les préjugés ou, au contraire, les renforcent, et nous allons essayer d’y réfléchir tous ensemble.



Parmi les questions posées dans l’enquête dont les résultats seront dévoilés dimanche par l’UEJF :
On entend parfois les phrases que je vais vous citer dans les discussions des cours d’écoles, dans la rue, dans les cafés…
Pensez-vous, qu’en France, tenir ce genre de propos est considéré comme très grave, assez grave, peu grave ou pas du tout grave ?
Les Juifs ont plus d’influence que les autres dans la finance et les médias.
Les arabes sont plus voleurs que les autres
Les jeunes de banlieue sont plus souvent fainéants que les autres.
Les homosexuels sont plus obsédés par le sexe que les autres.
Les femmes sont moins capables de diriger une entreprise que les hommes.
Les noirs sont plus forts physiquement que les autres
Les blancs sont plus racistes que les autres.
Les étrangers savent mieux profiter du système de protection sociale que les autres.



Photo : D.R.