- English
- Français
Sauf que:
Les synagogues sont les seuls lieux de cultes qui « bénéficient » d’une protection particulière. Pas de policiers devants les églises, les mosquées ou les temples.
Les écoles juives qui, comme à l’école Otzar Hatora de Toulouse, accueillent des enfants de la maternelle au lycée, sont protégées comme s’il s’agissait de prisons avec des gardes, des caméras, des sas pour l’accueil des élèves. Il n’a pas de mesures sécuritaires de ce type dans les établissements scolaires privés catholiques ou musulmans.
Il est bizarrement établi comme une banale évidence depuis de nombreux siècles que les juifs ont « besoin » d’une protection particulière pour vivre tranquillement au milieu des non-juifs. C’était déjà le cas au Moyen-âge en terre chrétienne ou musulmane. Les juifs vécurent au travers des siècles sous la protection du Roi, du seigneur local, du pape, de l’église ou du Cheikh.
Depuis que la haine du juif n’est plus enseignée, légitimée, expliquée, comme ce fut le cas pendant des siècles par l’éducation religieuse chrétienne, depuis que le peuple juif n’est plus collectivement responsable de la mort du Christ, le passage à l’acte dans les pays occidentaux n’est pratiquement plus le fait de chrétiens. Depuis la Shoah, cette maladie qu’est l’antisémitisme ne trouve plus dans la chrétienté l’accueil du passé, ni l’écho qui fit tant de dégâts.
Oui, mais:
Il reste quelques détraqués névrotiques qui ne se revendiquent plus du christianisme mais qui continuent de véhiculer la moisissure que produisent leurs cerveaux malades. Ils ont choisi de répandre la maladie vers d’autres populations.
Depuis quelques années la judéophobie est une pathologie en pleine mutation et l’antisionisme est devenu son meilleur véhicule.
Dans l’absolu, il est évident qu’on peut être antisioniste sans être antisémite. Ne pas reconnaître aux Juifs le droit d’avoir un Etat peut être une idée « défendable » dés lors par exemple qu’on est internationaliste et qu’on s’oppose à tout nationalisme. On peut également imaginer que d’aucun considérant le judaïsme comme une religion, pourrait alors s’opposer à un nationalisme juif qu’il identifierait à un nationalisme religieux. D’autres théories existent pour expliquer à force de fantasmes ou d’arguments fumeux que le sionisme n’est pas légitime.
Qu’importe :
La propagande antisioniste n’argumente jamais, elle caricature à dessein et vomit des invectives. Loin de la discussion, reprenant les thèses complotistes, elle stigmatise les sionistes qui sont partout, unis, conspirant pour dominer le restant de l’humanité grâce à la finance, les media, bénéficiant du soutien des populations juives de diaspora pour répandre leur domination sur l’humanité.
Cette dialectique qui reprend les clichés qui firent les beaux pogroms du passé : Le voleur, le pervers, le dominateur à tous prix, l’empêcheur de dévoiler ou de suivre la vraie religion, le responsable des crises subies par les populaces, le soudoyé, le cupide, l’avare, le sans foi ni loi, c’est Israël ou le sioniste, comme c’était le Juif.
Ces thèses conspirationnistes n’auraient qu’un impact limité si elles n’étaient accompagnées d’une propagande tendant à délégitimer Israël. C’est ainsi que le palestinisme est né. Alors que le conflit était israélo-arabe, le Palestinien, de préférence réfugié, serait la preuve vivante de l’usurpation des terres arabes par les sionistes. Faire comme si ce conflit identitaire était un conflit territorial.
Cette propagande, qui a étiqueté le palestinien comme l’exploité ou le colonisé et le sioniste comme l’exploiteur ou le colon, a trouvé dans la gauche et l’extrême gauche un allié de poids. Faisant croire qu’Israël serait un ersatz du colonialisme occidental.
Ceux qui délégitiment Israël ont compris aussi tout le bénéfice qu’ils pouvaient tirer en juxtaposant le sionisme et le nazisme. C’est ainsi qu’on retrouve dans la terminologie utilisée ; les résistants, les occupants, le nettoyage ethnique, les camps à ciel ouvert. On comprend mieux pourquoi en 2012 la pathologie antisémite se développe auprès des populations arabo –musulmanes. Les mêmes méthodes dégueulasses véhiculées par un antisionisme-palestiniste contaminent dangereusement le monde musulman.
Toute cette mécanique, diaboliquement efficace, est confortée par un islam radical qui trouve dans l’antisionisme un vecteur de djihad capable de lever les foules et la rue arabe. Comment ne pas comprendre tout le bénéfice tiré par les Ayatollahs iraniens, ou les frères musulmans sunnites dans l’exacerbation de la haine contre les sionistes. Le leadership de la nation arabe passe par l’antisionisme.
La cerise sur le gâteau de la propagande antisioniste, est représentée par les contributions de juifs qui, conscients ou pas, sont manipulés et utilisés pour garantir par leurs seules présences que finalement l’antisionisme ne serait pas de l’antisémitisme.
Alors que faire:
En France, la classe politique unanime s’émeut chaque fois que des actes antisémites sont perpétrés.
L’arsenal juridique français pour lutter contre l’antisémitisme ou le racisme est l’un des plus sécuritaires. Il est donc inutile de le renforcer. Il est indispensable que l’Etat continue de traquer, juger et condamner les malades qui passent à l’acte.
Mais tout ça n’est pas suffisant, puisque c’est s’attaquer aux causes du mal et non aux racines.
Jusqu’à quand, et jusqu’à quel point pourrons-nous protéger les juifs de France contre des dérives ?
Comment et pourquoi accepter que les Français Juifs soient les tristes bénéficiaires d’une « super protection » citoyenne. Ne serait-ce pas alors une stigmatisation ainsi qu’une ghettoïsation de facto du judaïsme français ?
Ne pas démonter l’idéologie mensongère et pernicieuse de cette nouvelle judéophobie revient à prendre le risque que la pathologie antisémite se répande et se déchaîne bien plus.
C’est de la responsabilité des leaders communautaires que de réfléchir avec toutes les composantes de la communauté pour trouver des solutions qui mettent un frein au développement de cette pathologie.
Et si ce climat d’insécurité ressenti par les juifs de France se confortait, il arriverait le temps où beaucoup préfèreront quitter leur pays pour se rendre vers des cieux plus cléments plutôt que de prendre des risques pour la sécurité de leurs enfants.