Entre 2015 et 2018, les incidents antisémites au Royaume-Uni ont augmenté de 74%.
Photo : Jeremy Corbyn
Publié le 4 septembre dans The Jerusalem Post sous le titre HOW THE UK GOT HERE: THE NORMALIZATION OF ANTISEMITISM IN ENGLAND. Auteur : Josh Lee
Traduction et résumé proposés par le Crif
Auparavant, la puanteur de l'antisémitisme portait atteinte à la crédibilité de toute personne, institution ou parti politique qui en portait la fragance. Une lèpre que tout le monde pouvait voir et éviter comme la peste.
Aujourd'hui, assi douloureux qu’il soit, l’antisémitisme est la nouvelle normalité et la fréquence des incidents est montée en flèche.
Entre 2015 et 2018, les incidents d'antisémitisme au Royaume-Uni ont en effet augmenté de 74%. Coïcidence étrange, en 2015, Jeremy Corbyn a été élu chef de la loyale opposition à Sa Majesté. Son nouveau parti travailliste a été témoin d'innombrables accusations d'antisémitisme, de sorte que la Commission pour l'égalité et les droits de l'homme ait ressenti le besoin d'enquêter sur le parti pour son antisémitisme intrinsèque. Le seule autre parti ayant fait l'objet d'une telle enquête était le parti national britannique, le parti d'extrême droite. Mais est-ce vraiment une surprise ? [...]
En permettant l’élection d’un antisémite, nous disons aux radicaux exilés chez eux que leur haine des Juifs ne doit pas les faire rougir, et - qu'au contraire - ils ont leur place à la tête des parlements. Les actions et l’absence d’action du Parti travailliste de Jeremy Corbyn concernant l’antisémitisme qui leur était imputé ont incité les racistes à sortir de leurs trous et à regagner des plateformes publiques pour inciter davantage à la haine.
Les conséquences sont multiples et la normalisation de l'antisémitisme s'est étendue sur les campus. De Nottingham à Bristol et d’innombrables endroits entre les deux, les enquêtes dans les universités ont révélé que les responsables des associations étudiantes étaient antisémites. Pourtant, aucune mesure n’a été prise.
Après avoir dit à un étudiant juif de "faire comme Israël et de cesser d'exister", les excuses présentées par Omar Chowdhury ont été jugées suffisantes pour lui permettre de continuer à jouer son rôle à Black and Minority Ethnic, l'union des étudiants de l'université de Bristol. Ridicule, non ?
Mais ce n’est qu’un exemple. Des centaines d'incidents se déroulant sur le campus ne bénéficient d'aucune couverture, car l'antisémitisme est attendu et les universités hésitent à agir. Et pourquoi devraient-ils prendre cela au sérieux, alors que nos électeurs et nos dirigeants politiques ne le font pas ?
Ce n'est que lorsque nous commencerons à adopter une véritable approche de tolérance zéro vis-à-vis de l'antisémitisme, non seulement de nom, mais de fond, que nous pourrons commencer à réparer tous les dommages causés par le Parti travailliste de Jeremy Corbyn.
Cela signifie ne pas accepter toutes les excuses pour l'antisémitisme, cela signifie retirer les antisémites de toute position publique depuis lesquelles ils peuvent faire avancer leur programme, et cela ramène notre discours politique à la civilité et au dialogue, comme nous l'avons eu avec le parti travailliste autrefois.
Pour nos campus, il y a de l'espoir. Le ministre des Universités, Chris Skidmore, a écrit aux vice-chanceliers pour affirmer que les universités devaient faire davantage pour éliminer l'antisémitisme sur les campus et adopter la définition de l'antisémitisme établie par l'IHRA. C’est une étape nécessaire pour combattre le climat d’antisémitisme qui submerge nos institutions, mais cela dépendra de la nature innée des vice-chanceliers et de leur choix d’écouter ou non ces appels.
Mon expérience personnelle me dit que, tout comme les cas de Bristol et de Nottingham, nos dirigeants intellectuels hésiteront à agir. La plateforme d'incitation de Jeremy Corbyn a rendu la société britannique plus hostile aux juifs qu'à tout autre moment de l'ère moderne.