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Publié le 12 janvier dans LCI
Les géants américains de la Tech barrent la route, l’un après l’autre, au président américain Donald Trump et à ses partisans les plus extrémistes, comme ceux se déclarant de la mouvance QAnon, dont Twitter a annoncé ce mardi la suppression de plus de 70.000 comptes. Assez confidentiel jusqu'à présent, le réseau social Gab offre aujourd’hui une terre d’asile à ces exilés, tout en profitant de la débandade de son grand rival Parler - après le retrait d'Amazon, qui l'a expulsé d'Internet en coupant l'accès à ses serveurs en raison de la persistance de messages d'incitation à la violence après l'assaut du Capitole, à Washington le 6 janvier dernier.
Profitant de l'éviction de Donald Trump des réseaux sociaux mainstream, Facebook et Twitter en tête, la plateforme s'offre un coup de projecteur inespéré et fait le plein de nouveaux membres depuis une semaine. Environ "600.000 à 700.000" internautes s'inscrivent actuellement chaque jour sur le réseau social Gab, a indiqué Andrew Torba, co-fondateur et directeur général de l’entreprise, dans une vidéo postée lundi... sur Twitter. "C'est notre heure", s'est réjoui le texan de 30 ans dans une autre vidéo postée vendredi sur Twitter. "C'est notre tour de briller", a-t-il encore lancé.
Le réseau social attirait surtout à ses débuts des franges ultraconservatrices, voire d’extrême droite. Mais elle accueille maintenant des voix républicaines plus traditionnelles. Gab dit avoir enregistré plus de 40 millions de visiteurs uniques la semaine dernière. C’est quatre fois plus que son trafic total de décembre, selon le site SimilarWeb. Le réseau social affirme par ailleurs être en contact avec l'entourage de Donald Trump en vue de lui ouvrir un véritable compte sur Gab. Il n'y a pour l'instant qu'un compte qui reprenait ses messages existants sur Twitter, fort d'1,1 million d'abonnés. Il fonctionne grosso modo comme Twitter Sur la page d'accueil, le message adressé aux utilisateurs parle de lui-même : "Bienvenue sur Gab, un réseau social qui encourage la liberté d'expression, les libertés individuelles et le flux libre de l'information en ligne". Autre signe distinctif, bien que la plateforme assure n’avoir aucune étiquette politique, son logo représentant une grenouille verte ressemble clairement à Pepe the Frog, une mascotte populaire de l'alt-right (la droite alternative) américaine et de la mouvance suprémaciste, qui prônent tous deux la supériorité de la "race blanche". Fondé le 25 août 2016, en pleine campagne présidentielle américaine, Gab, qui signifie "bavardage" en anglais, est une plateforme dérivée du réseau social libre Mastodon. Il fonctionne un peu comme Twitter, avec des profils à suivre et des "gabs" au lieu de tweet. L’année suivante, le site lance une offre premium, Gab Pro, à 5,99 dollars par mois, qui donne accès, entre autres, à des tchats privés où les messages s'effacent au bout de 24 heures, ainsi qu'à la GabTV, un service de streaming de vidéos reprenant le principe de feu Périscope, alimenté par "des contenus libérés de la censure". Car sur Gab, pas de restriction ni d’équipe de modération, mais un slogan : "La liberté de parole en premier !".