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Publié le 24 juillet dans France 3
Karl Münter, 96 ans et ancien SS, est poursuivi pour ses propos lors d’un entretien à la chaîne publique allemande ARD diffusé le 29 novembre 2018, a annoncé selon le Parquet de Hildesheim, ce mercredi 24 juillet. Il avait notamment assuré que le chiffre de 6 millions de Juifs assassinés par les nazis était exagéré.
Cette mise en accusation fait suite à la plainte de familles de victimes du massacre d’Ascq, dans le nord de la France, qui a fait 86 morts civils dans la nuit du 1er au 2 avril 1944 en représailles au déraillement d’un train transportant environ 350 SS.
Ces poursuites permettent aux descendants d’espérer un procès, après leur échec à faire juger cet ancien SS pour son rôle dans la tuerie. En mars 2018, le Parquet allemand avait en effet annoncé l’abandon des poursuites parce que le suspect avait déjà été condamné à mort par contumace par un tribunal militaire en France en 1949 et qu’il ne pouvait donc être jugé une seconde fois pour ces mêmes faits.
Outre ses propos sur l’holocauste, Karl Münter a aussi été mis en accusation pour avoir estimé que les victimes d’Ascq étaient aussi responsables de leur mort. Interrogé par ARD pour savoir s’il regrettait ces événements, l’intéressé avait répondu : « Non pas du tout ! Pourquoi devrais-je regretter ? »
« Il était temps... Enfin, la justice prend en main ce dossier. Et la justice allemande en plus ! C'est une reconnaissance de notre douleur, de tout ce qu'on a vécu, de ce qui n'a jamais été reconnu », a déclaré à l'AFP Jacqueline Ruckebusch-Béghin, fille de l'un des massacrés d'Ascq, aujourd'hui âgée de 77 ans.
Pas certain d'être jugé
Selon le Parquet, l’ancien SS assure qu’il ne se savait pas filmé et enregistré. En cas de condamnation, Karl Münter risque jusqu’à cinq ans d’emprisonnement. En raison de son grand âge, des expertises médicales devront encore être réalisées, attestant de sa capacité à être jugé, avant qu’un procès puisse éventuellement avoir lieu.
Malgré sa condamnation après la guerre, l’ancien SS n’a jamais été emprisonné. Il a vécu dans le nord-ouest de l’Allemagne où il travaillait à la Poste. L’équipe d’ARD qui avait réalisé cette interview a affirmé l’avoir retrouvé alors qu’il participait à une réunion de néo-nazis.
Dans la nuit du 1er au 2 avril 1944, 86 civils avaient été assassinés à Ascq (aujourd'hui Villeneuve-d'Ascq) par des SS en représailles au déraillement d'un train transportant environ 350 SS.