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Elle rappelait toutefois le devoir de l’opprimé de distinguer entre civils et personnes armées, entre enfants et forces de l’ordre. Cet article est paru le lendemain de la condamnation pour meurtre par un tribunal israélien du Palestinien qui avait jeté en septembre 2011 deux pierres sur la voiture dans laquelle circulait la famille Palmer, de la colonie de Kiryat Arba (près d’Hébron), tuant le père et son bébé d’un an. Mesure rarissime, le Conseil des colons de la Judée-Samarie a porté plainte auprès de la police contre Haaretz et la journaliste pour incitation à violence, alors que le « Forum juridique pour la Terre d’Israël » s’est adressé au conseiller juridique du gouvernement pour que celui-ci ouvre une enquête contre le journal. Cette affaire a suscité une vive polémique dans les médias israéliens autour des limites de la liberté de la parole et la question des outils légitimes d’une résistance à une occupation.
Voici un exemple de réaction :
La syntaxe de l’incitation, par Erel Segal - Maariv
Le site internet de la Caisse d’assurance nationale possède une rubrique consacrée à la mémoire des victimes du conflit. Lorsque je me connecte sur la page, je vois ces quelques mots laconiques dédiés à l’une de ces victimes : « Yonatan Palmer […] tué lors d’une attaque le […] 23 septembre 2011 » […] À côté du texte se trouve une petite photographie du disparu. Avec une tétine. La légende en dessous indique : « un an ».
Pour rappel, Wael Al-Araje, un membre des forces de sécurité palestiniennes, avait jeté une pierre […] sur le véhicule conduit par Asher Palmer, le père de Yonatan, et causé la mort du père et de son fils. Or un meurtre est un meurtre, à moins que l’on ne parle du bébé d’un colon.
Parce que pour la journaliste du Haaretz, Amira Hass, Yonatan Palmer était une cible légitime. […]
La liberté de pensée et la liberté d’expression sont le fondement moral qui permet aux auteurs comme Gideon Levy et Amira Hass de répandre leurs opinions antisionistes parmi leurs lecteurs.
Mais la ligne rouge des comportements illégaux sépare la liberté d'expression et la liberté d’inciter au racisme et au meurtre d'enfants.
Jeter des pierres blesse et tue, et il n'y a pas à disserter davantage avec cette syntaxe et cette grammaire.
Une personne qui jette une pierre sur une voiture a l'intention de tuer les personnes à l'intérieur de cette voiture […]
Il y a de bonnes raisons d'être troublé et dérangé par Haaretz.
Comment un journal, qui prétend être le garant des droits de l'homme et du respect de la vie humaine [...] ose-t-il publier un article qui autorise à tuer des hommes, des femmes et des enfants?
Est-ce que l'occupation est la seule et unique chose à laquelle tout se rapporte toujours?
Est-ce que la résistance à l'occupation et l'aspiration à l'indépendance piétinent toutes les autres valeurs morales, incluant le « Tu ne tueras pas »?
N'y a-t-il plus de hiérarchie éthique? La valeur d'une vie, par exemple, avant la liberté politique? [...]
Source : revue de presse hebdomadaire de l'ambassade de France en Israël, semaine du 1 au 5 avril 2013.
Les victimes tuées par des jets de pierres palestiniens :
29 janvier 1983: Esther Ohana (21 ans)
24 février 1989: Benny Meisner (25 ans)
6 octobre 2000: Jean Bachor (54 ans)
7 mai 2001: Koby Mandell (13 ans) et Yosef Ishran (14 ans)
2 juin 2001: Yehuda Haim Shoham (un bébé âgé de 5 mois)
23 septembre 2011: Asher Palmer (25 ans) et son bébé Jonathan (âgé de 12 mois)