Lu dans la presse
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Publié le 17 Juin 2020

France - Les Français plutôt satisfaits du calendrier du déconfinement

La huitième vague du baromètre de l’association Datacovid et d’Ipsos décrit une population pressée de revenir à une vie normale et moins inquiète.

Publié le 17 juin 2020 dans Le Monde

En prenant la parole, dimanche 14 juin, Emmanuel Macron voulait sa part de bonnes nouvelles. Le chef de l’Etat avait incarné la lutte martiale contre le Covid-19 au début du confinement, laissant ensuite son premier ministre, Edouard Philippe, prendre la lumière lors du déconfinement. Cette huitième vague du baromètre élaboré par l’association Datacovid avec Ipsos pour suivre le comportement des Français pendant la crise du Covid-19 le confirme : il vaut mieux être un oiseau de bon augure que de mauvais.

Dans cette enquête, menée à partir d’un échantillon de 5 000 personnes représentatives de la population française, du 5 au 9 juin, la moitié (50 %) des sondés jugent positivement la manière dont le gouvernement « gère actuellement la crise » de l’épidémie. C’est un score nettement plus élevé que celui observé en avril (38 %) lors d’une enquête précédente, réalisée par Ipsos et le Cevipof.

Dans l’ensemble, la population se montre plutôt satisfaite du calendrier décidé par l’exécutif pour le déconfinement. Le constat vaut pour la levée de l’interdiction de déplacement à plus de 100 kilomètres (63 % jugent le timing bon, 18 % trop rapide et 18 % trop lent), pour la réouverture des restaurants et cafés le 2 juin (56 % bon, 26 % trop rapide et 18 % trop lent), pour celle des salles de cinéma le 22 juin (49 %, 35 % et 16 %)…

Pressés de retrouver une vie normale

Deux sujets sensibles demeurent plus clivants : le second tour des municipales et la réouverture progressive de tous les établissements scolaires, le 2 juin. Ainsi, le rendez-vous politique du 28 juin est jugé opportun pour 48 % des sondés, mais prématuré pour 45 % d’entre eux, alors trop tardif pour 7 %. Quant à la reprise des élèves, elle est considérée à 43 % comme trop précoce, à 40 % au bon moment, et à 17 % en retard.

Le baromètre Datacovid montre que les Français sont pour la plupart pressés de retrouver une vie normale et que les freins mentaux régressent. Lorsqu’ils sont mis face à une liste de dix préoccupations, parmi lesquelles ils doivent en choisir trois, les sondés continuent de placer l’épidémie en tête, à 46 %. Mais ce score est en chute libre, de dix points en une semaine. Les sujets économiques et sociaux, soucis déjà bien réels ou à venir, continuent en revanche à regagner du terrain, pas à pas : le chômage (32 %, + 5 points), les inégalités sociales (30 %, + 3 points), les déficits publics et la dette de l’Etat (27 %, + 2 points).

Erosion des gestes barrières

Le moindre respect des gestes et comportements barrières atteste également d’une crainte du coronavirus en recul. L’érosion touche notamment le respect de la distance à maintenir avec des personnes rencontrées. Ainsi, 84 % des personnes affirment maintenir le mètre recommandé. C’est un recul de 2 points. La proportion de ceux qui évitent les regroupements est également en baisse (84 %, – 3 points).

Conséquence de ce relâchement, qui va avec la reprise de la vie professionnelle et de la vie sociale : le nombre de personnes croisées dans de mauvaises conditions continue de croître. Il s’élève à 11,3 lors des dernières vingt-quatre heures pour les Français sortis de chez eux. Il était de 4,2 lors de la période du 7 au 14 avril, de 6,6 du 6 au 11 mai, de 8,5 du 26 au 31 mai. La hausse est rapide et continue.

Les Français semblent conscients de leur propre relâchement – ou au moins de celui des autres –, et pour l’instant n’en accablent personne. Si, dans les prochaines semaines, une deuxième vague de l’épidémie de Covid-19 survenait, ils considèrent à 78 % que ceux qui ne respectent pas les consignes en seraient les principaux responsables. Le gouvernement arrive loin derrière (14 %) et les entreprises ou services publics encore plus loin (6 %).

Cette tendance au relâchement de la population va de pair avec un optimisme sanitaire retrouvé pour les prochaines semaines. Seuls 17 % des sondés estiment qu’une deuxième vague de l’épidémie est inéluctable. La majorité (63 %) pensent qu’il y aura en France des zones où l’épidémie reprendra mais qu’elle sera maîtrisée. Enfin, 20 % considèrent que l’on peut sonner le glas du Covid-19. Cette enquête a cependant été bouclée avant que ne soient annoncées, par exemple, de nouvelles mesures de confinement en Chine.