Actualités
|
Publié le 6 Octobre 2025

2 ans du 7-Octobre – Retour sur la soirée d’hommage aux victimes et de soutien aux otages

Dimanche 5 octobre 2025, le Crif a organisé une soirée d'hommage et de débats en mémoire des victimes du 7-Octobre et en soutien aux otages toujours retenus par le Hamas. Deux ans après le 7-Octobre, plus de 2 000 personnes, de nombreuses personnalités publiques et politiques, et de nombreux ambassadeurs et représentants diplomatiques étaient réunies pour rendre hommage aux victimes et soutenir les otages et leurs familles. Tables rondes, débats, interludes musicales, prises de paroles et lectures ont rythmées cette soirée.

Crédits photos : ©Leah Marciano et ©Alain Azria 

Plus de 2 000 personnes se sont réunies le dimanche 5 octobre 2025 à la salle Pleyel, à Paris, pour rendre hommage aux victimes du 7-Octobre et témoigner leur soutien aux otages et à leurs familles.

 

Un hommage solennel en présence de nombreuses personnalités publiques et politiques 

De nombreuses personnalités étaient présentes, parmi lesquelles Manuel Valls, ministre des Outre-mer, Aurore Bergé, ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations, ainsi que les anciens Premiers ministres Michel Barnier et Bernard Cazeneuve. Étaient également présents Xavier Bertrand, président du conseil régional des Hauts-de-France, Catherine Michaud, déléguée spéciale à la Lutte contre les discriminations, le racisme et l’antisémitisme, représentant Valérie Pécresse, les députés Caroline Yadan, Constance Le Grip, Jérôme Guedj, Emmanuel Grégoire, Joséphine Missoffe, Emmanuelle Hoffmann et Jérémy Patrier-Leitus, ainsi que le sénateur Hervé Marseille et la députée européenne, Nathalie Loiseau.

Ariel Weil, maire de Paris Centre, Jérémy Redler, maire du 16e arrondissement de Paris, et Geoffroy Boulard, maire du 17e arrondissement, étaient également présents.

Mario Stasi, président de la Licra, Ariel Goldmann, président du Fonds social juif unifié (FSJU), Élie Korchia, président du Consistoire central de France, Joël Mergui, président du Consistoire de Paris, et le Grand Rabbin de France, Haïm Korsia, assistaient eux aussi à la cérémonie aux côtés de nombreux représentants des cultes parmi lesquels Christophe Le Sourt, secrétaire général de la Conférence des évêques de France, l’évêque Philippe Marsset et l’imam Hassen Chalghoumi.

Des ambassadeurs et représentants diplomatiques étaient également présents pour rendre hommage aux victimes du 7-Octobre.

Dans la salle, les familles de Karine Journo, franco-israélienne assassinée le 7-Octobre et de Matan Angrest, Evyatar David et Elkana Bohbot, toujours otages à Gaza, étaient également présentes pour assister à cet hommage. Le président du Crif a rappelé que pour ces familles, « chaque heure depuis deux ans est une éternité. [Leur] courage, [leur] ténacité, celles de toutes les familles sont une leçon pour tous ».

 

Le 7-Octobre, une injonction à la responsabilité collective

La voix d’Arthur Essebag a ouvert cette soirée, rappelant que « le 7-Octobre, nous avons assisté a ce que nous pensions être un chapitre de l’histoire, nous découvrons aujourd’hui avec horreur que ce n’en était que le premier paragraphe. Plus que jamais, nous devons rester souder. Aujourd’hui, nous sommes là pour échanger et pour nous souvenir ».

La soirée s’est ensuite ouverte par un film recensant des témoignages et des images des attaques du 7 octobre 2023 en Israël.

Anne Gravoin a ensuite joué le Kaddish de Ravel au violon en hommage aux victimes du 7-Octobre avant qu’une minute de silence soit observée par l’assemblée.

 

 

Le président du Crif a ensuite pris la parole, ouvrant son discours avec ces mots : « Le 7-Octobre, c’était hier. Le 7-Octobre, c’était il y a deux ans.

Deux ans à peine, deux ans déjà. Kfir Bibas n’aura jamais deux ans.
1 200 vies arrachées dont 51 Français. 730 jours de deuil impossible.
251 otages dont 48 toujours retenus à Gaza. 17 000 heures d’angoisse pour leurs proches ». 


Yonathan Arfi a rappelé combien « Le 7-Octobre n’est pas une date. C’est un abîme.
Un abîme où ont été englouties l’allégresse des kibboutz martyrisés et l’insouciance de la jeunesse de Nova. Où se sont brisés l’innocence et les espoirs d’une génération. Un abîme où ont disparu nos certitudes. La certitude qu’après Auschwitz, la barbarie antisémite ne trouverait plus jamais la force de rompre les chaînes qui la retenaient.
Le 7-Octobre n’est pas une date, c'est une onde de choc.
Un séisme dont les répliques se poursuivent partout dans le monde ».

Avec force, il a rappelé que « le 7-Octobre n’est pas une date. C’est une injonction à la responsabilité collective ».

Par ses mots, le président du Crif a conclu son discours : « Ce soir, nous faisons acte de mémoire. Mémoire pour Kfir Bibas et les siens. Mémoire pour 1 200 destins brisés le 7-Octobre et tous ceux emportés en Israël par deux ans de guerre. Mémoire pour les 51 Français auxquels notre pays a rendu un hommage officiel aux Invalides. Mémoire des trop nombreux innocents sacrifiés par l’idéologie mortifère du Hamas. Et nous appelons, encore une fois, à la libération immédiate des otages.
Mais ce soir, nous gardons espoir. L’espoir qu’après cette guerre, enfin, vienne le temps de la paix, une paix juste, une paix durable, entre Israéliens et Palestiniens, libérés du Hamas. Une paix entre Israël et tous ses voisins, pour que toujours vive l’État d’Israël, fidèle à ses valeurs juives et démocratiques.
L’espoir aussi que la France retrouve le chemin de la concorde. Et que les Juifs puissent de nouveau croire sereinement en leur avenir en France ».

 

 

Vous pouvez également lire le discours du président du Crif en intégralité, en cliquant ici.  

 

Keren Ann est ensuite montée sur scène et a chanté L’écho des tirs.

Des extraits du podcast réalisé par le Crif, en partenariat avec « Noé pour la jeunesse », « L’École de la République à l'épreuve de la montée de l'antisémitisme : témoignages d’élèves » ont ensuite été diffusés. Ces podcasts sont des témoignages d’élèves français juifs, scolarisés dans des établissements publics, qui racontent l’antisémitisme auquel ils font face depuis le 7-Octobre, stigmatisés et isolés au sein même des écoles de la République. Vous pouvez découvrir ces témoignages, en cliquant ici.

 

« Antisionisme : le nouveau visage de la haine » 

La première table ronde sur le thème « Antisionisme : le nouveau visage de la haine », animée par Yves Thréard, a réuni Eva Illouz, sociologue, Bruno Tertrais, géopolitologue et Georges Bensoussan, historien.

Sur la géopolitique mondiale, Bruno Tertrais a rappelé combien le 7-Octobre a été à la fois un réalignement, un isolement et un malentendu. Un réalignement car il a été l’occasion pour certains pays de se tourner vers ce qu’ils considèrent comme la cause palestinienne pour leur agenda politique, les images du 7 octobre 2023 disparaissant pour laisser place à l’horreur de la guerre qui a pris tout l’espace. Alors qu’Israël aurait dû être l’Ukraine, un pays attaqué, le pays a été désigné comme la Russie.

Pour la sociologue Eva Illouz, il y a un « avant » et un « après » 7-Octobre pour les Juifs mais aussi pour les démocraties. On fait face à deux réalités très étanches ; Israël est devenu un principe du Mal, une essence maléfique et non plus un pays avec un peuple. On ne critique plus Israël, mais on appelle à une liquidation de l’État israélien et du sionisme. 

Alors que beaucoup ont pris soin, à raison, de ne pas faire d’amalgame entre les islamismes et les musulmans après les attentats de 2015, on assiste aujourd’hui à « un renversement spectaculaire et absurde ». Les Israéliens victimes sont culpabilisés et les Juifs sont devenus coupables d’un crime. Nous sommes face à une « confusion morale » qui a « provoqué un effondrement sémantique » de la sphère politique où les mots ne veulent plus rien dire.

Pour Georges Bensoussan, l’existence même de l’État d’Israël figure toujours comme impensable dans certains espaces mentaux. « L’État d’Israël est une abomination absolue » pour ces esprits.

« On prépare les esprits à la disparition de cette anomalie au coeur du Proche-Orient. » « Si l’accusation de génocide a éclaté dès le 8 octobre 2023 et est reçue et entendue avec autant de gourmandise, c’est parce qu’elle est intensément attendue et désirée, car elle redonne sa légitimité à une haine qu’on pouvait difficilement exprimer après la Seconde Guerre mondiale. »

 

 

Paroles de parents à leurs enfants 

Des textes de parents pour leurs enfants ont ensuite été lus par Mario Stasi, président de la Licra, Ariel Goldmann, président du FSJU, Elie Korchia, président du Consistoire Central de France, Amine El Khatmi, essayiste, Léa Hanoune, vice-présidente de l’Union des Étudiants Juifs de France (UEJF) et Ida Kogel, secrétaire générale de l’Union des lycéens juifs de France (ULJF). 

 

 

« Cette guerre là-bas n’est qu’un prétexte pour importer cette haine ici »

Caroline Fourest a ensuite pris la parole et rappelé combien « il ne devrait pas être nécessaire d’être juif pour ne pas être dupe, pour savoir que cette guerre là-bas n’est qu’un prétexte pour importer cette haine ici ».
 

« Quand je parle de folie et de haine, je parle du fait de s’en prendre à des Juifs parce qu’ils sont juifs, de s’en prendre à des personnalités, de les nazifier, d’en faire des partisans d’un génocide simplement parce qu’ils rendent responsables le Hamas de cette guerre, simplement parce qu’ils refusent que l’on appelle à un cessez-le-feu sans appeler aussi évidemment à la libération de tous les otages, simplement parce qu’ils refusent qu’on emploi le terme de génocide à tord et à travers pour en faire un permis de tuer des Juifs. »

 

 

« La confusion est totale entre l’identité juive, la nationalité israélienne et le présupposé soutien à la guerre »

Joann Sfar a pris à son tour la parole, ouvrant son discours avec ces mots : « j’en ai marre de ce qu’on se prend dans la figure depuis deux ans ». Il est revenu sur les témoignage de centaines de Français juifs qu’il a interviewé depuis le 7-Octobre, « pour la majorité des amoureux de la France ».

« Aujourd’hui, l’identité juive est devenue impossible, qu’on soit un juif ordinaire ou un juif connu. La confusion est totale entre l’identité juive, la nationalité israélienne et le présupposé soutien à la guerre à Gaza. »

Il a rappelé avec force que « 0,6 % des citoyens français ont subit 57 % des agressions racistes du pays parce qu’ils étaient juifs ». La seule question des Français juifs interrogés est la suivante : « ça va s’arrêter quand ? ».
Joann Sfar a conclu avec ces mots forts : « Je souhaite que ce soit un cauchemar […] et que le monde se réveille ».

 

 

« 7-Octobre : un choc français » 

La seconde table ronde sur le thème « 7-Octobre : un choc français » animée par Nathalie Saint-Cricq a réuni Émilie Frèche, écrivaine et scénariste et Raphaël Enthoven, essayiste et philosophe.

Émilie Frèche a rappelé que l’antisémitisme n’est pas arrivé le 7 octobre 2023 mais que le 7-Octobre a été un choc lié au langage. Les mots ont été vidés de leur sens et on a du en faire le deuil, il y a eu un « consensus sur le langage pulvérisé ». Nous sommes face à une « guerre cognitive » qui est devenue criminelle avec l’assassinat de Samuel Paty.

Après le 7-Octobre, une nouvelle arène s’est offerte à l’islamisme.

Raphaël Enthoven est revenu sur son exclusion du salon du livre de Besançon par la maire de la ville. « Ce qui est encourageant, c’est que tout le monde, libraires, écrivains, lecteurs, éditeurs, etc. s’est mobilisé » jusqu’à ce que la maire rétropédale.

Il a redit combien Israël a été diabolisé au point de rendre le 7 octobre 2023 acceptable et digeste. Israël est une démocratie libérale qui se bat pour sa survie et il est « incontestable qu’Israël a le droit d’exister et que son existence est une bénédiction ».

Le Grand Rabbin de France, Haïm Korsia a ensuite lu la prière pour la République avant que La Marseillaise soit entonnée par l’assemblée.

 

 

Espoir et solitude du peuple juif : soutien aux otages

Arthur Essebag a ensuite pris la parole, rappelant combien depuis deux ans, nos coeurs battent au rythme de nouvelles des otages. « Aujourd'hui, en plus du ruban jaune, quelque chose scintille dans la nuit, un souffle, un espoir. » « Les otages, devenus nos enfants, nos frères, nos soeurs, leur visage, leur silence, leurs yeux hagards qui nous regardent encore [...] ils font battre nos coeurs d'une douleur mêlé de chagrin et d'admiration. » « Nous n'oublierons pas mais aujourd'hui nous choisissons la vie, même si cet espoir reste fragile, même s'il tient à une réponse encore incertaine, nous choisissons d'y croire. [...] l'espoir ne meurt pas, même blessé et usé par le temps [...] il est l'ADN du peuple juif et il sera toujours plus fort que la nuit. »

Des textes pour les otages ont ensuite été lu par Sophia Aram, Arthur Essebag et Gérard Darmon.

 

 

L’ambassadeur d’Israël en France, Joshua Zarka a ensuite pris la parole et a redit la « solitude du peuple israélien » et des Juifs du monde. « La communauté juive craint pour sa vie en allant dîner, prier ou en déposant ses enfants à l’école. » « Le 7-Octobre n’est pas qu’une attaque contre Israël, c’était la première étape d’une guerre contre l’Occident et contre nos valeurs. »

 

 

L'espoir en conclusion 

Cette soirée d’hommage et de soutien s’est conclue sur une note d’espoir avec Enrico Macias qui a chanté Quand on a un frère.

 


 

Le Crif restera mobilisé jusqu'à la libération du dernier otage. Chaque vendredi, depuis le mois de novembre 2023, les Mères de l'Espoir soutenues par le Crif et la Wizo, se réunissent place du Trocadéro à Paris pour appeler à la libération des otages. 

La mémoire du 7-Octobre doit rester vivante et la mobilisation pour la libération des otages doit se poursuivre jusqu'à ce que le dernier otage soit libéré. 

 

Vous pouvez revoir cette soirée d'hommage et de soutien en intégralité : 
 

 

 

À lire aussi :