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Publié le 22 août dans Le Monde
La Poste mettra en vente générale, le lundi 26 août, un timbre à 1,30 euro – le tarif lettre jusqu’à 20 grammes pour l’international –, pour le 75e anniversaire de la libération de Paris. Guerre encore, mais de 1939-1945 cette fois, après un timbre paru en juillet à l’occasion du centenaire de la remise de la Légion d’honneur et de la croix de guerre à la ville de Reims,
Dans la capitale, l’insurrection éclate le 19 août, après un appel à la mobilisation générale du colonel Rol-Tanguy, deux mois et demi après le débarquement et la bataille de Normandie.
Le 24, les premiers chars de la 2e DB atteignent l’Hôtel de Ville, le général Leclerc arrivant à Paris le lendemain.
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Le 25 août, von Choltitz, gouverneur militaire de Paris occupé, signe l’acte de reddition à la Préfecture de police occupée depuis le 19. Le général de Gaulle rejoint l’Hôtel de Ville où il proclame : « Paris ! Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! mais Paris libéré ! libéré par lui-même, libéré par son peuple avec le concours des armées de la France, avec l’appui et le concours de la France tout entière, de la France qui se bat, de la seule France, de la vraie France, de la France éternelle. »
Le 26 août, la foule acclame le défilé de la victoire mené par de Gaulle, accompagné des généraux Koenig et Leclerc, des Champs-Élysées à Notre-Dame.
Les timbres sur la libération de Paris ne manquent pas, émis par la France, par ses anciennes colonies et ses territoires d’outre-mer et par des administrations postales du monde entier, à l’effigie de Leclerc, Koenig, de Gaulle bien sûr… Rol-Tanguy manquant curieusement à l’appel.
Une profusion que regrettent les historiens Alain Croix et Didier Guyvarc’h, auteurs de l’excellent Timbres en guerre. Les mémoires des deux conflits mondiaux (Presses universitaires de Rennes, 2016) : « Quel crédit, quel effet de mémoire accorder aux 85 timbres sur cette guerre émis aux Maldives entre 1990 et 2004, à côté de trois séries consacrées au 60e anniversaire de Dingo [personnage de Walt Disney]? »…
Le premier timbre français légendé « Libération » est paru le 16 janvier 1945, suivi le 16 mai d’une vignette sur la libération de l’Alsace-Lorraine.
Cette première parution, allégorique, marque une rupture avec les représentations philatéliques de Pétain sous le régime de Vichy. Alain Croix et Didier Guyvarc’h expliquent ce choix et « le rejet des projets de timbres consacrés à la libération de Paris, dans la mesure où tous les projets représentaient le général de Gaulle. Le choix d’un timbre symbolique est particulièrement fort dans le contexte d’alors, d’autant que le choix du tarif voue ce timbre au courrier à destination de l’extérieur ».
Les catalogues répertorient également des « timbres de la Libération », des timbres d’usage courant de l’époque, à l’effigie de Pétain par exemple, surchargés localement de la mention « R.F. », ou d’une croix de Lorraine, ou encore d’une date accompagnée d’un nom de lieu et du sigle « FFI ».
« Pendant l’interruption du service postal, entre le 19 et le 26 août 1944, précise le catalogue annuel Yvert et Tellier de cotation des timbres de France, les services FFI de la région parisienne ont utilisé pour leur service personnel intérieur des enveloppes sur lesquelles était apposé un timbre de 1,50 franc (Maréchal Pétain) surchargé d’une croix de Lorraine et une vignette bleue à l’effigie du général de Gaulle ». Ces enveloppes sont cotées une vingtaine d’euros.
Un timbre de 1974 célèbre l’Ordre de la libération et les villes Compagnon de la Libération, dont Paris (le 24 mars 1945). Une profusion synonyme de popularité du thème dont les passionnés peuvent se retrouver au sein de l’Association des collectionneurs de timbres de la Libération et de la seconde guerre mondiale (ACTL).
Le timbre, créé par Sylvie Patte et Tanguy Besset, qui raconte une histoire en trois « épisodes », représente un véhicule blindé et l’Arc de Triomphe d’où est parti le défilé du 26, un soldat félicité par deux Parisiennes et une foule en liesse. Imprimé en héliogravure en feuilles de quarante, il est tiré à 600 000 exemplaires.
Est en outre diffusé un souvenir philatélique, sous la forme d’un feuillet gommé reprenant le motif du timbre, inséré dans une carte pliée en deux, le tout vendu 4 euros et tiré à 30 000 exemplaires.