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Publié le 19 novembre dans Le Figaro
«Je vous fais confiance, et ma confiance vous oblige». C'est en ces termes qu'Emmanuel Macron s'est adressé aux représentants de huit des neuf fédérations qui composent le Conseil français du culte musulman (CFCM) - seul l'un d'entre eux était excusé pour raison personnelle. Accompagné de son ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, le président de la République s'est entretenu durant environ deux heures avec ses interlocuteurs, qui ont été reçus à l'Élysée ce mercredi soir. Cette rencontre s'inscrivait dans le cadre de la mission que le chef de l'État a confiée au CFCM, lors de son discours des Mureaux le 2 octobre dernier.
À l'époque, il avait réclamé qu'un projet de «Conseil national des imams» aboutisse en six mois. «Mais entre-temps, il y a eu trois attentats», souligne l'un de ses conseillers, pour expliquer la récente accélération du calendrier. Résultat, Emmanuel Macron a convoqué les neuf fédérations il y a une dizaine de jours, pour leur demander de s'entendre aussi vite que possible sur un «cahier des charges de la formation des imams», calqué sur «le modèle de l'Ordre des avocats ou des médecins». Ce principe étant désormais acté entre eux - «un moment historique» selon l'Élysée -, le président leur a donné deux semaines pour rédiger un document commun.
Ce «code de déontologie, de morale et d'éthique» - dont l'État ne se mêlera pas -, affiche l'ambition de mettre fin aux imams détachés. Il devra se traduire par la création d'une structure pour la formation des imams. Ces derniers seront labélisés, rémunérés, et se verront délivrer une carte officielle. Un règlement intérieur sera également prévu, afin de pouvoir sanctionner et retirer l'agrément de ceux qui tiendraient des propos antirépublicains. Car c'est là l'un des principaux points de vigilance d'Emmanuel Macron. «Il leur a mis la pression là-dessus», confirme son entourage. «Il a insisté sur le fait qu'il fallait lever toutes les ambiguïtés».
Avant de se séparer de ses convives, à qui il a donné rendez-vous dans deux semaines, Emmanuel Macon a salué leur «envie d'avancer» sur ce projet qui «est en germe depuis 1999» et qui était sans cesse abandonné par les gouvernements successifs depuis. «Il y aura ceux qui signeront, et ceux qui ne signeront pas. On en tirera les enseignements. Soit vous êtes avec la République, soit vous n'êtes pas avec la République», a-t-il conclu en substance. Il a ensuite rappelé les grands principes de son projet de loi sur le séparatisme, révélé ce mercredi par Le Figaro , et qui sera présenté en Conseil des ministres le 9 décembre prochain.
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"Cette charte devra affirmer la reconnaissance des valeurs de la République, préciser que l’islam en France est une religion et pas un mouvement politique, et stipuler la fin de l’ingérence ou de l’affiliation à des Etats étrangers. Les fédérations représentées « ont rappelé leur attachement à la France et estimé que c’était le moment historique », pour parvenir à ce but, selon l'Elysée".