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Nous vivons actuellement la crise la plus grave depuis la fin de la deuxième guerre mondiale. Des Français sont tués parce que juifs. Des militaires sont postés devant les synagogues et les écoles juives. Des enfants juifs quittent les écoles publiques parce qu’ils s’y sentent en danger. Des manifestants crient « mort aux Juifs » dans les rues de Paris.
La crise est ancienne et profonde. Elle est morale, sociale, politique, identitaire… Elle frappe la France et l’Europe. Elle sape la confiance et obscurcit l’avenir. De nombreux Français juifs décident de quitter la France. On ne peut le leur reprocher quand nos enfants doivent être sous protection militaire. Nul ne peut prédire l’issue de la guerre que mènent les djihadistes.
Il est probable que d’autres attentats seront commis contre des Juifs, des policiers, des dessinateurs, des journalistes… contre tous ceux que les islamistes appellent « les croisés ».
Il y a d’autres périls :
La progression de l’extrême droite dans l’opinion publique, danger majeur pour l’avenir de la France.
L’épidémie du BDS qui se répand notamment dans les milieux d’extrême gauche, et alimentent l’antisionisme et donc l’antisémitisme.
Le refroidissement diplomatique entre la France et Israël qui se manifeste par les votes hostiles à Israël de la France à l’ONU et à l’UNESCO, à la différence de nos grands partenaires occidentaux qui soit s’abstiennent soit soutiennent Israël. J’ai eu à ce sujet plusieurs échanges avec M. Fabius et je lui ai rendu visite deux fois en deux mois, avec malheureusement un succès limité, sauf, je le reconnais, sur le sujet du danger nucléaire iranien, il est le seul à être ferme.
Il y a enfin les atteintes aux droits de l’homme, terrain sur lequel nous nous efforçons d’être présents auprès des minorités concernées. Je pense notamment aux Arméniens, aux Chrétiens d’Orient, ou aux massacres en Afrique.
Dans ce tableau très sombre, j’ai deux certitudes : Nous sommes en première ligne ; nous avons longtemps été seuls. Nous sommes, aujourd’hui, plus entourés, notamment grâce à la mobilisation du Président de la République, du Premier Ministre, de la police et de l’armée.
La mise en place des 40 décisions du Premier Ministre qui concernent la lutte contre l’antisémitisme, en est la démonstration.
Nous devons nous battre. Nous devons le faire ici et maintenant. Nous ne devons pas baisser les bras car si nous les baissons, nous laisserons à nos enfants un futur de paria ou d’exilé.
Le CRIF joue un rôle central et essentiel dans ce combat pour notre avenir dans notre pays.
Au cours des deux dernières années, nous avons ouvert et renforcé le CRIF, comme je m’y étais engagé.
Je souhaite aussi préparer l’avenir du CRIF et donner à mon successeur les moyens de réussir.
Aussi je veux vous parler de l’élection qui aura lieu dans un an. Chacun et chacune d’entre nous a le devoir de faire émerger les meilleures candidatures. Notre communauté et notre institution comptent dans leurs rangs des talents qui, je l’espère, se porteront candidats.
Je souhaite que cette élection se déroule dans la dignité, et le respect mutuel ce qui n’a pas toujours été le cas dans le passé. Elle doit être l’occasion de débattre entre des lignes politiques et des projets clairs et différenciés qui renforceront les actions déjà menées.
Le prochain président du CRIF doit gagner sur ses idées, son expérience, ses projets et ses qualités personnelles. Il est, pour moi, évident que nous ne pouvons pas nous permettre une présidence frileuse, et repliée sur elle-même.
Le prochain président devra être à la hauteur de la crise que nous vivons.
La présidence du CRIF est une tâche exaltante, un défi passionnant. Le travail que nous réalisons est non seulement important, mais il est efficace, et il est respecté dans tous les milieux de la société civile, et peut-être même plus encore à l’extérieur de la communauté qu’à l’intérieur.
On nous envie même cette capacité à nous faire entendre.
Alors soyons fiers du CRIF, soyons fiers d’en faire partie, et surtout, n’hésitez pas à vous engager davantage.