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Publié le juillet dans La Croix
« Après des mois de discussions et après les retours du public, d’experts extérieurs et de nos propres équipes, nous élargissons nos règles contre le contenu haineux, pour inclure les paroles qui déshumanisent les personnes sur la base de leur religion. »
Publiée sur son blog en plein été, cette annonce de Twitter datée du mardi 9 juillet n’est pas franchement tonitruante. Elle est pourtant significative, manifestant la volonté de ce réseau social de se défaire de son image trop permissive, alors qu’il se voit régulièrement accusé de ne pas en faire assez pour lutter contre la haine 2.0.
Le groupe dirigé par Jack Dorsey s’est déjà doté de règles claires en ce qui concerne les tweets appelant à la violence contre un individu ou une communauté, glorifiant le terrorisme ou harcelant une personne. Des mesures ont aussi été prises contre les messages de responsables politiques incitant à la violence ou à la haine, une disposition ciblant vraisemblablement les tweets frénétiques de Donald Trump.
Cette fois, donc, ce sont les croyances et appartenances religieuses de ses abonnés que Twitter entend protéger. « Rats dégoûtants », « vers » ou encore « animaux crasseux » pour désigner des groupes religieux : on imagine aisément que les exemples choisis par le réseau social dans son communiqué pour illustrer ce besoin de protection sont inspirés du réel.
« À partir de ce jour, nous exigerons le retrait de tweets comme ceux-ci quand ils nous seront signalés. » Le réseau social souligne que même les tweets publiés avant le 9 juillet seront supprimés, mais sans être assortis d’une suspension de compte. Faut-il en conclure que les tweets publiés après le durcissement des règles conduiront, eux, à la suspension du compte de leur auteur ? Ce n’est pas précisé dans le communiqué.
Twitter précise en tout cas avoir mis en place une formation « longue et en profondeur » pour s’assurer que ses équipes sont bien informées des nouvelles règles au moment de faire un signalement.
Avant de procéder à ce durcissement, Twitter semble avoir pris le temps de la réflexion. L’an dernier, ses équipes ont sollicité les internautes : 8 000 d’entre eux ont répondu, vivant dans une trentaine de pays. De cette consultation en ligne, il est ressorti que les utilisateurs attendent une certaine clarté concernant les règles nouvellement instaurées par leur réseau social : notamment des explications pour savoir quand et comment le contexte sera pris en compte.
Twitter envisage en effet, avant de se prononcer sur la gravité d’un tweet au contenu jugé haineux, de prendre en considération le fait que le groupe visé a pu être marginalisé au cours de l’Histoire, ou être la cible d’attaques dans le monde à l’heure actuelle.
Cette décision a été rendue publique le même jour que le vote par les députés français de la proposition de loi Avia, qui entend lutter contre la prolifération de propos haineux sur Internet. Son auteure, la députée LREM Laetitia Avia, déplore l’« impunité » qui règne sur la Toile et entend donc responsabiliser les réseaux sociaux et autres plates-formes numériques.