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Publié le 2 juin dans L'Express
La goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Aux Etats-Unis, la mort de George Floyd, un Afro-américain étouffé sous le genou d'un policier Blanc, dont les images insoutenables ont fait le tour du monde, a exacerbé un mal bien plus profond dans le pays. Les violences policières en tête, marquées par des épisodes passés sous silence par la justice, montrent que le racisme est plus que jamais présent. Il révèle aussi les inégalités entre les Américains. La Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Michelle Bachelet, a déclaré ce mardi que l'affaire George Floyd mettait en évidence les "discriminations raciales endémiques" aux Etats-Unis. L'Express revient en chiffres sur l'ampleur du phénomène.
Les Afro-américains ont 2,5 fois plus de chance que les Blancs d'être tués par la police
Une étude publiée en 2019 se base sur les chiffres compilés par Fatal Encounters, un consortium de journalistes, et ceux du National Vital Statistics System, qui collecte annuellement toutes les données sur la mortalité aux Etats-Unis. Les Afro-américains constitueraient la population la plus à risque, les chercheurs estimant que 1 sur 1 000 d'entre eux mourra à cause de violences policières.
Les hommes noirs ont 2,5 fois plus de chance que les blancs d'être tués par la police. Chez les femmes, ce taux est de 1,4. Les Amérindiens ont approximativement 1,5 fois plus de chance d'être tués par les forces de l'ordre que les Blancs (1,6 fois plus pour les Amérindiennes). La probabilité pour les hommes d'origine hispanique est 1,4 fois plus grande. En revanche, les femmes hispaniques ont légèrement moins de chance d'être tuées par des policiers que les blanches. Les personnes originaires d'Asie et d'Océanie présentent le risque le plus faible.
Les États-Unis ont enregistré en 2019 un nombre record d'actes antisémites, et la communauté juive redoute une nouvelle montée des extrémismes avec la pandémie de Covid-19 en 2020. Les chiffres annuels présentés mardi 12 mai par l'Anti-Defamation League (ADL) traduisent le plus haut niveau d'actes antisémites enregistré depuis 1979, selon l'organisation de lutte contre le racisme et l'antisémitisme, qui procède à ce décompte depuis 40 ans.
Au total, 2107 actes d'agression, de harcèlement et de vandalisme ont été enregistrés en 2019, selon l'ADL, éclipsant le précédent record établi en 2017, où 1 986 actes antisémites avaient été enregistrés. En 2019, les agressions physiques contre des juifs, déjà en hausse en 2018, ont encore bondi, à 61 contre 39 un an plus tôt, faisant cinq morts.
5 600 expériences de racisme en deux semaines pour 101 adolescents Afro-américains
Dans une étude relayée en début d'année par le New York Times, des chercheurs de la Rutgers University ont interrogé 101 adolescents Afro-américains sur leur rapport avec le racisme sur une période donnée de deux semaines. Les participants ont rapporté 5 600 expériences de racisme en deux semaines, soit l'équivalent de cinq actes racistes par jour et par adolescent.
Les auteurs de l'étude estiment avoir été les premiers à inclure dans le questionnaire 58 préjugés raciaux. Ils ont également demandé aux participants de les enregistrer pour ne pas les oublier. Des éléments indispensables selon eux pour obtenir un résultat précis pour leur étude.
Un taux de 30 Afro-américains tués par la police pour un million d'Afro-américains
En 2015, le Washington Post a commencé à recenser toutes les personnes tuées par la police. Au total, plus de 5 000 décès ont été comptabilisés. Depuis le début de l'année 2020, 422 personnes ont été tuées par la police. D'après les données du Washington Post, les Afro-Américains ont plus de chance d'être tués que les américains Blancs. Les Afro-Américains représentent environ 13% de la population américaine. Mais depuis 2015, la police a tué 1 262 Afro-américains, soit un taux de 30 pour un million.
Si le nombre de Blancs tués par la police est plus élevé avec 2 412 personnes tuées, le taux est en revanche bien plus faible à 12 pour un million. Le taux est également très élevé pour les Hispano-américains. 887 d'entre eux ont été tués par la police depuis le début du recensement, soit un taux de 23 pour un million.
Seuls 3 Afro-américains à la tête des 500 plus grosses sociétés américaines
D'après un rapport de 2019 du Boston Consulting Group, seuls trois Afro-Américains et vingt-quatre femmes sont à la tête des 500 plus grosses sociétés américaines par revenus. Ken Frazier, le PDG du laboratoire pharmaceutique Merck, lui, y voit des "platitudes".
Seul Afro-Américain à diriger une des trente entreprises de l'indice Dow Jones, il plaide pour des initiatives pratiques visant à l'insertion professionnelle des minorités qui occupent le plus souvent les emplois subalternes : magasiniers, caissières, préposés au ménage, éboueurs, livreurs etc.
Le revenu moyen des Afro-américains presque deux fois moins élevé que celui des Blancs américains
D'après le think tank progressiste Economic Policy Institute, le revenu moyen des ménages blancs était en 2018 de 70 642 dollars contre 41 692 pour les ménages noirs. En février, avant la pandémie, le taux de chômage était de 5,8% pour les personnes noires et de 3,1% seulement chez les Blancs.
1 501 Afro-américains emprisonnés pour 100 000 Afro-américains adultes en 2018
Selon les données du Pew Research Center, il y avait en 2018 1 501 Afro-américains emprisonnés pour 100 000 Afro-américains. Ce taux a pourtant lourdement chuté depuis 2006. Il était alors de 2 261 détenus Afro-américains pour 100 000 Afro-américains adultes.
A titre de comparaison, le taux pour les Hispano-américains est de 797 pour 100 000 et de 268 pour 100 000 pour les Blancs. Les Afro-américains représentent 33% de la population carcérale aux Etats-Unis, alors qu'ils ne représentent qu'environ 13% de la population américaine. 30% des prisonniers américains sont Blancs.
81% des Afro-américains considèrent que le racisme est un problème majeur aux Etats-Unis
Depuis l'élection de Barack Obama et sa première année à la tête des Etats-Unis en 2009, la part des personnes considérant le racisme comme un problème majeur aux Etats-Unis a augmenté au sein de toutes les communautés, selon le Pew Research Center. Et c'est particulièrement vrai pour les Afro-américains.
En 2017, ils étaient 81% des Afro-américains à considérer le racisme comme un problème majeur dans le pays, soit une augmentation de 44% en huit ans. Seuls 52% des Blancs estiment que le racisme est un problème majeur, mais ce taux a tout de même augmenté de 22% depuis 2009.